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| Prestation digne d'un OScar Je me rends de bonne heure au cabinet du psy. Il fait beau, je suis en forme, ça fait plaisir. Dans l'absolu, je vais très bien, je n'ai absolument pas besoin des services de cet homme. Toutefois j'ai entendu parler d'un casting pour un rôle de psy dans une petite série télévisée à Montréal, et j'aimerais être bien préparé. Je voudrais donc étudier un peu cet homme, comprendre comment il fonctionne, ses mimiques, son apparence, tout ce que je pourrais lui voler. Mais curieusement, la plupart des gens refuse catégoriquement quand on demande simplement à les accompagner sur leur lieu de travail pour préparer un rôle, surtout ceux du domaine médical. Soi-disant que c'est dérangeant, que ça peut perturber les patients, qu'il ne faut pas essayer de faire soi-même une transplantation cardiaque, et toutes sortes de mauvaises excuses du même tonneau.
Du coup, pour ce premier rendez-vous, je me présente juste en tant que patient. J'ai prévu de lui dire que j'ai des soucis érectiles et que j'aime bien me déguiser en lapin nain, ça devrait nous occuper un moment. Le cabinet est dans un quartier plutôt sympa, apparemment en pleine expansion. J'imagine déjà que mon personnage pourrait œuvrer dans un quartier un peu moins classe, genre banlieue défavorisé, qu'il serait issu d'une famille aisée mais qu'il aurait fait le choix d'aller apporter son soutien psychologique à ceux qui en ont besoin dans les endroits les plus pauvres. Ouais, c'est pas mal ça. À force de marcher en réfléchissant, je finis par arriver devant la porte de l'immeuble que je cherche. Je mets les cheveux un peu en bataille, un petit sourire nerveux creepy sur le visage, je déboutonne un bouton au milieu de ma chemise, je mets des fausses lunettes avec une très grosse monture, et j'ouvre un peu ma braguette. Parfait, j'ai l'air d'un cinglé, ça fera l'affaire. Je sonne et je rentre dans le bâtiment d'une démarche un peu raide, jusqu'au cabinet du Dr Catto. Plus que celui que je me suis choisi pour ce rendez-vous. Je rentre, prêt à jouer mon rôle, et il m'accueille dans sa salle d'attente avec le sourire. Apparemment, il n'a pas de secrétaire.
- Bonjour monsieur, je suis ravi de vous voir, je suis le docteur Marc Catto. Vous pouvez m'appeler Marc. Pardon, je n'ai pas bien compris votre nom au téléphone, vous pouvez me le rappeler ? - Bonjour, lui dis-je d'une petite voix douce en le fixant sans cligner des yeux. Je m'appelle Bastien-Désiré Petit-Boudu. - C'est original, dit-il en me dirigeant vers le salon, en s'installant dans un fauteuil et en m'invitant de la main à faire de même dans le fauteuil en face de lui. Alors, dites-moi ce qui vous amène je vous prie. - Avant de m'assoir, je peux enlever mes chaussures ? - Ma foi, si ça vous fait du bien !
Malgré ma prestation, il semble très à l'aise, toujours souriant. Il ne se laisse pas démonter facilement, et s'emploie à garder un bon contact avec son client. Il faudra que je pense à garder ça. J'avais toujours imaginé les psys un peu froids, un peu distants, il semblerait que je m'étais trompé. Il se comporte presque comme un copain bienveillant. Son expression corporelle démontre une totale décontraction, il se laisse aller dans le dossier de son fauteuil, il a les doigts joints devant lui, les coudes sur les accoudoirs, ses jambes sont croisées, et ses yeux plantés dans les miens. Encore une chose sur laquelle je me suis trompé : je pensais qu'il prendrait des notes sur un carnet, mais il a plutôt l'air de m'écouter. Je remarque furtivement qu'il a effectivement un carnet, mais sur son bureau, dans le fond de la pièce. Je pensais aussi que son fauteuil serait derrière un canapé dans lequel je m'allongerais et où je ne pourrais pas le voir, en fait nous avons le même siège, et ils se font face. Tout ça est très enrichissant. Je sens peu à peu l'essence de son être se fondre en moi pour que je l'absorbe. C'est délicieux. Je prends tout mon temps pour enlever mes chaussures, je m'installe dans le fauteuil en restant droit comme un i, une petite inspiration, et c'est parti pour le spectacle.
- Hé bien voilà, depuis quelques temps je...
Je suis interrompu par la sonnerie de son téléphone portable. Il le prend, avec un sourire embarrassé, et me dit :
- Je suis désolé, j'attends un appel très important, ma femme doit être en train d'accoucher. Excusez-moi, je vous reviens tout de suite.
Il se lève, va dans le couloir, et je l'entends parler.
- Allô ? Oui, alors ? Comment ça s'est... Hein ?
Son ton devient choqué subitement, il n'a plus du tout le sourire, je l'entends d'ici. Sa voix tremble un peu, j'entends qu'il remue beaucoup.
- Mais ça va aller ? Oui, d'accord. C'est déjà ça. J'arrive tout de suite, dites-lui que je suis là dans quinze minutes.
Il revient en vitesse, l'air affolé, il a du mal à se concentrer sur moi. Ses yeux bougent d'un point à un autre, il pense à mille choses en même temps. Il est très nerveux à présent.
- Monsieur.... Monsieur, je suis désolé, je vais devoir partir en urgence. On reprendra rendez-vous une prochaine fois, d'accord ? Je dois y aller maintenant. - Je peux remettre mes chaussures ? dis-je sur un ton très posé en désignant les-dites chaussures du doigt.
Il hoche la tête, et je commence à les enfiler, lentement. Il craque subitement, et me dit :
- Écoutez, tant pis, il faut vraiment que j'y aille. Je suis désolé, je vous laisse, claquez la porte en partant, d'accord ? Au revoir !
Puis il part en courant. Je l'entends manquer de rater des marches dans l'escalier. Incroyable la vitesse qu'on peut atteindre quand on est sous l'effet du stress. Je me retrouve donc seul dans ce cabinet que je prends le temps d'observer. Plein de diplômes au mur, pas trop de photos de lui, beaucoup de livres, tout ça fait très académique. Je suis en train de consulter son agenda sur le bureau quand j'entends la sonnette et que quelqu'un rentre. Il avait un autre rendez-vous ? Je vérifie l'agenda, en effet, quelqu'un devait passer juste après moi. Il a de l'avance, semble-t-il.
J'hésite un instant, petit coup d'œil circuler, puis j'ose me lancer. Allez, j'ai étudié le bonhomme, je peux faire son boulot. Dorénavant, je suis psy. Je remets mes chaussures, reboutonne et rentre soigneusement ma chemise dans mon pantalon, dont je ferme la braguette, je me recoiffe rapidement de la main, je rajuste les lunettes, et j'adopte un air très sérieux, presque hautain. Mon psy à moi ressemblera un peu plus à ce que j'avais imaginé. Je regarde le nom du patient, m'empare du carnet et d'un stylo, et je vais l'accueillir en salle d'attente.
- Monsieur Pájaro ? Enchanté, je suis le docteur Catto. Venez, je vous prie.
Debout devant les fauteuils, je lui en désigne un de la main, puis à mon tour je m'installe dans l'autre, en faisant attention à ne pas m'affaler, les jambes croisées. Je prends le stylo et le carnet en main, et je commence à gribouiller son nom dessus ainsi que quelques notes sans signification, sans le regarder, sans un bruit, et je laisse ce silence pesant s'installer pendant quelques secondes, avant de relever la tête pour le regarder.
- Alors ? Dites-moi ce qui vous amène aujourd'hui, monsieur Pájaro.
Et c'est parti pour le spectacle. Pseudo : Ryudjinn Faceclaim : Pierre Niney Crédits : CelestialThunder Multicompte(s) : Doug Chell, Ellen Kürt, Marc Hazan, Hector Diaz Date de naissance : 13/03/1989 Age : 35 Âme soeur : Statut civil : Sans attaches Marque : Invisible pour le moment Animal : Chien viverrin Gif : Occupation(s) : Comédien pas trop sollicité
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Qu'est-ce qui vous amène ? Ft @Frank D'Andrésy À chaque fois que je prends rendez-vous avec un psychologue je me note aussi qu'il faut que j'annule dans les 48 heures. C'est devenu un rituel. Est-ce que ça l'agace ou non, je ne sais pas étant donné que je ne prends mes rendez-vous que par mail. Ses réponses sont toujours cordiales avec une touche un peu plus personnelle : il me dit de prendre mon temps, que tout va bien, que ce sera quand je serai prêt. Aujourd'hui, je suis prêt. J'ai écrit mon mail pour annuler, et je ne l'ai jamais envoyé. J'ai trouvé mon âme-sœur, et faute d'amis, il faut bien dire que j'ai envie d'en parler à quelqu'un. Ma différence invisible devient aujourd'hui un peu plus évidente à mesure que je dois sortir de l'ombre. Je veux briller pour elle, et pas seulement en surface. Alors, je fais l'effort de savoir si je vais bien, si je peux réaliser moi-même la prouesse de devenir un peu plus normal. J'en ai la volonté, après tout. Pour une fois, je m'octroie une vingtaine de minutes d'avance, dix-neuf pour être précis. Après m'être habillé comme à mon habitude : une chemise à manches larges et un veston ainsi qu'un pantalon noir, je prends le bus, écouteurs anti-bruit visés à mes oreilles, yeux vissés au paysage. Je compte les arrêts un à un en me disant que ce serait vraiment bien si le nom des arrêts finissait par raconter une histoire si on prenait le bus de bout en bout. Bien entendu, il faudrait éviter les pronoms ou les mots trop courts, à moins qu'ils ne soient inclus tout entier dans le nom d'un seul arrêt. Cependant, ce serait intéressant de commencer sa journée par un "il était une fois...". De plus, les gens sauraient que leur arrêt "Une belle princesse" est nécessairement avant "Gardée dans un immense château". Après avoir fait semblant d'écouter de la musique, puis m'être véritablement mis un livre audio sur les oreilles, je descends à mon arrêt. Contrairement à ce que je croyais, je n'ai pas 13 minutes à pied à faire, mais cela se transforme seulement en 5 grâce à une ruelle située entre deux immeubles qui n'était pas comptabilisé par le site que j'ai consulté pour trouver l'adresse. Pendant ces cinq minutes, mon esprit s'envole. Je regarde les immeubles et pense que ça doit être très agréable de se servir de ce courant d'air pour se laisser porter. Je m'imagine prendre mon élan depuis cette balustrade, je m'imagine prendre de l'altitude, puis je ne m'imagine plus rien étant donné que je suis arrivé. Un homme part en courant juste devant moi, l'air affolé. Cela me fait douter une minute supplémentaire. Est-ce que je fais bien d'y aller si les gens sont à ce point pressés de partir ? Je m'imagine le soulagement que je ressentirai si je mettais simplement mes écouteurs en place pour écouter la suite de l'histoire. Mais il y a des choses qui se font, et des choses qui ne se font pas. Je prends une grande inspiration et entre. La sonnerie stridente me hurle de partir et me crispe tous mes membres. Le temps que je reste à attendre devant la porte n'est pas bon signe non plus. Enfin, j'ose ouvrir et entre. Je n'ai pas le temps de m'installer que le docteur est déjà là. C'est un jeune homme mince qui a l'air très dynamique avec un visage qui me dit curieusement quelque chose. Sa prononciation de mon nom n'est pas parfaite, mais elle est très largement suffisante. Détail suffisamment rare pour être relevé. "Bonjour monsieur Catto. Je suis navré d'être en avance."J'entre et prends place où il me l'indique. Déjà, je ne comprends pas vraiment sa première question. "Le bus... et six minutes à pied, monsieur Catto."Je me doute que ce n'était pas sa question initiale et que cette réponse n'est pas celle attendue. Cependant, je lui ai confectionné un mail entier pour lui dire pourquoi j'avais besoin potentiellement de son aide. Le lui répéter cela serait sans doute lui manquer de respect ou lui envoyer un message de reproche. C'est étrange, mais je ne le voyais pas comme ça, mon psy. Sur mon siège, je me penche en avant et croise les doigts les uns aux autres. "Et vous, qu'est-ce qui vous amène ?"Pseudo : Shenzy Faceclaim : Adrien Brody Crédits : CelestialThunder TheBest Multicompte(s) : Rafibouc / Jakemouton / Kokolanthes Date de naissance : 14/04/1974 Age : 50 Âme soeur : Statut civil : Epris Marque : Sous la plante des pieds, "Believe in the dreams you got" Animal : Gypaète barbu Gif : Occupation(s) : Osteopathe
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Je ne dis rien la première fois, mais à la seconde je tique. On va mettre les choses en place dès maintenant. Mais avant, je balaie d'un geste de la main ses excuses sur son avance, pour signifier que ça n'a aucune importance. Maintenant on peut rentrer dans le vif du sujet.
- Alors pardon monsieur Pájaro, mais c'est DOCTEUR Catto.
Je désigne de mon stylo les diplômes au mur, avant de commencer à prendre des notes.
- Voilà, merci. Désolé d'être un peu sec comme ça, mais je n'ai pas sué sang et eau pendant près de 10 ans pour être qualifié comme le boulanger du coin de la rue, vous comprenez ? Revenons-en à vous, si vous le voulez bien. Je voulais dire "pourquoi avez-vous ressenti le besoin de venir me voir", monsieur Pájaro ? Est-ce que vous vous sentez mal dans votre travail ?
J'ai peu de chances de me tromper avec le travail, c'est souvent ça. Je vais lui diagnostiquer un burn-out, j'en suis presque sûr. Cependant, il fait encore un peu le malin avec moi, on dirait presque qu'il m'imite. Pour qui il se prend, celui-là ? Je suis un professionnel médical sérieux, je n'ai pas de temps à perdre avec ces bêtises ! Mais je ne vais pas m'opposer à lui frontalement, ce serait inefficace. Principe de Fishenstern, on voit ça en première année. Au lieu de ça, je rentre dans son jeu, pour mieux l'esquiver.
- Moi monsieur Pájaro, c'est la volonté d'aider les autres qui m'a mené là où je suis. Après avoir brillamment obtenu mon diplôme à Harvard, je me suis demandé où je pourrais être le plus utile, et j'ai décidé que ce serait ici, parmi le peuple, à hauteur d'homme, que je pourrais le mieux aider mes compatriotes. C'est MON choix de VOUS aider qui m'a conduit dans ce fauteuil en face de vous, monsieur Pájaro, est-ce que vous comprenez ?
Je me penche en avant, les mains jointes devant moi, en disant cette dernière phrase. Je le fixe droit dans les yeux, l'air à la fois sérieux et un peu compatissant. L'atmosphère devient trop lourde à présent, il faut relâcher de la vapeur.
- Dites-moi Baltazar - je vous appelle Baltazar hein ? C'est plus sympa - dites-moi Baltazar, pourriez-vous me parler de votre enfance je vous prie ? Était-elle difficile ?
Truc classique de psy ça, c'est sûr qu'il va me déballer tout un tas de choses qui l'ont marqué. On ne vient pas voir un psy quand on est normal, il faut forcément avoir eu un passé mouvementé. Pseudo : Ryudjinn Faceclaim : Pierre Niney Crédits : CelestialThunder Multicompte(s) : Doug Chell, Ellen Kürt, Marc Hazan, Hector Diaz Date de naissance : 13/03/1989 Age : 35 Âme soeur : Statut civil : Sans attaches Marque : Invisible pour le moment Animal : Chien viverrin Gif : Occupation(s) : Comédien pas trop sollicité
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