Elle est seule. Sorcha est en piscine. Pas celle où l’on se baigne mais le genre où on confie un projet à mener de A à Z en genre trois jours en groupe en bossant H24 et dormant par micro-sieste sur des bancs. Mal-bouffe et boissons énergisantes au menu ! Et plein de cookies préparés en amont pour aider sa sœur à tenir. A l’heure qu’il est les Louboutins de ma soeur ont déjà entaillés plusieurs mollets et ses camarades doivent réaliser le monstre qu’ils ont dans leur pool. Tant pis pour eux.
Il est une heure du matin. Je suis sortie avec les copines. Ciné, resto puis boite de nuit. On a dansé, c’était cool, puis je suis passée rapidement chez l’une d’elle pour me doucher et me changer parce que ces endroits sont du genre à donner des haut-le-cœur à ma sœur. Il est tard. Les lumières de la ville font pâlir les étoiles et se reflètent sur le Saint-Laurent. J’ai pas envie de rentrer à la maison. Pour quoi faire ? Me coucher ? Et ensuite ? Me réveiller ? Et ensuite ? Je suis bien là. Il flotte dans l’air comme un avant-gout d’été. Je me mets à courir sans y penser. Appel de la nature à mon animal interne peut-être, je ne sais pas. J’ai l’air bizarre je pense, avec ma jupe longue et légère qui flotte à la parisienne et ma tunique trop large qui blouse et me tombe sur l’épaule. J’aime avoir des épaules tombantes, je trouve ça joli, voilà, c’est dit.
Pour rien arranger, j’ai mon alto en bandoulière dans le dos. Comme un violon mais en plus gros, des sandales et je cours façon coureuse de fond. Je dépasse d’ailleurs plusieurs joggeurs nocturnes en cycliste avec le brassard pour le téléphone là. Ils ne savent pas que je triche. Je leur fait un clin d’œil.
Mont Saint Laurent. La montée me fait ralentir un peu. Ca tire sur les cuisses, ça fait du bien. Je dérange quelques toxicos, probablement une ou deux prostituées que je ne vois pas. Je veux arriver tout en haut pour avoir la vue sur la ville. Quand c’est fait, j’enlève mes chaussures sur l’herbe grasse de la fin de printemps. Je sors mon instrument. Et commence quelques vieilles balades irlandaises en dansant un peu. J’aime ces ambiances, j’imagine des temps que je n’ai pas connu, des lutins qui m’écoutent. En bas, un peu du nouveau monde se fait recouvrir par les chants de l’ancien. Je me dis que les voitures sont des fourmis qui auraient croisé des vers luisants. Que les lampadaires sont des soleils éclairant des mondes minuscules. Le vrombissement de la ville est son cœur qui bat au rythme des feux rouges et moi je joue sur un tempo différent, une mélodie enlevée par le vent.
Je ne sais pas quelle heure il est. Ca m’est égal. Je peux bien rester à jouer et danser jusqu’à l’aube si j’ai envie. Personne ne m’attend. L’alto, sa vraie beauté, ce sont les balades. Pas le quintet guindé dont on est prisonniers ou les complaintes fatigantes du conservatoire. L’alto c’est un instrument libre. Qui n’a besoin de personne. Qui se suffit à lui-même. Comme moi.
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Conaid avait voulu sortir aujourd'hui. Quelques potes lui avaient proposé. Soirée qui s'était allongé, amis qui avaient désertés ou qu'il avait perdu l'homme n'en est plus très sur. Cela faisait un bail qu'il ne s'était pas retrouver dans cette situation. Alcool plein les veines. Pas moyen de conduire jusqu'à chez lui, ce serait pas prudent. Pas envie d'avoir un autre accident sur sa conscience. Un seul suffit largement. Alors il a continué sa sortie nocturne. Continuant à enchaîner verre sur verre, de rencontre à rencontre où des conversations plus ou moins calmes se créaient. La magie du monde de la nuit et de l'alcool. Moins de peur pour aller vers l'autre et un rien peu vous amenez à discuter. Ou vous bagarrez. Oui on ne le changera pas mais deux bars ont dû le virer car le rouquin commençait à foutre trop de bordel. Mais à cette heure là les bars ferment petits à petits.. Ou est-ce qu'il a simplement envie d'un peu plus de tranquillité ? De tous façon on s'en fout. Les températures se sont réchauffées lui permettant de se balader tranquillement dans les tréfonds de la nuit. Ce ne sera pas la première fois qu'il fait une nuit blanche. Pas envie de se plier en deux dans son tacot, ou dormir dans le plateau à la belle étoile. Dans l'un il se réveillera avec un torticolis de tous les diables. Et pour les deux options un connard pourrait venir lui dire qu'il n'a pas a resté dormir là. Alors il préfère marcher, clope au bec et bouteille se balançant nonchalamment aux bouts des doigts. Muscles des cuisses qui tirent. Poumons qui peinent. Ouais il sait la clope c'est mal mais pas pire que ce qu'il a déjà pu consommé. Petite mort un peu mieux que les autres et on ne le refera pas. Le gallois n'est pas raisonnable. Alors il grimpe pour pouvoir échapper aux mecs trop imbibés qui ne tiennent pas l'alcool, à la foule qui se pressent un peu plus loin.. Il doit bien y avoir un coin qui.. Douce mélodie qui s'élève au loin. Mélancolie qui se mélange à une certaine joie. Amenant sans qu'il comprenne un sentiment de familiarité. Si en faite. Ça lui rappelle son pays. Ces légendes que lui racontait sa grand mère au coin du feu alors qu'il avait encore cette horrible bout de tissus qu'il traînait de partout. Ces chansons que chantonnait sa mère dans la cuisine ou n'importe où dans la maison.. Ouais c'est ça c'est un peu comme chez lui. Et à l'instant le manque de son chez soi lui enserre les tripes. Force qui le pousse en avant pour pouvoir s'approcher un peu plus, pour se gaver de ce rythme, cette mélodie familière. Une comptine lui vient même en mémoire. Gallois pataud qui vient passer la barrière de ses lèvres. Voix rauque et profonde. Alcool aidant pas bien. Pas bien discret le gaillard. Encore quelques pas. Vu s'étend devant lui, lumière vive de la ville. Et là il croit rêver. Silhouette jouant habillement de l'archer, ses pieds foulant l'herbe encore humide. Tissus qui jouent dans la pénombre et l'éclairage non naturelle de la ville trop proche, tous comme la chevelure rousse flottant dans l'air. Ben putain si j'avais cru croiser le bobl bach ici.. Ouais il y avait cru un moment. Fouillant le jardin à la recherche de leprechaun et autre faes.. Mais ici en pleine ville.. Vous manquez tellement de territoire pour venir ici? Qui c'est à qui a pu appartenir ce lieu avant, avant que l'Homme vienne étendre son béton et son fer. Nain avait toujours dis que le petit peuple avait été chassé, s'étant replié dans ce monde de galerie.. Mais peut être avait-elle tord. Sam 24 Juin 2023 - 23:49   Pseudo : No' Faceclaim : Pablo Schreiber Crédits : Inconnu Multicompte(s) : Izan T. Gavira, Hiba Nejem, Charlie Marsh Date de naissance : 28/10/1984 Age : 39 Âme soeur :
Statut civil : célibataire Marque : Cymerais ochr anghywir y ffordd autour du mollet Occupation(s) : éleveur de chevaux et botteur de cul à l'occasion | |||||||||
« On est partout où se posent les arcs en ciels » répondit une Eadaoin, amusée de voir ce géant roux et visiblement éméché parler une langue proche de celle de ses ancêtres. Bolbachs ça lui disait quelque chose mais ce n’était ni de l’Irlandais, ni de l’Ecossais. Peut-être du Breton français ou du Gallois ou du Mannois. Tout était possible. Elle pencha la tête pour regarder l’inconnu plus attentivement. La vieille trentaine elle dirait. Fatigué ou essoufflé ou elle ne sait quoi. Et voix rauque. C’est sexy une voix rauque mais le gout de la clope froide l’est beaucoup moins. Elle descend son violon pour approcher du rouquin. Elle a envie de s’amuser. S’amuser avec lui s’il est d’accord, s’amuser de lui s’il est susceptible. Tout est toujours prétexte à l’amusement et elle s’ennuie tellement en ce moment !
« Une chose est sûre, quel que soit ton peuple à toi, il n’est pas petit. D’où viens-tu, Fils du Thuatha de Danann ? » elle avait repris ce qui avait le plus de sens pour elle, à savoir le folklore irlandais de sa mère. Papa avait été plus présent pour les petites filles mais les histoires étaient celles de maman – même si lues par le paternel et donc ancraient les légendes maternelles. Bien qu’au fond, les différences entre folklores celtes ne soient que nominatives. Elle reprit le violon, jouant une nouvelle musique, plus inquiétante, composée par un artiste autour d’un poème du célèbre Yeats.
The Woman of the Sidhe herself,
The mountain witch, the unappeasable shadow.
She is always flitting upon this mountain-side*
Sa voix à elle restait claire tandis qu’elle chantait en un anglais où se sentaient les irrégularités d’une langue avant tout celtique. Elle ne dansait pas, fixant de ses yeux clairs ceux de l’homme qui l’avait rejointe. Elle avait oublié l’Amérique, et la ville qui brillait sous ses pieds, or de leprechaun, insaisissable, doté d’une vie artificielle et illusoire. Elle serait effacée au soleil, comme le sont les étoiles, ces souvenirs de lumière envoyés par delà l’espace et le temps. Elle était près du château de ses ancêtres, un soir sans lune, alors que les nuages sombres éclairaient le ciel nocturne d’un gris anthracite plus clair que l’encre de l’espace. Elle termina le vers et rit à nouveau, juste joyeuse, elfique presque, indifférente aux menaces que laissaient peser les mots qu’elle venait de prononcer. L’anglais ne comptait jamais de toute façon !
*La femme du Sidhe en personne,
La sorcière de la montagne, l’ombre tourmentée
Toujours voltigeant autour de ce versant…
(traduction de moi)
Sam 1 Juil 2023 - 23:45