« Un stage dans la finance ? » « Dans la finance de luxe, Mademoiselle Faulkner, c’est une opportunité unique de faire votre trou dans ce monde extrêmement sélectif. Nous avons été approché par un chasseur de tête qui a reconnu votre nom de famille et s’est proposé pour vous faire embaucher comme stagiaire auprès de Monsieur Jones, le tout nouveau dirigeant de la branche Montrealaise de la société Porsche. Vous connaissez bien entendu. » « Mais j’y connais rien en voitures… » « Vous connaissez le monde des affaires et celui du luxe. » « Oui mais. » « Mademoiselle Faulkner, je suis au désespoir d’insister mais si vous n’acceptez pas de vous rendre au rendez-vous avec Monsieur Jones, nous allons devoir vous radier du bureau de Montreal. Vous ne toucherez plus d’allocations… » « Je n’en touche déjà pas. » « Et vous ne bénéficierez plus de places privilégiées pour vous inscrire à une formation si cela devait être votre but à long terme. Pour reprendre des études vous seriez obligée de justifier l’échec de votre réorientation... »
Eadaoin soupira. L’autre avait gagné. On ne pouvait décidément rien faire contre la bureaucratie. Finalement, un stage où apprendre comment utiliser cette arme à son avantage n’était pas si débile et elle avait toujours aimé jouer avec les chiffres. Mais les voitures, sérieux, plus masculiniste tu meurs. Elle, elle aimait les FRINGUES de luxe. Et la bouffe, aussi. Qui n’aimait pas la bouffe, hein.
Elle était venue à vélo. Un vélo Peugeot, parce que c’était une bonne marque et que pour aller chez Porsche, ça avait quelque chose d’amusant. Le petit matin avait un peu dérangé la longue tresse rousse qu’elle s’était faite mais elle n’avait pas envie de mettre des épingles pour replacer celles que le vent avait déplacées. De toute façon elle ne serait pas prise. Pour commencer elle n’était pas en tailleurs talons. Ca, c’était pour les potiches qui ne faisaient rien de leur journée. Pour bosser fallait pouvoir bouger. Elle avait donc enfilé un jean patte d’eph avec des broderies main sur le bas et au niveau des poches. Par-dessus, un haut un peu médiéval, greige, avec un laçage au lacet bleu au niveau du corsage devant laissant apparaitre un décolleté très modeste. On n’était pas là pour draguer. Sur les flancs, à la verticale, elle avait customisé en ajoutant un galon bleu brodé de myosotis blancs.
Comme il faisait encore frais tôt le matin, elle avait passé par-dessus une veste façon uniforme de marin et chaussé des baskets blanches de grande marque. Le genre tellement chères qu’il n’y a même pas de logo dessus.
Le regard dédaigneux de la standardiste en uniforme de working girl la conforta dans l’idée qu’elle avait choisi juste la bonne tenue. Elle se présenta, indiquant qu’elle avait rendez-vous avec Monsieur Jones. « Mais bien sur » avait répondu la pouffiasse. Elle insista. Fit appeler une secrétaire d’un secrétaire qui fit venir l’assistante d’un adjoint et finalement on la conduisit dans une salle de réunion vide.
Et on la fit poireauter. Classique. Sans se démonter, Eadaoin attrapa son téléphone, vérifia qu’elle n’avait aucun message inquiétant de sa sœur, chopa un bloc, un crayon et commença rapidement à sketcher ce qu’elle voyait, les coudes sur la table, la jambe droite sur la gauche, pas plus inquiète que si elle se trouvait en amphi à attendre que le prof revienne de sa pause clope.
Un bordel sans nom. Il fallait de l’ordre. De l’efficacité. Et pour cela il fallait que je retrouve mes marques, que les choses soit faites à ma manière le temps que je m’y retrouve et que toute cette histoire soit réglée. Un détournement de fonds organisé par plusieurs anciens pdg et membres du personnel. Cela avait été découvert et les personnes concernées licenciée et traduite en justice, mais il n’en restait pas moins que le siège de Porshe devait nettoyer ses dossier, mettre de l’ordre là ou des données avaient été falsifiées, trié le bon du mauvais. Et avant tout ça, avant de ranger et de prendre mes marques… il y avait le fait de se faire connaître ici. Mettre un visage sur le « nouveau patron débarqué d’Allemagne pour nous fliquer ». Et encore ça c’était une des appellations le plus sympathique que j’imaginais. Cela faisait deux semaines que j’avais débarqué à Montréal, une semaine que j’avais pris mon poste, le temps de tester la température et régler la paperasse la semaine avant. Cela faisait une semaine que je déployais ingéniosité en communication et en relations humaines pour me montrer et m’imposer de manière légitime comme le patron. Naturellement il y avait eu les réunions de base avec les hauts gradés de l’immeuble, mais j’avais aussi tenu un point d’honneur à ce qu’on me fasse la visite des autres bureaux. J’étais loin d’avoir rencontré tout le monde et fait le tour de tous les services, mais j’avais déjà rencontré bon nombre de profils et postes différents. Du simple stagiaire, au membres du call center à la directrice adjointe.
Mais tout cela demandait du temps et de l’organisation et empiétait sur d’autres tâches. Si j’avais naturellement secrétaires et standardistes à ma disposition pour tout ce qui était des rendez-vous il me fallait quelqu’un en plus. Quelqu’un de neutre. En effet au cours de mes inspections je notais mentalement, sur papier ou virtuellement différentes choses : soucis, personnels suspect, amélioration possible, idée, solution et autre. Si mes notes étaient assez complètes et intéressantes elles étaient aussi et avant tout en désordre et je n’avais pas encore le luxe de les retranscrire moi-même au propre. Sans parler du caractère sensible de certaines données comme des agents problématique ou des soucis d’ambiance qui, s’ils sont transcrits par une personne interne, pouvaient causer soucis si la dite personne n’est pas neutre dans l’histoire. J’avais donc lancé une annonce de recherche et avait spécifié quelque chose dans le profil : connaissance ou aisance dans le domaine de luxe. Je n’étais pas pour défavoriser ou dénigrer les personnes de classe moyenne ou pauvres. Mais ici on parlait de données sensibles, de chiffres en milliard et millions, d’image d’entreprise, de confidentialité de clients. On ne pouvait pas se permettre une personne bavant sur ces richesses ou fangirlant avec certains clients connus. Cela dit cette mention n’était en rien obligatoire et donnait juste un plus, tout dépendrait du caractère de la personne et de son étique de travail.
C’est ainsi que je me retrouvais ce matin à arriver tôt pour répondre à divers mails avant de rencontrer la première candidate. Et malgré mon avance et ma bonne volonté ce fut moi qui arrive en retard. Une question urgente, un appel téléphonique, des secrétaires qui tardent à faire remonter l’information. Je suis assez tendu quand je rentre dans la salle où une jeune fille rousse attend calmement, mais ce n’est rien contre elle. Cela dit mon humeur joue sur mon degré de sociabilisation. Cela impacte aussi sur le fait que je ne me préoccupe pas de son aura d'animorphe. On est ici pour un entretient pas une rencontre animale.
« Bonjour mademoiselle Faulkner, je suis Marcus Jones. Veuillez m’excuser pour le retard, ce n’était non voulu. »
Mon accent allemand transperce lourdement, bien que je me sois entrainé à saluer les gens et que j’ai une semaine de français brute en poche. Je n’ai pas besoin de m’assurer que c’est elle, j’ai lu son cv et retenu le nom. Et je sais qu’elle s’est présentée comme telle à l’accueil donc autant éviter des questions idiotes pour s’assurer que c’est elle.
« Vous êtes là aujourd’hui pour une entretient d’assistante dans le cadre d’un stage dans l’entreprise. J’ai vu déjà deux autres candidats et l’un d’eux m’a fait la remarque que je ne cherchais pas de l’assistant mais ein… Non, pardon. Un chien. Donc si la fonction ne te plait pas, n’hésitez pas à mettre fin à cet conversation comme ça ni vous, ni moi, ne perdez du temps. »
Je la regarde, m’assurant qu’elle m’écoute et que mon speech soit clair malgré accent et quelques fautes. Puis je reprend.
« Je suis le nouveau directeur de ici, suite à un détournement de fonds. On m’a demandé de venir vérifier et… redresser cette antenne de Porsche. Pour cela je procède à ma manière : je me familiarise avec l’environnement. Ce qui veut dire que je passe dans tous les service, que je rencontre un maximum des travailleurs et que je prends des notes personnels sur ce qui va, ne vas pas, ce qui m’interpelle, des idées d’amélioration ou autre. Je ne suis là que depuis deux semaines aussi la tâche est encore … colossale et le plus gros n’est pas encore fait. Le problème est que je fais ces visites en plus de travail administratif et de gestion de la boite. J’aurais besoin d’un assistant, ou d’une assistante, pour recopier ces notes propre. Les trier par sections ou encore par problème à résoudre. Bref, y mettre de l’ordre. Je ne peux malheureusement pas m’en occuper moi-même en ce moment. »
Je la regarde essayant d’évaluer si cela la dérange, si elle préfère partir ou non. Mais lancé dans ma tirade je reprends quand même avant de conclure :
« D’abord il s’agit surtout de recopier et organiser des notes, mais ensuite vous m’accompagnerez ‘sur le terrain’. C’est une observation et une participation, même si réduite, dans les activités créatrices, financières, publicitaires et autres de la boite. En gros un stage multifacette au sein de Porsche. »
J’inspire. Et voilà. J’ai réussi à dire mon discours sans trop bégayer ou perdre mes mots. En même temps je m’étais entraîné.
« Est-ce que vous êtes intéressée ? Ou vous avez questions ? »
Pseudo : ChristieFaceclaim : Harrisson FordCrédits : maytheavatarsbewithyouMulticompte(s) : Camélia DeauclaireDate de naissance : 13/07/1988 Age : 36Âme soeur :
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Quelqu'un entre. Je lève la tête, le regardant sans insistance mais sans me cacher non plus. Il est plutôt beau gosse. Carrément beau gosse même. Et il a pas l'air commode. Bah. Moi le genre millionnaire sombre qu'il faut dérider, c'est pas mon style et je suis pas là pour ça. Je me lève quand il approche. L'intérêt de ma tenue c'est que je sais qu'elle va tomber correctement et donc je n'ai pas à tirer nerveusement sur ma tunique. Il ne me tend pas la main, je ne fais donc pas de geste pour la serrer.
"Je vous en prie, Monsieur Jones" réponds-je donc tranquillement, balayant ses excuses que nous savons tous les deux de pure forme. Il est en retard, bah écoute il est en retard hein. Je m'en fiche qu'il ait attendu dans son bureau ou qu'il ait vraiment été retenu. Je ne suis pas là pour le juger. Et y a pas eu mort de papillon.
On s'assied, il commence. C'est bien. Souvent y a un silence entre les gens puis on nous dit "présentez-vous" comme si tout n'était pas marqué sur le CV. Celui-là au moins a l'air de faire les choses de façon intelligentes et pas juste pour me déstabiliser. Je le crois un peu plus quand il m'affirme n'avoir pas voulu être en retard. Puis on dit que les allemands ont une sorte de religion de l'ordre et de la ponctualité. C'est bien l'accent allemand que j'entends...je crois.
Il me dit qu'une personne a dédaignée l'offre et qu'il propose une place de chien. J'ai un sourire lorsque je hoche la tête. Attendons de voir. Puis j'aime bien les chiens. Mais s'il s'attend à un canidé il va être surpris. Parce que oui, il est animorphe, je l'ai bien senti et je ne doute pas que lui aussi. Il continue. Je prends des notes au passage. L'habitude des cours, que voulez-vous.
Bon, que veux-t-il.
Recopier des notes sur les gens au propre. Ca j'aime bien. D'abord j'aime bien savoir des trucs sur les gens même si j'en fais rien - j'ai pas fait psycho et socio juste pour faire moche sur mon cv hein. Trier les notes - j'aime bien aussi l'organisation des données. Transformer le chaos en ordre et l'ordre en chaos. Ca me dérange pas. L'accompagner sur le terrain pour observer et ptet faire des suggestions sur des activités de créations, de finances ou de publicité.
C'est moins nul que ce que m'avait vendu la meuf de PE.
"C'est intéressant oui." Je souris, tranquille. "Je suppose que vous avez besoin d'une bonne calligraphie et d'une vitesse de frappe raisonnable selon que vous voulez que l'on recopie vos notes sur un support papier ou numérique. Est-ce que vous êtes plutôt visuel ou auditif ? Avez-vous déjà un début de classement ou bien tout est-il à faire ? Pourrais-je commander, sous votre direction, quelques fournitures pour classer les dossiers ?"
Bon ça c'est le côté boulot. J'espère qu'il est visuel, j'adore les codes couleurs !
"J'ai entendu parler, évidemment, des problèmes de trésorerie de la filiale. C'était un dossier trop beau pour la presse économique. Mais j'ai bien peur que, si je dois travailler avec vous, de devoir en savoir davantage de ce qui a filtré au grand public. Je n'aurais évidemment aucun problème à signer un contrat de non divulgation et de non concurrence."
Je sais comment les grandes entreprises fonctionnent et à quel point ils sont paranoïaques du secret. Je m'en fiche. J'ai pas l'air mais je suis super secrète comme fille.
D'ailleurs ne pas en avoir l'air est une super façon de cacher des trucs. Je conseille.
Je hausse un sourcil quand elle me dit que c’est intéressant. Je ne sais pas si elle se moque de moi. Après le dernier feedback quant à ce poste, je me demande si je n’en demande pas trop. Puis je me dis que je demande ce dont j’ai besoin. Je finirais bien par trouver. Ses questions ont cependant pour effet de dissoudre toute suspicion d’ironie, ainsi qu’une certaine tendance dans les épaules. Aurais-je enfin une intéressée digne de ce nom ?
« Je ne cherche pas du vite, je cherche du bien. Sur le moment, quand on note, il faut aller vite. Mais vu que vous êtes là pour mettre les choses aux propres je n’ai pas besoin que vous soyez vite. »
Je croise mais mains à plats devant moi, et la scrute du regard, vérifiant son attitude et son maintient qui pour moi son également des critères importants. Une certaine tenue, malgré qu’elle ne joue pas les mièvres ou fragiles petites choses. Pas de faux semblants. Une attitude franche mais polie.
« Je suis visuel. Je travaille en Farbcode … Enfin en… Couleur code ? »
Il faudra vraiment que je me fasse au vocabulaire.
« Je n’aime pas les pages remplies de textes. J’aime que les notes soient structurées. Par exemple avec des paragraphes l’un à côtés de l’autre, ou des cadres avec des informations. Pour faire le classement je n’en ai pas encore un. J’ai mon couleur code, que j’aimerais que vous appliquiez par facilité, mais l’ordre est … libre. Et pour le matériel, il est tôt pour en parler. »
Pas de méchanceté dans mes mots, encore une fois de simple faits francs qui répondent à ses questions aux mieux. J’écoute, en fronçant les sourcils, quand elle parle du cas de fraude fiscale.
« C’était prévu. »
Je n’ai rien de plus à dire. Je savais que la personne que je cherchais aurait accès à des données confidentielles. Les contrats rédigés et approuvé par les avocats et le services juridique, attendent déjà dans mon bureau d’être signés. Mais outre la divulgations d’information au public, que les contrats couvraient, il y avait toute une attitude ici en interne qui devait aussi être contrée : chantage, remarques désobligeante, se monter les uns contre les autres, suspicion etc… C’était pour cela que je faisais passer les entretient. J’avais besoin que la personne en face soit… correcte. Et cette jeune demoiselle me semblait cocher toutes les cases.
« Est-ce que vous êtes intéressée ? Par le stage je veux dire… »
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Bien et bah c'est une affaire qui roule. Avec mauvais jeu de mot parfaitement assumé. Tant qu'il y a un code couleur, je me fiche pas mal de reprendre celui d'un autre et s'il veut du visuel, il va être servi. Non, évidemment que je n'utiliserai pas de stylo à paillettes rose qui sent le bubble gum - même si j'en ai un dans ma trousse rien que pour attirer l'attention de Sorcha sur certains produits de courses qui ont tendance à être oubliés parfois. Il cherche ses mots. C'est mignon. C'est rare, ici, de trouver des gens qui ne sont à l'aise ni en français, ni en anglais. Et ça nous rappelle que Montréal n'est pas le centre du monde.
"Je suis intéressée. Au pire, ça me fera une expérience. Au mieux ça me donnera des réponses. Je craignais un poste d'accompagnatrice utilisée pour donner du poids à un dirigeant, lui faire le café et sourire à ses visiteurs, je dois m'avouer heureusement surprise."
Parce que dans le luxe, les femmes, elles servent surtout à faire joli et à faire vendre. Il y a quelques PDG femmes mais ce sont les pire, parait-il. Et le diable s'habille toujours en Prada alors méfiance. Mais lui non. Il me parle comme à un être humain normal. Si ses yeux m'observent ce n'est pas pour jauger la taille de mon soutien gorge, il n'a fait aucune remarque sur mes habits qui ne sont pas conventionnels dans le milieu du luxe même si d'excellente qualité, bref, je le trouve sympathique. Ca doit pas être facile d'être parachuté comme ça, dans un milieu en crise, avec tout ce que ça sous entend pour se faire accepter et les décisions à prendre.
Et puis vient LA question.
Je mentirais si je n'avouais pas m'y être préparée. C'était assez évident. N'empêche que j'ai espéré jusqu'au dernier moment l'éviter car je lui dois d'être honnête et, en même temps, soyons francs, les voitures c'est pas trop mon kif.
"Je pense qu'il y a deux sortes d'automobile. L'objet utilitaire et l'objet positionnel. L'objet utilitaire doit répondre à des caractéristiques précises de fiabilité, de puissance et de vitesse en fonction de l'utilité qui lui sera donnée. On ne cherche pas la même chose dans une voiture de course, un 4x4 ou une citadine. Personnellement je me déplace surtout à vélo et à pied pour des raisons de santé et d'écologie. Montréal est un endroit où la voiture n'est pas indispensable. Ce n'est pas le cas des personnes habitant les banlieues ou la campagne évidemment."
Mon ton est naturel. Si j'ai réfléchi à la question, je n'ai pas prévu de discours et je donne mes idées comme elles me viennent.
"L'objet positionnel sert comme signe extérieur d'une position sociale et économique. Comme une montre suisse par exemple..." je jette un coup d'oeil à son poignet pour voir s'il y en a une, " ce n'est pas tant la qualité du véhicule qui est mis en avant que sa marque, son design et sa réputation. En tant que véhicule de luxe et malgré des performances réelles, comme pour les montres suisses d'ailleurs pour filer la métaphore, c'est dans cette deuxième catégorie que se niche votre marque et c'est pourquoi la réputation autour de l'objet-voiture est tellement importante. Personnellement, je n'irais pas jusqu'à dire que je n'utilise pas d'objet positionnel, nous le faisons tous par convention sociale tacite mais étant une femme, ce ne sont ni les montres ni les voitures qui marquent mon appartenance à un groupe socio-culturel mais plus mes habits, sacs et chaussures. Ce qui ne veut pas dire que je ne sais pas reconnaitre une Porshe d'une Dacia."
A voir si mon approche sociologique lui parle, maintenant. Et s'il n'est pas de ces hommes qui ont peur des filles avec un cerveau parce que si c'est le cas, no way, on ne pourra pas bosser ensemble.
Je hoche la tête quand elle me dit être intéressée. Intérieurement je suis soulagée d’avoir trouvé quelqu’un qui est intéressé mais j’attends de voir ce que ça donnera. En attendant elle semble comprendre que le boulot n’est pas juste du gratte papier. Puis je veux un peu savoir ce qu’elle pense, ou connait, des voitures. Quand elle commence à parler je hausse un sourcil et me laisser aller contre mon dossier pour l’écouter. Je hoche la tête en accord avec ses idées, en effet chaque type de voiture correspond à des besoins spécifiques. Puis elle parle de montre. Mon sourcil est toujours haussé. A mon poignet ce n’est pas une montre suisse. Elle est allemande mais de très bonne qualité. Artisanale.
« Vous pensez que Porsche n’est qu’un objet de statut ? »
Alors oui certes, la marque a gagné en renommée, mais il n’empêche que depuis des années nous misions aussi sur la qualité de la voiture. Mais au fond elle n’a pas tort.
« Ce n’est pas faux que la marque à une réputation et une clientèle cible, mais nous misons aussi fortement sur la qualité et avons plusieurs modèles différents en fonction. Nous avons des berlines, des citadines, des 4x4, des voitures plus sportives et des voitures plus pratiques. C’est l’un des points que j’aimerais aussi améliorer : montrer que Porsche est aussi qualitatif que ‘connu’ si je peux dire. En tout cas vous avez une approche très intéressante. »
Je hoche la tête et lance un regard à ma montre. Je ne suis pas pressé, mais elle à su me convaincre en très peu de temps.
« Qu’avez-vous à dire sur les tâches que j’ai citées ? Vous avez des idées ? Vous pouvez me dire comment vous feriez pour les mettre en ordre ? »
Autant voire concrètement comme elle ferait. Mais bon autant dire que c’est sa dernière étape avant que je ne commence à parler horaires.
Pseudo : ChristieFaceclaim : Harrisson FordCrédits : maytheavatarsbewithyouMulticompte(s) : Camélia DeauclaireDate de naissance : 13/07/1988 Age : 36Âme soeur :
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Elle savait que la question allait se poser et cela ne manqua pas. Evidemment qu'en traitant la marque d'objet positionnel, l'autre allait se demander si elle ne la traitait pas de camelotte. C'était mignon d'ailleurs comme il tentait de la convaincre de la qualité de son produit. Alors qu'elle ne conduisait pas et n'avait pas du tout l'air d'une potentielle cliente. Lili la Mini-Cooper de sa soeur leur était suffisante. Ea, de son côté, préférait toujours courir. Mais elle se plia à l'exercice avec un sourire tranquille. Elle aimait bien ce que dégageait cet homme. Ce mélange de sérieux, de rigueur et de bienveillance cachée. Il ne jugeait pas. Pas encore. Il voulait bien faire et aimait son entreprise, ça se sentait. Elle voulait bien bosser pour un type comme ça, même si c'était encore un quadra cis hétéro blanc toussa.
"Je pense que l'image de Porsche est celle d'un objet positionnel mais cela ne veut pas dire que je pense qu'il n'est question que d'apparence. La montre suisse, pour reprendre mon exemple, est un objet positionnel parce que la montre à quartz permet le même résultat pour bien moins cher. Ce n'est pas que les montres suisses sont moins performantes que les montres à quartz, c'est qu'en plus, autour, elles sont une oeuvre d'art."
Il regarde sa montre. Je vois qu'elle n'est pas suisse mais pas à quartz non plus. Un filou ce Marcus. Ca me fait sourire encore, cette fois avec les yeux qui pétillent en bonus. J'ai besoin d'une seconde au moins pour reprendre mon sérieux.
"Je pense que je les organiserai d'abord sur un tableau pour les regrouper. Même si je préfère le matériel, pour des raisons de confidentialité, un groupe de post-it virtuels par ordinateur serait plus efficient. Il faudra faire un dossier par employé avec un code couleur pour son rang et un code couleur d'écriture pour la confiance à lui accorder. Ensuite, je proposerai un trello pour organiser les tâches que vous avez en filigrane. Pour chaque rendez-vous, enfin, je pourrais vous sortir en amont les informations que nous avons déjà sur le service et les personnes que vous aurez à rencontrer ce qui vous permettra d'étudier le terrain avant de vous y jeter et d'éviter les moments gênants et les faux pas."
Elle avait encore plein d'idées mais elle aurait besoin d'un peu de temps pour les mettre en place et d'apprendre un peu plus à connaître son futur employeur. Si employeur il y avait...
Mademoiselle Faulkner et moi-même avons une conversation des plus passionnantes sur les objets positionnels et pratiques. J’aime bien son point de vue. Et j’aime le fait qu’elle exprime clairement ce qu’elle pense, dans une très bonne élocution, sans hésitations. Et surtout sans jugement. La politesse et la qualité. Deux caractéristiques que je valorisais entièrement. En attendant, je ramenais la conversation sur le travail, essayant de voir si elle visualisait la chose. Ce qu’elle fit haut la main. Je hoche la tête, connaissant très bien le programme Trello. Excellente initiative !
« Très bien. Je suis très satisfait de Trello, c’est un bon programme. Vous connaissez notion ? »
Un autre programme assez pépite pour ceux qui aiment l’organisation. En attendant dernière question pour elle :
« Vous attendez quoi de ce stage ? Une expérience ? Un poste ? Des contacts ? »
Mais soyons clair, elle était déjà embauchée et je doute fort que sa réponse n'y change quelque chose.
Pseudo : ChristieFaceclaim : Harrisson FordCrédits : maytheavatarsbewithyouMulticompte(s) : Camélia DeauclaireDate de naissance : 13/07/1988 Age : 36Âme soeur :
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"Je connais Notion mais j'avoue ne pas être rassurée de son utilisation des Intelligence Artificielles. Celles-ci communiquent certainement entre elles et si je dois avoir accès à des données sensibles, je préfère limiter au maximum le risque de cyber-fuites."
Elle était la soeur de Sorcha. Si elle n'avait pas ses capacités techniques et son intelligence aiguisée, elle avait bien compris les dangers et les enjeux du nouvel or numérique, la connaissance. Ces derniers temps, les questions éthiques et de droit d'auteur pullulaient autour des AI et de leur utilisation de la vaste base de donnée qu'était internet.
Et puis, pour être franche, elle avait moins eu l'occasion de jouer avec notion mais elle pourrait s'y mettre si c'était que ça. Elle était plutôt adaptable, c'était l'une de ses forces. Et puis vint la question qui la mit en difficulté, la première. Elle réfléchit.
"Je vais être honnête. Je suis venue passer l'entretien parce que ma conseillère m'y a obligé. Je suis actuellement en train de me chercher professionnellement. J'ai fait plusieurs essais d'études qui n'ont pas été concluant, pas parce que je ratais mes examens mais parce que j'avais du mal à y trouver du sens. J'espère que ce stage me permettra d'y voir plus clair sur ce que je peux faire pour trouver ma place dans la société."
Je hoche la tête face à son analyse. Bon point. Cette fille s’y connaissait dans les deux outils principaux que j’utilisais. C’était un avantage. Et même si les notes ne finissaient pas sur notion, tant que tout était propre j’étais content. Puis je lui demandais ce qu’elle voulait de ce stage. Je l’écoute avec attention, les coudes sur la table et les mains jointes devant mon menton.
« Je vais être honnête aussi. Vous êtes la premier candidate qui me satisfait. J’aimerais signer contrat avec vous. Mais je ne veux pas que vous me lâcher au bout de deux semaines. Est-ce que le description vous donne sens ? »
Je ne voulais pas qu’elle me lâche au bout de deux semaines. Je voulais qu’au moins elle finisse le stage ou le travail demandé. Même si ce n’était pas ce qu’elle aimait. Je ne voulais pas la convaincre d’aimer Porsche ou ce travail précisément si ce n’était pas fait pour elle. Je n’avais pas le temps de chercher quelqu’un d’autre. Enfin après elle semblait intéressée parce que j’avais à proposer et semblait y voir clair dans ma demande.
« Je n’ai pas le temps de recommencer… »
Je fis un geste pour englober la pièce, voulant dire des entretiens d’embauche et autre.
« Si vous promettez de finir ce travail avec moi, je vous prends. »
Je savais que je pouvais être exigent. Je savais que j’avais une éthique de travail très rigide. Mais je préférais qu’elle a le choix avant de s’engager dans quelque chose qui ne pourrait pas lui plaire. Je ne voulais pas qu’elle souffre en venant travailler ici.
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Elle se sentit un peu nerveuse. Etre honnête en entretien d'embauche ce n'était pas, et de loin, ce que recommandaient les agences de réinsertion et encore moins sa conseillère. Seulement elle avait de l'empathie pour cet homme. Elle ne voulait pas d'une relation qui serait partie sur un mensonge. Elle ne connaissait rien aux voitures, elle avait des notions sur le luxe mais du côté de la clientèle, elle n'avait pas rêvé toute sa vie d'être secrétaire. Qui le faisait. Quelle petite fille, quel petit garçon disait fièrement en soirée "moi je veux être secrétaire" ? Personne. Alors elle n'allait pas faire genre c'était le but ultime de sa vie. Ce serait idiot en plus d'être malhonnête. Finalement, il répondit avec la même honnêteté. Et une compréhension qui la confortait dans son idée d'accepter le job.
"La description est nettement plus intéressante que ce qu'en avait faite mon conseiller." répondit calmement la jeune femme, de plus en plus désireuse d'avoir ce boulot. Cet homme lui plaisait bien. Il parlait à ses principes et elle sentait qu'elle pourrait l'aider. Or elle avait terriblement besoin de se sentir utile à quelqu'un et ce n'était pas sa jumelle qui pourrait lui donner ce sentiment. En plus, il semblait accepter ce qu'elle lui disait sans le prendre mal, s'intéressant surtout à s'assurer qu'elle ne laisserait pas tomber.
"Je m'engage donc à rester tout le temps que durera mon contrat initial. Si vous voulez qu'on rajoute une contrepartie monétaire si je devais démissionner, j'en suis d'accord." L'argent, pour Eadaoin, c'était pas un problème. Encore moins quand elle donnait sa parole car elle faisait alors tout son possible pour la tenir.
Après tout, un stage, ça durait combien de temps ? Un an grand maximum ? Même si le boulot ne lui convenait pas, ça lui laissait toujours le temps de réfléchir à ce qui lui conviendrait mieux tout en lui évitant de tourner en rond dans l'appartement. Elle espérait faire l'affaire par contre. S'ils devaient ne pas s'entendre et que Monsieur Jones décide de se séparer d'elle, il devrait quand même "tout recommencer" sans parler de la déception qu'elle ressentirait, elle, à l'idée d'échouer...
La jeune femme me semble sérieuse et appréciable. Je hoche donc la tête quand elle me dit s’engager. Je m’empare des feuilles devant moi et les fait claquer sur la table pour les mettre au même niveau. Je prends un ensemble attaché avec une agrafe et le lui tend :
« Alors, voici votre version contrat. Et la mienne. J’ai déjà signé. Vous pouvez le faire ici. »
Je lui tends un Bic en indiquant le bas de la page 2. Autant clôturer cet entretient sur la signature de ce fameux contrat.
« Eh bien, Fraulein Faulkner, bienvenue chez Porsche ! »
Je lui tends la main et hoche la tête en signe de scellage de contrat avant de reprendre ma copie, lui laissant la sienne.
« Vous commencé lundi prochain. A 8h30, je vous ferais visiter les locaux. Soyez là avant. »
Bien que mon visage reste neutre, et mon ton un peu bourru avec l’accent, c’est un conseil bienveillant que je lui donne et non pas un ordre.
« Je vais vous accompagner à l’accueil, pour badges. »
Je lui ouvre la porte avant de lui emboiter le pas et nous dirige vers l’accueil où je demande qu’on lui prépare tous les badges nécessaires pour qu’elle ait accès au bâtiment lundi. J’indique aussi aux deux dames de la réception que Eadouin à obtenu le poste et qu’elle sera donc ma nouvelle stagiaire. Sous-entendu : qu’elles ne la remballent pas. Les deux ont un regard surpris, mais hochent la tête professionnellement. Lorsque tout sembla en ordre je prends congé de ma nouvelle recrue.
« A lundi ! »
En espérant que cette collaboration soit aussi prometteuse qu’elle en à l’air.