Lorsque Julian revient, la demoiselle semble profondément endormie, et il ne tarde pas à avoir l'explication :
Je suis désolé, elle était hystérique, il n’y avait que ce moyen pour éviter qu’elle n’en vienne à se faire du mal par accident. Dès que vous disparaissez, elle panique complètement. Il va falloir trouver une solution. Bien entendu, nous pourrions la garder sous camisole chimique dans un asile, mais elle ne risquera pas de vraiment progresser facilement.
Ah. L'inspecteur grimace ; ça se complique, cette affaire... Mais il peut toujours demander de l'aide à son chef s'il passe s'assurer que tout va bien. Le médecin renchérit :
Elle va dormir jusqu’à demain matin. Vous pouvez vous considérer tranquille jusque huit heures du matin, pour le moins. Je ne sais si vous souhaitez être présent à son réveil…
Je serai présent à son réveil pour la rassurer, mais j'ai un appel à passer à mon chef afin de pouvoir en discuter avec lui. On doit pouvoir la mettre en sûreté dans une de nos planques, quitte à ce que je vienne la voir tous les jours, et je lancerai des recherches pour retrouver sa famille si elle en a une. C'est le moins que je puisse faire.
Faites donc, ça reste le mieux.
Julian acquiesce, puis prend congé du médecin pour aller s'isoler et passer un appel à son chef avant de le voir arriver dans le hall d'accueil de l'hôpital, ce dernier lui lançant sans détour :
Smith m'a prévenu que vous devrez rester près de notre amnésique cette nuit, mais vous feriez mieux de dormir un peu... Je veux votre rapport sur la situation.
Julian, glissant les mains dans les poches de sa veste, secoue la tête et répond :
C'est un peu confus, je l'admets. Je ne sais pas si cette demoiselle est liée à nos braconniers, mais elle est totalement amnésique, blessée sans trop de gravité, et... elle panique dès que je m'éloigne. Ils ont dû lui donner un tranquillisant.
Bon, je vais pas vous mentir, Kane, ça ne me plaît qu'à moitié cette histoire. Je suppose qu'il faudra la mettre en sécurité quelque part et lancer un avis de recherche pour retrouver sa famille, si elle en a une.
Oui, monsieur. Peut-être qu'une de nos planques est disponible pour l'accueillir, le temps que ça se tasse ? Quitte à ce que je vienne la voir tous les jours.
Je vois ce qu'on a en magasin. Mais il va falloir que vous lui expliquiez que vous ne pouvez pas être présent auprès d'elle tout le temps, vous avez encore du travail qui vous attend. Eventuellement, je veux bien que vous alliez la voir le matin et le soir, mais je vous veux au travail le reste de la journée.
Bien, monsieur. Et pour l'avis de recherche ?
Je m'en occupe, ce sera prêt demain matin. Je crois que votre sœur est journaliste ? Peut-être que vous pouvez le lui transmettre pour qu'elle le mette dans son journal ou son blog, ça touchera encore plus de monde.
Entendu, monsieur.
Bien. Je m'occupe de la planque, ce sera aussi réglé demain matin. En attendant, reposez-vous, vous en avez grandement besoin.
Julian hoche la tête, souriant légèrement, et son chef, satisfait, tourne les talons pour rentrer et donner ses ordres, pendant que Julian reprend place près de la demoiselle, s'installant dans le fauteuil présent dans sa chambre avant de s'endormir rapidement, les bras croisés. Demain est un autre jour, mais en attendant, il profite d'avoir un peu de temps pour récupérer un peu de ses dernières courtes nuits pour boucler les braconniers, assuré que la demoiselle était en sécurité à l'hôpital pour le moment...