Mes yeux se ferment devant cette étendue de glace. Je suis habillé tout de noir, la tête penchée en avant, comme avant un concert passablement stressant. La seule différence est qu'ici et maintenant, il n'y a personne pour me voir, m'écouter, me juger. Je me redresse devant ces spectateurs fantômes et souris au paysage immaculé. Tout ce que je vais faire, ici et tout de suite, c'est pour moi et uniquement pour moi. Ce matin, je me suis donc bien habillé, avec soin, même si j'ai actuellement un peu froid. Peu importe, une couverture m'attend bien sagement sur la berge de glace. Je porte mon violon dans le creux de mon épaule, prend une grande inspiration, et commence à faire glisser l'archet au même rythme que mes patins glissent sur le lac...
... Le lac des cygnes...
J'oublie alors tout en cet instant, profitant du frisson d'émotion qui me frappe aussi durement que le frisson de froid. J'ai l'air d'un fou, sans doute que je le suis un peu. Cet instrument n'est pas celui que j'utilise habituellement lors de mes déplacements. C'est une pièce unique, d'une valeur pécuniaire vraiment très élevée, et d'une valeur sentimentale incomparable. Je ne le sors que rarement et je n'ai que très rarement l'occasion d'écouter sa limpidité, sa musicalité, la profondeur de ses notes. Peu de gens en ont déjà joué, encore moins en possèdent. Je suis un privilégié, je le sais, et aujourd'hui, j'engrange toute la valeur de ce privilège en lui offrant un écrin digne de ses sons limpides. Le lac chante au rythme de mes pas, et réverbère la musique de partout, comme il reflète la lumière de ce début de matinée. Mon souffle se fait vapeur d'eau qui s'échappe de mes lèvres à mesure de mes mouvements.
Ai-je peur de tomber ? Sincèrement, je n'y pense même pas. Je veux juste profiter, ne plus craindre, ne plus surprotéger les maigres possessions que j'aie. Je veux vivre, vibrer avec mes cordes, me laisser glisser sur la glace. Mes yeux se ferment à nouveaux alors que j'atteins une certaine vitesse autant dans mes bras que dans mes jambes. Je suis fou, oui, sans doute, mais un fou heureux en cet instant.
Quelque chose me fait ouvrir les yeux et m'arrêter brusquement. Devant moi, il y a une ombre, un oiseau noir d'une taille impressionnante. Très tranquillement, comme pour ne pas lui faire peur, je reprends ma musique. Je ne distingue que vaguement sa silhouette cachée sous la frondaison des arbres. Une oie ? Un gros canard ? Un cygne ? Je souris, laissant s'échapper une volute de fumée dans un rire silencieux. Ce serait d'une incroyable coïncidence. Je me demande jusqu'où ma musique peut s'élever, avec tant de réverbérations.
Tranquillement, comme le ferait quelqu'un qui souhaite apaiser une bête sauvage, je finis mes basses sur un murmure grave. Puis, d'un geste lent, j'écarte l'archet de mon violon, et m'incline devant cette étrange et sombre apparition.
Une après midi calme et claire. Les températures étaient glacées, mais il était tout de même agréable de se promener au dehors et le Potier profitait d'un creux dans sa journée pour se consacrer à sa petite soeur. Swan était toujours coincée.. S'il avait plusieurs fois aperçu des signes pouvant être encourageant.. La crainte qu'elle ne les quitte définitivement se faisait chaque jour plus pressante.
Il en parlait avec leur oncle évidemment. Et les deux hommes ne s'en dissimulaient pas, parlant franchement de tout et de rien, s'interrogeant sur ce qui avait pu mener à un tel blocage et se faisant des comptes rendus des derniers efforts pour lui faire retrouver le chemin la ramenant à eux.
En vain pour le moment.
Mais pour cette paire d'heures, Benedict avait décidé d'aller se dégourdir les jambes et s'était mis en route, suivi de près par le cygne sombre qui ne le quittait jamais vraiment. C'était un point positif, sans doute.. Mais il désespérait de trouver le bon moyen.. Alors il profitait de ces promenades, parlant à sa soeur, lui décrivant les environs, les traces d'animaux qu'ils croisaient en posant des questions auxquelles elle ne pouvait évidemment pas lui répondre en l'état.. Mais si elle pouvait y réfléchir...
Bref. Tous les moyens étaient bons à prendre pour stimuler sa part d'humanité. Consciente ou non. C'était étrange de la voir ainsi, de sentir son aura si faible... Même le sommeil ne parvenait pas à briser ce carcan de plumes qui la maintenaient ainsi. Prison? Bouclier? Pour l'aîné, c'était plutôt une protection contre ce qui avait pu lui faire du mal. Simple témoin ou victime d'une agression, il ne le savait pas vraiment.. Et ses contacts en ville étaient limités. Parler aux forces de l'ordre, il y avait certes songé.. Mais humains et animorphes ne se mélangeaient guère, secret oblige pour se préserver.. Alors que faire si ce n'est être aux petits soins pour sa petite soeur qui avait besoin d'aide plus que jamais auparavant?
Tout en cheminant, il tend l'oreille, capte une mélodie, un air bien connu.. Et jetant un oeil à la belle cygne, il s'en approche, se guidant à son ouïe. Et demeurant dans la discrétion des arbres bordant un lac gelé il voit un homme tout de noir vétu qui joue du violon en patinant. Belle performance.
Swan s'avance doucement et Benedict la laisse aller seule. Il a reconnu le musicien, c'est le Père Rafael qui l'avait aidé avec les orties et qui lui dit encore aujourd'hui de ne pas besser les bras. Elle leur reviendra. Le Potier se tait en observant la scène, et quand le Prêtre salue à la fin de son morceau, Swan se dresse devant lui en écartant largement ses ailes puis incline son long cou, lui renvoyant un salut gracieux..
Ben ne dit mot, observant. S'il intervient, Swan risque de prendre peur. Il ne veut pas briser ce qu'il se passe.. L'instant est bien trop solennel, un peu magique, pour qu'il fasse tout capoter... Et alors..
Un craquement retentit.
Sonore, se répercutant sur la glace recouvrant le lac.
Un bruit reconnaissable entre milles autres.
Ce n'est pas la glace qui se fragilise...
C'est..
"-Oh Swan."
Murmure du frère aîné qui farfouille dans son sac pour en sortir une chaude couverture. Il comptait s'en servir pour se préserver de la neige en se posant dans un parc ou au bord du lac.. Mais elle était grande et douce, suffisament pour recouvrir sa soeur qui pour la première fois depuis des mois entamait enfin la lente mutation pour revenir à elle-même, en tant qu'humaine. Le poter s'approche tout en dépliant la couverture et quand il arrive, sa soeur est là, essouflée, pantelante. La transformation ainsi faite a dû être des plus douloureuse... Et son esprit.. Elle risquait d'être encore cygne.
Doucement, ne pas l'effaroucher.
"-Swan? C'est Benedict. Tout va bien petite soeur, tu es en sécurité. Je suis là."
Doucement il étend la couverture pour la déposer sur la jeune femme, la recouvrant autant que possible. Puis enfin jette un regard au Prêtre, ne sachant trop quoi faire..
"-Mon Père. Vous avez réussi là où j'échoue depuis Octobre. Et maintenant.. Savez vous ce qu'il va se passer? Si elle va s'en remettre?
Même si c'était bref.. Il lui semblait que le Prêtre lui avait dit que ça pourrait être long de vraiment la retrouver.. C'était déjà un signe des plus positifs. Elle était là, et si la transformation s'était faite ainsi, elle pourrait recommencer, se rappeler de ce qu'il fallait faire..
"-Désolé de vous avoir dérangé.. Mais merci pour cette victoire inattendue..
Le Potier a posé un genou au sol près de sa soeur et doucement, tendrement, il passe ses doigts dans les boucles brunes pour dégager ses yeux, ramenant une mèche derrière l'oreille de Swan. Il la sent animal plus qu'humaine.
"-Swan, nous ignorons ce qui t'a mis dans cet état. Quelqu'un t'a-t-il fait du mal? Tu n'as plus rien à craindre.. Tu nous manque énormément, à oncle Lucian et moi... Je t'aime soeurette. Cygne ou humaine, je t'aimerais toujours et veillerais sur tes jours et tes nuits. Je t'ai promis d'être ton homme lige tu te souviens? Quiconque te voudras du mal devra en répondre. Reste avec moi petite soeur, je t'en prie.
Un serment renouvelé. D'un frère sachant sa soeur malheureuse voulant lui redonner courage. Ces mots d'enfants sont toujours aussi vrai. Et Benedict ne lâchera rien. Hors de question de perdre Swan. Mais l'entendait-elle, au moins? Pouvait-elle parler? Rien n'était moins sûr. Mais elle ne fuyait pas son contact, c'était déjà un petit réconfort.
Pseudo : GeminiFaceclaim : Henry CavillCrédits : OphMulticompte(s) : Kamala & Ismael & Maïween & Elaïa & Eric & Larissa & ThomasDate de naissance : 31/10/1983 Age : 40Âme soeur :
Je la recherche
Statut civil : CéliibataireMarque : le long de sa ligne de coeur, paume de la main gauche.Animal : Grenouille Taureau AfricaineGif : Occupation(s) : Maître potier // Garde d'enfant (et récemment famille d'accueil)
...
perseverare diabolicum
Je ne sais pas pourquoi la glace se met à chanter ainsi, alors que nous nous étions salués, cette magnifique bête, et moi. Je l'ai prise pour une animorphe de par son comportement, avant même d'avoir senti son aura. À présent, je sais qui elle est. Swan, la petite sœur de Ben, celle qui est coincée en forme animale depuis des mois. Je me penche et, doucement, pose mon instrument sur la glace. Voilà la sublime créature qui se tord de douleur devant moi. Je n'entends pas ses cris, je n'entends que ses os qui craquent. Je m'approche d'une glissade, prêt à aider, et je m'arrête immédiatement quand je vois, une volée de plumes noires plus tard, une jeune femme allongée sur la glace. J'approche la main, elle tremble, elle aussi. J'avale ma salive et repars dans l'autre sens. Je n'ai jamais patiné aussi vite de ma vie. Arrivé sur le bord du lac, je saute, mes patins s'enfoncent dans la neige et cela donne une sensation étrange à ma course. Quelques secondes à peine, je suis de retour près de Swan, une couverture blanche dans les bras. Ben est là, près d'elle, et je suis infiniment soulagé de le voir. Sur le point de m'excuser, il me coupe dans mes pensées et... me remercie...
Je reprends mon souffle et me laisse glisser autour de la jeune femme.
"Je vous en prie. Est-ce que vous pouvez la soulever ? Elle ne devrait pas rester peau à la glace, elle risquerait de se brûler de froid."
Je pose ma couverture près d'elle, pour qu'on puisse la rouler à l'intérieur sans problème. Ben s'agenouille près d'elle et je récupère mon instrument. Il la couvre de questions, mais elle demeure inerte, vivante et humaine, mais son aura d'animorphe est toujours très faible.
"Est-ce que vous pouvez la porter ? Nous devrions aller à la cabane là-bas, pour la protéger du froid. Sa respiration est rapide, elle n'est pas en hypothermie, elle est en état de choc."
Et moi, que puis-je faire ? Je regarde mes mains, impuissante, avant de me remettre à jouer, presque par instinct. Si c'est ce qui la fait revenir, alors cela peu peut-être l'aider à demeurer ainsi. Je repars sur la suite du lac des cygnes, une mélodie moins connue, mais qui fait, elle aussi, partie du concert. Je suis Ben et Swan le long du lac, jusqu'à retrouver mes affaires, mes chaussures, et mon étui.
Patiner et jouer en même temps est un plaisir rare. La glace me répond de son chant étrange et erratique, parfois, et je suis obligé de composer avec. Une fois retourné à mes affaires, je range mon violon, m'excusant silencieusement de l'avoir aussi malmené. Une fois sécurisé, je mets des bottes plus adaptées à la marche dans la neige, et je rejoins le frère et sa sœur dans la petite cabane de bois en espérant qu'elle soit toujours humaine. En entrant, j'allume le poêle.
"C'est sa première transformation en humaine depuis des mois, alors ?"
La femme a ce regard vide d'intelligence humaine, mais vif. Elle me regarde de côté, comme si un bec pouvait la déranger, me mettant au défi d'approcher, ce que je ne vais pas faire. Nous allons juste parler tranquillement.
Je prends place en face du couple, me maintenant volontairement éloigné. Comme je n'ai plus ma musique pour la faire revenir à elle, je me méfie un peu.
"Au fait, vous avez une très jolie voix, Benedict. Vous chantez ?"
Evidemment, que ce ne serait pas sans dommage de la laisser sur la glace même. Ainsi les deux hommes emmitoufflent-ils la jeune femme retrouvée dans leurs deux chaudes couvertures pour lui en faire un cocon. Ainsi cela limiterait les risques d'hypothermie, de brûlures dûes au gel, comme le précise judicieusement le Prêtre. Une cabane? Parfait. Doucement, un bras passant sous les jambes de la demoiselle et l'autre venant s'enrouler autour de ses épaules, Benedict se relève avec sa soeur se laissant faire. Elle halète, il l'entend. En état de choc.. Evidemment. On ne passe pas d'un stade à l'autre après des mois de blocages sans heurt..
D'un pas vif, à grandes enjambées, Benedict traverse le lac gelé pour se diriger vers la cabane en question dans laquelle il dépose Swan qui demeure figée, sur le qui-vive. Alors il s'écarte un peu, voulant lui laisser sa bulle de sécurité alors qu'il aurait voulu la garder entre ses bras. Mais elle n'est plus une enfant. C'est une femme blessée, choquée, qu'il a devant les yeux. S'il lui paraît comme étant étranger, mieux vaut garder une certaine distance pour ne pas l'effaroucher davantage. La mélopée du Prêtre qui jouait de son violon avant de le ranger semble avoir un peu apaisé la jeune femme, comme la canalisant.. La musique donc? C'était à retenir.
"-C'est exact. Je désespérais de la voir reprendre sa forme humaine. Et Lucian et moi ignorons toujours ce qui a causé ses blessures, quand la Fauconnière l'a trouvé et soigné ni ce qui a causé ce blocage.. Quelque chose de traumatisant, sûrement.."
Benedict est aux côtés de sa jeune soeur, assez prêt pour qu'elle se sache en confiance si elle le reconnaissait.. Mais un peu à distance en cas de panique. Mieux valait lui laisser du temps et ne pas la brusquer ou la transformation inverse pourrait survenir à n'importe quel instant ou stimulis... Mais c'était un sacré pas en avant. Raphael vint se placer face à nous, à distance respectueuse lui aussi. Le Potier avait noté la façon que Swan avait d'observer son environnement, comme en étant Cygne. Ce n'était pas encore une partie de gagnée..
"-Oui, et je chante dès que je peux. Des chansons de notre enfance etc. Je suis devenu son tuteur légal à la mort de nos parents, dans un accident. Je vous l'ai sans doute dis durant notre première rencontre. Je l'ai aidé autant que possible à surmonter les épreuves, à commencer par le harcèlement scolaire dont elle a été victime. Mais ça. Ca me fait peur, de ne pas être capable de l'en protéger. Ou qu'elle n'ait pas assez confiance en moi pour se cacher ainsi. Ca me rend fou de ne pas comprendre et d'être ainsi démuni. Quand je suis venu vous voir pour les orties, je suivais à la lettre ce que l'héroïne faisait, et ce sans prononcer le moindre mot jusqu'à la fin de l'ouvrage, ou cela signait l'échec de l'entreprise... J'ai terminé mon essai de tunique, le lui ai passé... Mais ça n'a pas suffit. J'ai même dû recevoir un ou deux coup de bec pour l'avoir osé. Si les contes de son enfance dans lesquels elle puisait sa force ne suffisent pas.. Je ne sais pas."
Il soupire, observant la jeune femme les observant comme soupçonneuse. Non, la partie était encore loin d'être gagnée pour la faire revenir. Il lui faudrait reprendre conscience de son corps de femme, de ses sensations, comme marcher, respirer, parler... La route serait longue, très longue. Et sans doute des rechutes à prévoir. D'autres transformations à craindre.. Elle avait déjà bien souffert... Pourquoi une telle épreuve alors? S'il le pouvait, il prendrait ses tourments sur lui pour l'en décharger et les combattre à sa place..
Pendant que l'aîné parle et décrit ses tentatives infructueuses au Prêtre, il observe sa soeur du coin de l'oeil, à la dérobée. Il capte ainsi le mouvement de ses lèvres, alors qu'elle les observe. Mime t-elle la voix? Mine de rien, il bouge pour mieux se positionner et avoir une vue d'ensemble et reporte son attention sur leur interlocuteur, gardant un oeil sur les efforts de sa soeur.
"- Désolé de vous avoir dérangé dans votre musique, mon Père. Je ne pensais pas que l'on rencontrerait quelqu'un durant notre promenade. Ni que cela aurait un tel effet. Vous semblez avoir un don avec les nôtres. J'ai senti une sorte d'aura apaisante, autour de votre Eglise. Comme si rien ne pouvait arriver aux abords de l'édifice. Rien de fâcheux, en tout cas. Swan est la seule que vous connaissiez à être ainsi coincée?"
Benedict parle d'une voix douce, détachant peut être plus que nécessaire ses mots, sachant que la jeune femme l'observe et analyse sans doute ce qu'il dit et comment il s'y prend. Il nomme chacun, tentant de ce fait de redonner son identité à sa soeur malmenée. Elle est Swan. Sa soeur, et femme ou cygne, cela ne changera jamais. C'est sa petite soeur. Il veillerait sur elle, quoi qu'il arrive, aussi loin que possible.. Sauf ce fameux jour qui le hante encore. Il se tourne directement vers elle, sans la regarder dans les yeux pour ne pas l'inquiéter, mais il s'adresse à elle disctinctement.
"-Swan? Je te présente Raphael, il est Prêtre. Tu te souviens du chevreau noir, à l'Eglise? C'est là-bas que nous l'avons rencontré. Tu peux lui faire confiance. Tu n'as rien à craindre. Tu es en sécurité, avec nous."
Que lui dire... Elle reste vide, devant ses questionnements, il ne veut pas la brusquer au risque de la perdre, ni lui faire peur, si c'est pour qu'elle replonge dans sa forme à plume pour s'en protéger.. Mais alors comment? Que faire ... Pourtant une étincelle d'espoir est toujours présente. Elle continue d'observer l'échange, il remarque qu'elle tente de parler.. Ses cordes vocales peuvent-elles avoir été impactées par cette longue phase en cygne?
"-Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que tu sois en sécurité et que tu surmontes ce que tu traverses, petite soeur. J'ai sans doute failli... Mais plus jamais. C'est promis.
Il tend doucement l'une de ses mains, paume vers le haut, et doucement, tout doucement, il la voit dépliant son bras pour poser le bout de ses doigts dessus. Un pas en avant. Tout petit, délicat.. Mais un pas en avant vers cette connexion dont parlait Rapahel. Benedict veut y croire.
"-Ben?"
Cela tient plutôt d'un croassement rauque, mais cela fait sourire Benedict. La voix revient. Laborieusement.. Mais pour le moment, elle reste humaine, et s'essaie même à prononcer un ou deux mots.. Cette journée est une première victoire.
"-Oui petite soeur. Je suis là. Je le serais toujours."
Le Potier jette un regard au Prêtre.. Il est un peu largué sur la marche à suivre.. C'était vraiment inédit comme situation.
"-Et maintenant, Mon Père.. Savez vous ce que l'on doit faire? Appeler Lucian qu'il lui ramène des vêtements chauds, si son état reste stable?"
Pseudo : GeminiFaceclaim : Henry CavillCrédits : OphMulticompte(s) : Kamala & Ismael & Maïween & Elaïa & Eric & Larissa & ThomasDate de naissance : 31/10/1983 Age : 40Âme soeur :
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Statut civil : CéliibataireMarque : le long de sa ligne de coeur, paume de la main gauche.Animal : Grenouille Taureau AfricaineGif : Occupation(s) : Maître potier // Garde d'enfant (et récemment famille d'accueil)
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perseverare diabolicum
Nous transportons l'humaine cygne noire jusqu'à la cabane qui, si elle n'est pas chaude, a au moins le mérite de nous protéger des courants d'air et de maintenir notre chaleur corporelle. Au passage, je ramasse quelques plumes qu'elle a perdue lors de sa transformation.
"Pour le moment, le plus urgent est de la faire revenir vers nous, lentement, mais sûrement. Il faut qu'elle se réapproprie son corps. Elle peut désormais se voir comme 'de retour' mais elle peut aussi se sentir étrange, voire étrangère de son propre corps… et se révulser."
Je ne me souviens que trop bien de ma propre transformation. Cette horreur que j'ai vécu en plus de la sensation de mourir. Ce vol sauvage d'identité…
"Nous nous occuperons du traumatisme plus tard."
…comme si j'étais impliqué de manière totale dans cette entreprise. Il m'est très compliqué de me détourner de la jeune femme pour me concentrer sur Benedict. Il en veut trop, d'un coup. Il faut qu'il se calme, lui aussi. Son empressement pourrait provoquer la chute de cette avancée. J'ai une sainte horreur de faire cela, mais je suis doué pour le faire. Je le prends par les bras, évite de montrer que cela me coûte, et force mes yeux dans les siens. Une fois le contact établi, je reprends d'une voix posée, entièrement focalisée sur lui et lui seul.
"Aujourd'hui est une victoire, une grande et irréfutable victoire. N'ayez crainte, nous saurons ce qui s'est passé. Ne soyez pas trop gourmand sur la suite des événements."
Une fois que je le sens basculer vers un tempérament plus calme, je le lâche, non sans éprouver un profond soulagement.
"Ce n'est pas grave. Je pensais être seul aussi. Je me laisse très vite surprendre et mon violon a une très grande valeur. Finalement, c'est pour le mieux. Je n'ai pas entendu parler de nouveaux animorphes étant restés coincés…"
Je déteste ce mot… animorphe… Il débute comme 'animosité' et se conclut avec un bruit de bouche tout sauf gracieux. Bien sûr, j'ai déjà entendu des histoires d'adolescents transformés en bête et qui ne seraient jamais revenus chez eux. Mais après avoir parlé à la famille, j'en ai surtout conclu à une fugue.
Avec Benedict, nous nous recentrons sur sa sœur. Il me présente tandis que celle-ci nous regarde de côté. Je peux même voir sa pupille se dilater très rapidement, comme seul un animal en a la capacité. J'ai un sourire au moment où il me présente comme étant le 'détenteur du chevreau noir'. Charly serait fier !
"Vous n'avez pas failli."
Et tout d'un coup, je sursaute. C'est comme si un objet inanimé avait soudainement pris vie. Non seulement son aura se déploie, mais en plus Swan vient de parler. Je crois y déceler le surnom de son frère sans en être certain.
En tout cas, le lien se fait délicatement. Je regarde Benedict dont la volonté s'affole.
"Restez calme. Il faut la ramener dans un endroit qu'elle connaît bien."
Le problème étant qu'elle commence à devenir de plus en plus vive. Si elle sort de son état apathique, elle peut paniquer et se transformer à nouveau. Elle va bien, c'est tout ce qui compte.
"Avez-vous une voiture ? Sinon, effectivement, appelez votre oncle s'il peut être là assez vite."
"-Rester ainsi plusieurs mois sous sa forme animale.. Elle risque de se comporter comme telle, c'est ça? Ne pas me reconnaître.. Ni savoir qui elle est etc? Un genre d'amnésie? Je vois. Il faut envisager les deux options alors.."
Le Prêtre ne cache pas que la situation est précaire. Autant Swan peut en effet être revenu, le blocage la gardant cygne levé par la musique et la magie de l'instant lui insufflant cette volonté ou cet automatisme.. Autant elle pourrait effectivement faire aussi vite machine arrière et se réfugier d'instinct sous son plumage sombre... Il avait raison. La stabiliser d'abord, puis viendrait ensuite le traitement de fond, s'il y avait besoin. Heureusement que Raphael était là.. Lui gardait la tête froide quand le frère aîné se trouvait désemparé face à cette transformation soudaine. Il l'espérait de tout coeur depuis des mois... Mais à présent, ne savait trop que faire.. Comment la rassurer. Et cela se ressent dans son empressement.
Benedict hoche la tête, inspirant profondément à l'injonction du Prêtre, lui signifiant avoir pris acte de cette recommandation. Puis un sourire d'excuse vient répondre à l'attention de Raphael, alors qu'il tourne son attention vers sa jeune soeur les observant.
"-Merci d'être là. Et vous avez raison. Je n'ai pas averti les forces de l'ordre, au moment de sa découverte. J'ignorais vers qui me tourner. Comment annoncer la disparition de ma soeur.. Puis expliquer ensuite que j'hébergeais un cygne peu commun.. Pourtant elle a été blessée, vraisemblablement assez choquée ou stressée pour se bloquer en tant que Cygne.. Ca, j'en suis certain. Pour le reste.. La seule qui le sache, c'est Swan. Il lui faudra sans doute beaucoup de temps pour oser en parler, si elle l'accepte. Je n'aime pas la savoir ainsi."
Il soupire, et tient à faire des présentations en bonnes et dûes formes. Il souhaite que sa soeur entende leurs voix, puisse identifier le Prêtre, au besoin. Nommer les choses et les individus, c'est une étape importante dans la compréhension. Et Benedict la voit qui remue doucement des lèvres en les regardant. Alors il parle doucement, articulant soigneusement, pour qu'elle se souvienne, peut être... Il ne s'attendait pas à ce qu'elle arrive si vite à prononcer des sons, et cela le surprend, tout en ravivant son espoir de la savoir sauve et revenue à elle, en tant qu'humaine.
"-Je vais l'appeler. Elle est comme un funambule, c'est ça? Elle marche sur une corde fine et périlleuse, et au moindre écart de notre part.. Elle peut rechuter? Heureusement que vous étiez là, mon Père. Sans cela.. Je crois que je l'aurais effrayée plutôt que de la canaliser et la ramener à moi, si j'avais été seul.. Je fais un bien piètre tuteur, si je ne peux la ramener seul..."
Benedict sort son portable de sa poche, contactant leur oncle qui décroche rapidement.
"-Lucian? Peux-tu me rejoindre au Lac gelé, tu trouveras une cabane.. Oui, tout va bien.. Peux tu ramener des affaires de Swan? Une couverture aussi.. Et Batman, qu'elle connait?.. Elle est revenue.. On ignore pour combien de temps.. Mais elle va geler sans rien sur le dos. Il lui faut un environnement familier, qu'elle reprenne ses marques. Oui, on la ramène à la maison.. A tout de suite."
Il range son téléphone dans sa poche, se tournant vers sa petite soeur, leurs doigts toujours entremêlés.. Elle n'a pas retiré sa main.
"-Lucian est notre oncle, il est comme nous. C'est lui qui nous a tout appris, pour la transformation etc. Et Batman est un chien que j'ai recueilli, trouvé errant et mal en point dans la rue. Très protecteur avec Swan et vraiment très doux. Il devrait être là d'ici 15 à 20 mn, le temps de prendre des vêtements et venir en voiture. "?
Le Potier donne des explications autant pour le Prêtre que pour la jeune femme, qu'elle se resitue par rapport à leur foyer. Il savait que la présence d'un animal pouvait rassurer et éloigner les traumatismes. Ils étaient d'excellents médiateurs envers des personnes blessées ou qui ne se sentaient pas bien dans leur peau. A eux trois, ils arriveraient, il l'espérait, à créer un environnement chaleureux et réconfortant pour la jeune femme, qu'elle redécouvre son espace et se réapproprie ce qu'elle est, tout simplement.
Pris d'une interrogation, il se tourna vers le Prêtre, souhaitant son avis:
"-Ca doit être aussi compliqué de se redécouvrir humain, que de maîtriser sa forme animale au début, non? Il aurait été préférable qu'une femme soit dans notre entourage, pour la guider.. Du moins en ai-je l'impression. Il est des sujets qu'il est plus simple à aborder entre femmes. La faim, la soif.. Les besoins courants, nous pouvons y pallier.. Mais le reste. Va t-elle parvenir à retrouver ces automatismes et capacités seule? Ou bien lui faudra t-il un suivi.. Adapté?"
Ca existait au moins, les psys spécialisés en Animorphes traumatisés? Et puis... L'hygiène, l'intimité.. Il était des choses qu'il aurait du mal à expliquer à sa soeur. Comme prendre une douche, un bain.. Saura t-elle le faire seule? Ou bien la tentation serait-elle grande de redevenir cygne pour barboter dans l'eau...
Un fil tenu et prêt à se rompre à chaque instant, voilà sur quoi se tenait Swan, pour Benedict.. Mais il espérait pouvoir la rattraper cette fois, si elle venait à en vaciller.
Les estimations du Potier furent juste quand il distingua un véhicule se garer à une certaine distance. Et bientôt, l'on toqua à la porte, signalant l'arrivée de l'oncle Lucian et de leur compagnon canin.
"-Tu peux entrer, je crois.. Mais doucement. Il ne faut pas l'effrayer. Swan? Lucian est là, il t'apporte de quoi te couvrir, pour avoir chaud, d'accord? Il va falloir t'habiller pour sortir d'ici et rentrer avec nous. Et Batman vient te saluer. Tu le connais aussi, vous passez du temps ensemble."
Leur oncle entra, les bras chargés d'un plaid appartenant à la jeune femme ainsi que de vêtements amples, chaud et facile à mettre.. Ca allait sans doute lui paraître étrange de revêtir du tissu plutôt que des plumes.. Batman quand à lui vint sagement s'asseoir près du Prêtre, observant la demoiselle en humant l'air, intrigué. Fallait-il étaler les vêtements et la laisser les enfiler seule?
Il hésitait à la laisser seule, tout en ne souhaitant pas empiéter non plus sur la pudeur et l'intimité de a jeune femme.. La situation était délicate à bien des niveaux..
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Je hoche la tête, c'est un risque, qu'elle demeure dans cet état semi-animal dans un corps de femme. Elle a le regard vif et parfois, ses yeux semblent avoir la pupille qui se dilate et qui se rétracte à une vitesse folle. Sur un oiseau, c'est normal, mais sur une humaine, c'est très effrayant. Elle a l'air totalement affolée, et parfois apathique.
"Vous n'avez jamais... Expérimenté cela ? Mes premières transformations étaient suivies de période d'amnésies légères et passagères. Je n'arrivais plus à me rappeler ce que je venais de faire, ou mon esprit ne pouvait pas l'envisager. Rassurez-vous, ce n'est sans doute que temporaire. Il faut juste se concentrer pour l'amener dans la bonne direction."
Surtout ne pas paniquer, ne pas trop en vouloir, garder espoir. C'est un grand pas en avant, énorme, même. Cependant, je sais aussi que ce genre d'évènement peut générer une trop grande tension.
"Cela viendra, gardez la foi."
Ses compliments me vont droit au cœur et je hoche doucement la tête.
"Non, c'est juste que vous êtes beaucoup trop impliqué dans cette histoire. S'il s'était s'agit d'une personne qui m'est proche et très chère, je n'en aurais pas mené large non plus."
Je laisse Bénédict appeler son oncle Lucian pour qu'il les ramène chez elle. Je me détends un peu, même si je n'apprécie pas le regard qu'elle me lance et qui ne me quitte pas.
"Batman" ? Je regarde Ben avec des yeux un peu rond... et puis l'explication arrive sitôt le téléphone raccroché.
"Oui, j'imagine qu'elle est en train de revivre un peu tout cela. Une femme n'aurait peut-être pas changé grand-chose."
Après tout, ce sont deux femmes qui m'ont élevées sans rien savoir des hommes. Il me semble qu'elles ne s'en sont pas trop mal sorties.
"Je pense qu'il y aura peut-être besoin de quelques mises au point, mais rien d'insurmontable."
Je sens mon compagnon se tendre à nouveau malgré mes paroles qui se veulent rassurante. Ne pas avoir peur, ne pas montrer à Swan qu'il craint pour elle. Finalement, quelqu'un frappe à la porte et mon sursaut équivaut à celui de Swan. Je n'ai pas senti son aura d'âme-sauvage et Swan semble trop craintive et a l'air de vouloir sauvegarder le peu d'énergie qui lui reste. Elle demeure en humaine, heureusement.
"Enchanté, Lucian."
Je pose une main sur la tête du chien amical pour le caresser. Il a la langue pendante de celui qui aime la compagnie. Je lui fais un sourire, bien conscient que les chiens sont sensibles à cela. Soudainement, je comprends... Une femme serait très utile en ce moment. Cependant, Benedict est son frère et soit elle est suffisamment humaine pour s'en offusquer, et c'est une bonne chose, soit a encore sa logique animale.
"Restez avec elle, Benedict. Commencez par lui laisser un haut à sa portée pour voir ce qu'elle en fait, puis aidez-la en cas de besoin. Nous vous attendons dehors avec votre oncle."
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