Sorcha n'y croit pas vraiment. Enfin, c'est plus compliqué. Elle est persuadée que sa mère et son père sont des âmes sœurs, vu les violons mal accordés qu'ils sont. Ils doivent probablement avoir en musique d'âme une espèce de chanson très conceptuelle avec pleins de mots très compliqués et des insultes au milieu. Mais pour elle ? Qui la supporterait, elle,  à part Eadaoin ? Elle l'a probablement déjà tué, son âme sœur si ça se trouve. Ou effrayé. Puis elle n'a pas de temps à accorder pour niaiser là dessus..


C'est une mélodie très répétitive, toujours les mêmes notes, qui reviennent encore et encore , idéale pour un morceau d'instrument à corde. Elle chante français et elle parle d'une fille qui attend. Attendre mais quoi ? Mais qui ? Bah on sait pas trop, peut être que lorsqu'elle l'aura en entier , elle saura ce que cette fille attend. Puis, elle ne devrait pas attendre, elle devrait faire, ça serait nettement mieux ! En attendant, elle tourne cette fichue chanson, au milieu des lignes de codes qui naviguent dans son esprit.


Une sœur jumelle , ça compte ? Sinon rien de spécial , les oreilles percées, deux trous aussi comme sa sœur.  mais sinon , pas de chose qui pourrait vraiment la distinguer d'autrui. Ses tenues sortent aussi de l’ordinaire, elle imagine. Mais finalement, pas grand chose sous le soleil. Ah si. L’aviron, ça vous laisse des cicatrices de boxeuses sur la jointure des doigts et l’alto , ça vous durcit la peau des dernière phalange.  Elle est ambidextre aussi. Ça fait son petit effet en soirée de dire que “sisi , je sais écrire des deux mains”.

Ça ne se voit pas vraiment sauf à vivre avec elle , mais Sorcha pratique le sommeil polyphasique de manière naturelle.


Sorcha, c'est une boule d'émotion cachée dans une statue de glace qui menace d'exploser à tout moment. En apparence, très froide , un peu chipie, pleine de jugement, bonne élève , miss parfaite qui veut que tout soit toujours fait dans les règles. Un peu inaccessible sur les bords, un peu intimidante aussi. Finalement, on approche plus les jumelles pour Eadaoin et son côté solaire , on s’attache après à Sorcha. C’était très vrai au collège et lycée parce qu’elles étaient inséparables et que l’administration scolaire de l’école de jeunes filles en uniforme payée par mamie avait été largement incitée par cette dernière de ne pas les séparer. Ca l’est beaucoup moins à la fac où il a fallu faire sans elle. C’est pas son truc, l’informatique et c’est bien dommage, elle sait ce qu’elle manque.

Sorcha reste un être très sociable, qui s’attache facilement dès lors qu’on passe outre son sale caractère. C’est le genre à avoir pleins de connaissances partout, des gens qui lui doivent quelque chose ou à qui elle doit un service ou même rien, juste, elle les connaît. Les débuts de discussions sont toujours un peu épiques, parce qu’elle a une très mauvaise mémoire des noms Elle aime le monde, les soirées, l’alcool et les discussions. Elle aime médire pour s’amuser , se moquer d’elle même, papoter potins et choses importantes, surtout avec trois grammes dans le sang. Elle aime comparer son nombre d'abonnés Instagram avec ses copines tout en gagatisant sur les photos du compte montrant son chat Dailuaine vivre mille et une aventures. Elle aime les choses bien faites , les documentations bien rédigées et les gens fiables. Elle sait parfaitement que son caractère “petit chef” et son manque de souplesse peut être mal vécu, elle se sait terriblement impulsive, elle y travaille mais sans grand résultat. Elle tient ça de sa mère, Eadaoin tient plus de leur père.  Elle aime être entourée, par sa famille et ses amis, être aimée. Elle a beau faire semblant que ça lui est bien égal, ça compte en fait plus que tout.

Elle est adulte mais pas trop , les responsabilités, quand elles sont trop prenantes, elles sont bonnes pour les autres. Sorcha a de l’ambition, le monde, elle va le croquer, il n’attend qu’elle. Elle a bien conscience que toutes ces portes qui s’ouvrent sont en grande partie due à son origine sociale. Elle en profite, elle prend sa chance. Elle manque sûrement de créativité pour certaines choses, c’est bien pour ça que leur appartement ressemble beaucoup trop aux pièces présentées dans le catalogue Ikea de l’été 2020, date où elle et sa sœur se sont installées là mais finalement, on ne lui en demande pas dans son milieu professionnel . Juste de la rigueur et de la recherche de solutions alambiquées.

Tout comme sa sœur, Sorcha parle l’anglais (canadien) , le français (avec l’accent québécois au grand dam du prof de lycée ) et  gaélique (accent d’ulster). Chaque langue est associée à un usage ce qui fait qu’elle a parfois des lacunes en vocabulaire qu’elle peut combler dans une autre langue.

Elle aime le monde de la Mode , du Luxe, avec un grand “M” et un grand “L”. Elle adore passer des heures à trouver comment s’habiller et accorder son sac à ses tenues. Elle adore aussi les geekeries en tout genre. Elle s’y connait plus en anime qu’en disney , est à jour dans Mentantei Conan (et on a dépassé les 1000 épisodes) et a vu quinze fois les films du Studio Ghibli. Elle connaît les films de LOTR par coeur, en version longue s’il vous plaît, mais ça, c’est la faute à son père. Elle a fait découvrir le JDR sur table à ses copines de la section Sociologie de McGill , rencontré dans une UE commune en statistique , qui s’accordent maintenant à dire que c’est une MJ absolument démoniaque. La vague Hallyu l’a atteint de plein fouet et elle connaît sûrement mieux la Pop coréenne (et majoritairement les groupes féminin) que la pop américaine actuelle. (Pour ceux qui savent, c’est une Insomnia , une FθRΣVΣR et une TRUE). Elle aime l’aviron, qu’elle pratiquait en club au lycée à un bon niveau sur une yole à quatre et qu’elle pratique toujours avec sa sœur. Elle aime son alto et hésite à ne pas se contenter du quintet à corde familiale.


L’odorat. Certes, bien moins développée qu’un loup véritable mais si elle avait voulu devenir nez de parfumerie, elle aurait pu. Cela a un double tranchant. Impossible pour elle de monter dans un wagon de métro bondé sans un mouchoir parfumé et elle peut vous parler pendant des heures de son prof de français de lycée qui embaumait l’eau de Cologne à l’en faire s’évanouir alors que les autres trouvaient juste qu’il sentait un peu fort. L’eau de Cologne, d’ailleurs, est en quelque sorte sa nemesis. Sorcha peut aussi vous dire en bas de son immeuble, devant l'ascenseur si sa sœur prépare des cookies. C’est que ça sent rudement bon, ces petites choses là.


Parce qu’elle y est très attachée , Sorcha craint la perte de ses grands-parents. Mamie semble toujours forte à moutonner sans réfléchir dans le jardin mais Papy a l’air toujours si fragile … et si peureux. Si jamais il arrivait quelque chose à l’un des deux… Elle éprouve la même peur pour les deux majordomes de ses grands parents qui ne sont plus tout jeunes et au final toute la famille. La peur de perdre quelqu’un, d’être seule abandonnée face au Grand Méchant Monde. Perdre Eadaoin aussi. Ca , ça serait la pire catastrophe. Pas seulement qu’elle meurt mais qu’elle ne veuille plus d’elle.

Finalement, contrairement à la colère où tout le monde peut profiter de son ire, la peur est une activité qu’elle pratique en solitaire, qu’elle refuse de montrer à qui que ce soit, même pas à son père et ce depuis qu’elle est assez jeune.

Ah si. Sorcha a peur des araignées. Dailuaine le chat est donc tout spécialement dressé à coup de papouilles et de catisfactions pour devenir un chasseur émérite d’arachnique et la jeune femme entretient la maison à la limite de la maniaquerie, avec option marykondoisation des placards (et, si vous avez bien suivi, l’appartement étant la copie parfaite du catalogue Ikea Eté 2020, il n’est pas trop compliqué à entretenir)


L’objectif et l’avenir de Sorcha sont tous tracés. Finir ses études, encore deux ans pour terminer son seconde cycle. Faire le tri dans les futures offres d’emplois et ses contacts dans sa boite mail pro pour sélectionner LE bon poste pour découvrir le métier. Faire jouer la concurrence jusqu’à ce qu’elle puisse monter sa boite à elle. Idéalement arrêter de bosser avant quarante ans ou alors comme maman, genre, 2 mois par an.
A plus court terme, elle réfléchit à intégrer l’orchestre de la fac et à passer les auditions. Ou alors se mettre à la danse.

A encore plus court terme, elle a repéré le sac Plume fourre-tout 45 chimères Pégase sur le site d’Hermès. Sauf qu’il fait plus de 30 000$ canadien, que même pour elle, c’est une somme et qu’il faut qu’elle économise un peu sur sa rente mensuelle pour se le payer. Bientôt, tu seras à moi mon petit.

Elle a fait un bébé … pas toute seule
La vie, c’est compliqué , surtout quand on se pointe un peu par hasard , sans avoir vraiment bien prévenu suffisamment à l’avance. Jael s’est aperçu de son état à ses trois mois de grossesses, au cours d’un examen pour complètement autre chose qui nécessitait une échographie. L’idée ne l’a pas trop enchantée. Lochlan, lui, beaucoup plus. C’est lui qui s’est occupé des deux petites (oui parce qu’en plus, elles se sont dédoublées entre temps) de leur naissances à leur entrée à l’école primaire, où il a repris un travail à mi temps, puis à plein temps quand les filles sont allées en pension pour le collège

Là bas
Si Lochlan est fils unique et n’a plus de famille proche, Jael a largement fourni le contingent familial. Elle est la troisième d’une famille de quatre enfants. Issue d’une famille très aisée irlandaise (et très aisée avec une domaine dans les landes, des rentes, des gestionnaires de fortunes et du personnel de maison). Chacun des ses frères et sœurs ont eu des enfants à leur tour, à quoi s’adjoint parce qu’ils font partie de la famille, les deux majordomes des grands parents.. Lochlan découvre leur existence … à la naissance des filles. Adeline, la grand-mère, s’est beaucoup investie dans l’éducation de ses petites filles, même à distance. Sorcha et Eadaoin ont passé , avec leur cousins, tous les noëls et minimum quatre semaines de leurs vacances d’été chaque année. Elles y ont de très bons souvenirs.

Petite fille
L’enfance de Sorcha et Eadaoin a été plutôt idyllique, avec un papa poule pour s’occuper d’elles et tenter d’éduquer ces braves têtes rousses. La chose a été ardue, elles ont été usines à bêtises et ventre à patte assez. Le surnom “MeriandPippin”, qui les englobe toutes les deux vient de là d’ailleurs. A force de demander “Quand est-ce qu’on mange ?” toutes les dix minutes dès que l’heure du repas se faisait pressante, ça ne pouvait pas louper (surtout que leur rythme était plus ou moins celui d’un hobbit, avec un premier déjeuner , un second petit déjeuner …) . Clairement à cette étape de leur vie, il valait mieux les avoir en photo qu’au restaurant.

Quant aux bêtises … disons qu’elles se sont mis en tête à 6 ans, un matin, de démonter une prise de courant parce que Papa la veille n’avait pas su leur expliquer comment ça marchait. Et ce n'est pas la pire.

Né en 17 à Leidenstadt
Parce que l’Histoire, avec un “H”, a beaucoup abimé Adeline et son mari Anshel, ce dernier a pris le nom de famille de son épouse et en a retiré une peur pathologique. Cela explique la présence impromptue d’un bunker dans le jardin , construit lors d’un énième refroidissement de la Guerre Froide. Paraît que c’était ça ou s’exiler au Pôle Sud. Mais Mamie a dit à Papi que le froid et l’humidité abimait les pianos, donc il a choisi le bunker.

Sorcha, Eadaoin et leurs cousins y ont beaucoup joué étant petit. Etrangement, ce lieu n’a jamais fait peur à Sorcha, au contraire, il est synonyme de jeu et d’endroit rassurant. Maintenant que les cousins ont grandi, le fameux bunker sert surtout de champignonnière à Mamie.

Souvenir de la folie “Pôle Sud”, le doudou historique de Sorcha s’appelle “Plo” , représente un bébé manchot empereur et a été offert par Grand Père. Lochlan s’est empressé de le racheter en plusieurs exemplaires pour subtilement le remplacer en cas de perte ou de passage dans le tambour de la machine à laver. De son aveu, on doit en être à Plo le 6ème ou Plo le 7ème.

Tournent les violons.
La grande idée d’Adeline (et probablement d’Anshel, pianiste professionnel et reconnu) a été de constituer de ces cinq petits enfants de la même tranche d’âge … un quintet à cordes pardi. Menahem a hérité, à son grand dam du violoncelle, sous prétexte que c’était le seul garçon, Sivan sa sœur a récupéré le violon, Livia un violon aussi et les jumelles … l’alto toutes les deux. Pas de contrebasse, les quintet à cordes avec contrebasse, c’est trop rare. Résultat quinze ans plus tard ? Menahem l’a finalement bien aimé, son violoncelle. Sorcha adore son alto. Sivan fait comme Eadaoin et entretient le minimum syndical. Et Livia … Bah, elle a gagné suffisamment de concours pour qu’on considère sa carrière de violoniste professionnelle comme viable. En même temps, Livia, elle “parle” avec son violon.

Il a fait un bébé … tout seul (lui pour le coup…)
Ezra, c’est l’oncle que Sorcha et Eadaoin ont probablement le plus côtoyé, parce que, contrairement aux autres, lui s’éloigne régulièrement du vieux continent. En même temps, c’est un historien spécialisé sur la Guerre de Sécession, il pouvait difficilement faire autrement , son sujet de recherche et les sources sont aux Etats Unis. Oncle Ezra, c’est l’inverse d’oncle Asa . Toujours de bonne humeur, prêt à rendre service, à garder les petites s’il est dans le coin et que Lochlan a besoin de prendre l’air. Il a régulièrement squatté le canapé de l’appartement familial, lorsqu’il avait des points de divergence avec ses multiples copines (parfois elles l’étaient en simultanée, disait maman”. Par contre, comme tous les autres, il se fait manger par son travail.

Avant , ça ne posait pas vraiment problème. Sauf qu’il y a cinq ans, Ezra, après avoir disparu quatre mois, au point où même sa fac de rattachement et son éditeur ne savaient pas où il était. Il est revenu comme une fleur avec un nourrisson dans les bras. Il a dit que c’était sa fille. Asa a fait son boulot d’avocat et a vérifié les papiers. Ils étaient en règle. Personne n’a posé plus de questions.

Elain, c’est le prénom du bébé, c’est la mascotte de Sorcha. Elle s’en occupe s’il y a besoin, elle est qui plus est maintenant à un âge où elle est marrante alors pourquoi s’en priver.

Et l’on y peut rien
L’animorphisme, chez les Fetherstonhaugh, on connait. Pour une raison qu’on ignore, dans cette famille , ça ne touche que les filles. Anomalie statistique ou vrais données scientifiques, il n'empêche qu’Adeline se transforme en mouton de Suffolk depuis 80 ans, que Jael a hérité du capybara et Tante Liyat du bouquetin. D’ailleurs, ça lui va très bien. Sur la génération suivante, cela se vérifie encore. Menahem est un humain tout ce qu’il y a de plus normal , mais ni Sorcha (Loup d’Abyssinie), ni Sivan (Hermine), ni Eadaoin (Autruche)  ni Livia (Guépard)  n’ont échappé à la douloureuse transformation. Elain, la fille d’Ezra, le dernier des frères, est encore trop jeune pour savoir si la logique est toujours bonne.

De fait, l’animorphisme n’a jamais été central dans la vie des filles, on en parle comme d’un grain de beauté qui se transmettrait génétiquement, d’autant que la Famille en fait un usage très restreint et secret. Maman reprend sa forme capybara de temps en temps. Papa est très parcimonieux dans sa pratique du vol plané en faucon.

On est animorphe  parce qu’on l’est et des fois on l’est pas. C’est juste comme ça. Et ça n’apporte pas vraiment de plus, outre la transformation. Reste qu’en dehors du domaine et des quatres murs des appartements, cette transformation doit rester secrète au maximum aux membres extérieurs de la famille.

Il suffira d’un signe.
Le souvenir de la première transformation de Sorcha est assez vivide. C’était la première, la seule et l’unique connue à ce jour vrai dispute de Papa et Maman. Sorcha ne se souvient plus vraiment la cause. Sûrement elles, le manque d’implication de maman dans leur éducation. C’est la seule chose qui le fait vraiment se fâcher. Elles, c’est un peu compliqué, elles reviennent de leur première année d’internat qui s’est … passé. Nouvel environnement, loin des parents, nouvelles règles, nouveau calme. Cette dispute déclenche chez Sorcha une crise d’angoisse violente. Puis la douleur, lancinante. Et la transformation. Mamie a juste dit qu’il fallait attendre, qu’on ne peut rien y faire. Mais c’est long d’attendre quand on souffre le martyr. Au moins, les parents ont arrêté de se disputer.

Sorcha aime plutôt bien son loup, notamment quand il s’agit de dormir roulée en boule sur le tapis du salon et de cavaler dans le grand parc d’Irlande.

A nos actes manqués
Une première fois. Loin. Vraiment loin de Papa et Maman. Eadaoin flamboie au milieu de la foule et chicane même avec une fille. Sorcha échafaude elle un plan pour retourner en douce à Montréal. Cette idée est stupide, mauvaise. Mamie a d'habitude toujours de bonnes idées mais celle ci est particulièrement nulle. Parait que c'est pour couper le cordon de papa, qu'il est temps à 11 ans de gagner un peu en indépendance et de lui rendre sa liberté. Comme ça , Papa n'était pas libre ?! Sorcha commence sa scolarité dans l'ombre de sa soeur , sans vraiment d'amie et de connaissances, à passer la plupart de son temps libre en serrant Plo contre sa poitrine. Puis parce que pleurer, c'est ennuyant au bout d'un moment, elle se met à étudier. Au début par dépit puis parce que ça l’intéresse vraiment finalement. Surtout les mathématiques. Puis faut absolument choisir un club de sport. Ea veut faire de l'aviron. Sorcha suit. Sorcha se construit. D'élève chahuteuse et moyenne, elle devient une excellente élève, c'est elle qu'on oublie un peu jusqu'à l'affichage des résultats et qui truste les premières places du classement de l'année. Sorcha joue de l'alto dans l'orchestre de l'école parce que la prof de musique a que cinq élèves altistes dans toutes l'école et qui si elle les lâche, ça sera triste.  Finalement, c'était peut être ça, l'idée derrière la tête de mamie ?

Les surnoms Ellefint (pour Eadaoin) et Precious (pour Sorcha) datent de là aussi. Peut être pour se donner du courage ?

Pas l’indifférence
"Sorcha Faulkner. Mention Très bien avec les félicitations du jury."

Sorcha se redresse avec son tailleur impeccable et son chignon et ses chaussures Jimmy Choo achetées pour l'occasion. Pas Louboutin. Louboutin, c'est quand il y a potentiellement quelqu'un à assassiner. Là, il faut briller de milles feux . Pour en mettre plein la vue aux copines qui font office de fan club derrière. Elle ne l'avouera jamais mais finalement Sorcha a adoré l'internat. Elle sait que c'est moins le cas d'Ea. Au final, c'est elle qui a lié les liens les plus solides avec ses camarades, celles de l'aviron, celles de l'orchestre, celle qui a accepté l'offre du MIT plutôt que McGill . Sorcha aurait pu accepter cette offre aussi mais elle avait très envie de rentrer dans son pré carré qu'est Montréal. Puis il est hors de question de laisser Ea seule, elle serait capable de faire n'importe quoi. D'acheter n'importe quoi. Note à elle même . Lui racheter une paire de sandale de meilleure qualité. Non parce que c'est sympa de jouer les hippies mais les pieds, c'est sacré, si on les abimes, c'est foutu pour la vie.

Au bout de mes rêves
La rencontre entre Sorcha et l’informatique s’est faite sans prévenir au collège. Plus exactement, il a commencé avec un combat entre elle et une tour de PC HP flambant neuve tournant sous Window 8 défaillante à la bibliothèque de l’école et un week-end où les filles n’avaient pas pu rentrer à Montréal pour cause d'entraînement quotidien pour une compétition scolaire d’aviron qui approchaient. Et Sorcha, les questions sans réponses, c’est pas trop son truc. Alors , elle a passé son temps libre à démonter , analyser, rechercher sur internet , tester, louper, recommencer. Après … Après, elle ne s’est jamais arrêtée. Peut être que le fait que l’école ne soit pas mixte a aidé. Pas de garçon à qui la tâche serait revenue naturellement (sexistement plutôt). Personne pour lui dire que ce n’était pas sa place. Sorcha s’est ensuite dirigée vers la programmation. Son premier petit site permettait d’organiser de manière un peu plus ergonomique et pragmatique le planning d’entrainement du club d’aviron et l’entretien des bâteaux, de manière décentralisée, avec sécurités et mots de passes en tout genre. Puis il y’en a eu d’autres, encore et encore … jusqu’à maintenant

Vous demandez des nouvelles du PC HP originel ? Bah écoutez, il va bien, la documentaliste l’a donné à Sorcha quand elle a eu son diplôme, le matériel allait être renouvelé. Il ne doit y avoir plus que le châssis d’origine et lui sert pour ses expérimentations linuxiennes.

La vie par procuration
A un moment Sorcha et Eadaoin ont décidé d'adjoindre à leur cellule familiale ... un chat. Enfin, c'était surtout Elefint qui avait du mal à digérer une rupture et Precious qui avait eu la bêtise de dire que les chats, c'était plus fiable et fidèle que les mecs. Bon, d'accord, c'était un rêve de gamine, avoir un chat. Un chat à elle, la première décision qu’elles pourraient prendre en sachant leurs parents contre mais qu'ils n'auraient rien à redire quand même. Mais c'est des responsabilités, un chat , elle le sait , Ea ? Alors pas vraiment parce qu'elle est actuellement partie sur une adoption de Sacré de Birmanie ou d'un bleu russe, donc une bestiole qui coute la peau des fesses et qu'il va falloir nommer à la lettre parce LOOF, donc nom, canard en gaelique, ça marche pas parce que c'est l'année des T. Sorcha a cherché à préparer un minimum l'arrivée de l'animal , imaginant déjà ses précieux sacs phéromonés par une bestiole sans foi ni loi.

Résultat ? Résultat, les filles ont accueilli un chaton bleu russe dénommé Dirluaine, de la marque de whisky préférée de leur père . (Enfin. Pour l'identification, il s'appelle T'Dirluaine parce que la lettre) Sorcha est une vrai paparazzi le concernant et anime son compte Insta (celui du chat) avec assiduité. Dirluaine se laisse promener en laisse en soucis, c'est un chat moderne, il adore montrer son bide et se rouler dans la neige. Il est peut être heureux, finalement.

Encore un matin
Si Eadaoin ne s’est pas plu à la fac, Sorcha est elle absolument dans son élément. Le rythme lui plaît , les matières aussi , l’ambiance, la plus grande liberté qu’au lycée … Ses notes sont toujours au beau fixe, elle y va chaque matin avec grand plaisir et son objectif en tête. Ses débuts à McGill lui ont par valu une certaine réputation. En même temps, elle a envoyé son talon Louboutin en pleine poire d’un dénommé Milton Robert qui, au milieu de quelques remarques vaseuses et sexistes, avait osé émettre l’idée que Sorcha s’était trompée de filière. Comment il va ? Aux dernières nouvelles, il a toujours ses deux yeux. Par contre, il a quitté la fac après avoir redoublé deux fois sa première année alors que Sorcha caracolait en tête du classement. Comme quoi, c’était pas elle qui s’était trompée de filière. Le karma, tout ça.  

Quand la musique est bonne
Sorcha a découvert la KPOP au début des années 2010 avec SNSD. Avant, peu réceptive à la pop en général, ne l’écoutant que pour avoir un sujet de discussions avec les copines fans de Taylor Swift ou autre diva à la mode. Elle est bien consciente que le milieu est plutôt toxique, mais elle apprécie les chorégraphies millimétrées, le lore derrière les différents groupes , les musiques et les clips presque cinématographiques. Elle écoute majoritairement les groupes féminins. Elle ne comprend pas bien ce que racontent les chansons mais elle ne veut pas. En effet, ne pas comprendre lui permet d’écouter ses chansons préférées tout en travaillant. Puis non, la plupart des refrains contiennent de l’anglais, ça suffit largement pour les soirées karaoké et les concerts. Sorcha garde aussi une petite place dans son cœur pour la musique classique et instrumentale, type musique de film. Ça donne de l’ epicness à ses sessions de code et de révision.

Les choses
Sorcha est tombé dans la mode et le luxe comme dans l’informatique, un peu par hasard. Certes, par habitude, sa grand-mère fréquente les grands noms des marques de luxe mais disons que se balader en Dior dans la Lande Irlandaise ou sur ses chantiers de fouilles n’a rien de très pratique. Maintenant qu'elle est retraitée, elle s’y intéresse un peu plus, mais préfère un bon pull en laine aran qu’une robe de chez Saint-Laurent.  Sorcha, elle, adore ça. Si elle a bien quelques tenues qui sortent de quelques enseignes de slow fashion (pas fast, fast, c’est nul, ça se forme , elle peut se payer autre chose , … brr), son armoire, son rangement de chaussures et à sac ferait pâlir n’importe quel styliste en devenir. Elle aime les vêtements non griffés, les chaussures à talons sans plateforme (ses pieds ne la remercient pas d’ailleurs) et les sacs iconiques. Elle peut mettre plusieurs dizaines de milliers de dollars (canadien) si elle pense que cela vaut le coup. C’est pas tous les jours mais si elle a assez, pourquoi pas. Au besoin, elle revend ce qu’elle ne porte plus pour aider. A ce prix, c’est un investissement.

Envole moi
Sorcha a finalement peu voyagé , si on omet le Montréal Dublin biannuel et les allers retours à Toronto pour le pensionnat chic où elle a fait son collège et son lycée. Ça détonne un peu avec les habitudes des gens de son milieu et si, adolescente, elle n’en a ressenti aucun manque, maintenant, elle aimerait bien, même si elle l’avoue rarement. Elle aime répéter qu’on est jamais mieux chez soi mais si l’âme soeur lui proposait un voyage là maintenant tout de suite, elle plaquerait tout pour deux semaines.

Je porte le pseudo de Teegarden, j'ai 30 ans, j'habite en /au France. Je suis Femme, mes pronoms sont elle. J'ai connu le forum via...Camelia. Je serais disponible pour m'éclater avec vous ça va (malheureusement) dépendre des périodes mais mon objectif, ce sera idéalement un tour de réponse toutes les deux semaines, voir toutes les semaines sur les bonnes périodes.

Un mot de la fin ? SALSIFI !