Toe to toe
La norvégienne répète, sidérée la proposition de sa psy. Sérieusement? Comme si le judo c'est pas coopérer avec l'autre... Et au moins au judo, rien qu'à la manière dont l'adversaire place ses pieds et ses épaules elle sait ce qui va se passer... La danse??? Non.
Ça peut vous aider à ne plus considérer le contact de l'autre comme une menace, le tout dans un environnement contrôlé.
Inspiration, pincement de lèvres. La psy pose son crayon et son carnet.
"Dans un environnement contrôlé où vous coopérez avec l'autre, sans objet tranchant ou le droit de mettre un coup de poing"
faut pas prendre ça pour un compliment. le ton de Dagmar ne laisse pas le moindre doute sur ce qu'elle en pense. Quel plaisir que de passer deux heures dans les bras d'un inconnu qui voudra la faire tournicoter dans tous les sens et qui prendra le moindre pas de danse comme une invitation à foutre ses mains n'importe où sur elle... Rien que d'y penser, elle a la nausée.
"Voyez ça comme un nouveau sport. Un seul cours. Essayez pour un seul cours."
....
Elle sort de la séance avec un putain de mauvais pré-sentiment.. une sensation glacée qui lui tord le ventre. Elle sait, elle sait: la psy veut qu'elle fasse ce genre d'exercice pour ne plus ressentir les autres comme des dangers potentiels. C'est une bonne idée. Juste... Elle n'arrive pas à chasser ce pressentiment ignoble.
Dans la voiture en revenant du rendez-vous, elle conduit sans vraiment savoir où elle va, perdue dans ses pensées.
Elle s'arrête sur une place de parking pour régler le GPS. En parcourant les destinations possibles, elle décide de s'arrêter sur la moins probables d'entre toutes: une église.
Tout le chemin, Dagmar s'amuse de l'ironie de la situation. Elle qui n'est pas du tout catholique et qui ne porte pas du tout l''institution dans son cœur, va se retrouver à aller confier ses problèmes à un prêtre...
Est-ce qu'elle a un petit rire nerveux quand elle voit que c'est le jour des confessions ET qu'elle est dans les temps pour passer dans le confessionnal?
Oui.
Jake commence à déteindre sur elle. Dagmar se reprend.
Une dame dans le milieu de soixantaine, apprêtée pour l'église lui lance un de ces regards quand elle sort du confessionnal.
Dagmar relâche donc son air de lieutenant colonel un peu. Elle l'a encore facilement quand elle stresse.
Après tout... ce n'est une confession ET une préméditation que si elle passe à l'acte. Elle n'a pas encore choisi de cours. Elle peut toujours prétexter qu'elle n'a pas eu le temps si personne ne lui inspire confiance.
C'est sorti avec le plus grand des sérieux. Aucune ironie ou ton léger. En fait, quand on y pense, ça risque d'arriver...