Si Dagmar devait laisser un avis sur l'âme soeur comme on laisse un avis sur Amazon, ce serait "1 étoile sur 5 parce qu'on ne peut pas mettre 0. Produit non conforme à la description. Remboursez moi et rendez-moi le temps qu'il m'a fait perdre." Elle y a cru. Elle y a tellement cru. Avec tout son coeur, avec tout l'espoir que l'on peut mettre dans une telle promesse qu'un amour parfait entre deux êtres. Tout s'est écroulé quand elle l'a rencontré. Il ne l'a pas rendue heureuse, il ne l'a pas aimée. Et il est mort rapidement après leur dernière rencontre. Après le deuil (bien trop long si on lui demande son avis), quand le silence s'est fait et que la marque est devenue floue, le soulagement s'est installé. Elle s'est mise à mieux respirer et à trouver un rythme qui lui convient avec les hommes: Elle ne leur laisse aucune chance de l'approcher romantiquement parlant. Ca ne l'intéresse plus.

Elle en avait une, qu'elle n'entend plus depuis quasiment dix sept ans maintenant. Ce silence n'est pas pesant. Il a été libérateur, puis apaisant et à présent, c'est un vieil ami. Si un jour elle se remet à entendre une chanson, elle ne souhaite pas rencontrer l'autre âme soeur. Elle s'est fait avoir par le destin une fois. C'était une fois de trop.
 

Plusieurs tatouages en rapport avec la mythologie nordique. Des entrelacs sur ses côtes droites pour cacher les cicatrices qui s'y trouvent, les corbeaux Huggin et Munnin sur l'épaule gauche, un sur chaque face. Mjöllnir au creux du coude droit. Seule exception: "Primo, Non nocere" inscrit à la base de sa nuque. Elle mesure 1m55. Elle a subit une ablation partielle de la 5eme côte, du côté droit ainsi qu'une hystérectomie.
   
    Autant sur un plan personnel que professionnel elle sait ce qu'elle veut, comment l'obtenir sans vendre son cul ni marcher sur la tête de quelqu'un d'autre. Elle fait partie de ce petit groupe de personnes dotées d'un sang froid exceptionnel. La pression, elle trouverait ça presque stimulant. La faute aux compétitions de judo. La faute aussi à une nature calme et pragmatique. Dagmar fait passer les faits avant les émotions et les ressentis. Aussi bien les siens que ceux des autres. L'exigence qu'elle a envers elle même on la retrouve dans ses attentes envers les autres professionnels, chose qui a tendance à déplaire à ceux dont les standards ne rencontrent pas les siens et qui qualifient Dagmar de "connasse arrogante et hautaine". Pour la poignée d'heureux élus qui peuvent la compter parmi leurs amis proches, ils connaissent une femme généreuse, loyale et attentive avec un cœur immense.

     ya plus grand chose d'abstrait qui l'effraie dans la vie de tous les jours. Elle pourrait répondre que perdre ses proches l'angoisse et c'est vrai. Elle ne veut pas que Lurch, son Mastiff du Tibet ne tombe malade. ou qu'il lui arrive quelque chose qui l'arracherait à elle avant son heure naturelle, qu'elle imagine le plus tard possible, le plus paisiblement possible, dans son panier, de vieillesse. Elle ne sait pas ce qu'elle ferait si elle ne pouvait plus être médecin et pratiquer la chirurgie. En dehors de réparer des corps, elle sait les détruire et croyez-la: la seconde option si elle défoule, est bien moins marrante.

    Arrêter de fumer ou du moins sérieusement ralentir sur la clope. Se gaver de pizza et pas grossir, se mettre sérieusement au Krav Maga, être une meilleure enseignante pour les internes, ne jamais au grand Jamais ne remettre un orteil en Norvège. Refaire une campagne MSF, mais pas en zone de guerre. guérir de son stress post traumatique.

La famille est pour elle un concept étrange. Elle n'en a pas vraiment eu, sans toute fois manquer d'amour. Ses parents sont décédés avant qu'elle ne puisse les connaitre, ses grand parents sont morts quand elle était jeune. Tout ce qui lui reste de son sang, c'est un lieu de naissance sur l'île qui a vu sa mère grandir et vivre la majeure partie de sa vie, et le nom de famille de son père. Sa grand mère paternelle, est "partie" quand Dagmar avait 15 ans. Elle a été élevée par son parrain, l'homme qui était présent lorsque sa mère est décédée. Il était plutôt distant, souvent absent. A cause de son métier: Militaire. A l'adolescence, ça lui a manqué, d'avoir quelqu'un à la maison pour l'aider à passer le cap de l'âge où on ne sait pas vraiment qui on est, ni ce qu'on veut faire.
    A l'âge où les autres petites filles jouaient avec des Polly Pockets, Dagmar allait au bébé judo. Elle a commencé tôt: 3 ans. A cet âge là, ce n'est pas vraiment le gamin qui décide. C'était bien pratique pour la défouler un bon coup avant de rentrer à la maison et qu'elle ne dorme bien, mais elle y a prit goût et rapidement, elle a été douée.
Dès qu'elle a eu l'âge d'aller en compétition, ses efforts se sont dirigés vers la seule issue possible: la victoire.  C'est comme ça qu'à 18 ans on sort du circuit de la compétition avec cinq titres nationaux et trois d'Europe et qu'on fait hurler de désespoir son entraineur parce qu'on s'est engagée dans l'armée. Lui qui rêvait de titres mondiaux et d'Or olympique par association...
Dagmar ne s'est pas engagée par amour du drapeau. Elle l'a fait par ce qu'elle voulait suivre les traces de l'homme qui l'a élevée et devenir médecin. En faisant cela, elle renonçait (jusqu'à ses 25 ans) à un héritage plus que conséquent qui lui aurait permit de vivre confortablement de rentes si elle faisait des études d'économies ou de droit. Pour le côté maternel et blindé de thune de sa famille, qu'elle sache comment quasi frauder le fisc était plus important dans la vie que de sauver des vies.  

Pas aux siens.

    Elle a prit des cours de piano entre ses 3 et ses 18ans. Selon sa grand mère, c'était un bon moyen d'habituer à avoir deux mains qui travaillent séparément et simultanément et excellent pour le développement du cerveau. Si quand elle était gosse, elle en avait un peu rien à faire de Chostakovitch et les autres lugubres qu'on la forçait à jouer, quand elle a commencé médecine, ça lui a bien facilité la vie. Elle a récemment recommencé à jouer un peu.

   Le retour à la vie civile a été et reste compliqué. Elle a eu du mal à gérer son temps. Avant l'armée: l'école et le sport cadraient ses journées. Aller à l'école, Aller à l'entrainement, dormir, répéter. A l'armée, ses journées étaient rythmées par les manoeuvres, le sport et les études. Dans le civil, une fois la journée de travail terminée, elle avait trop de temps à elle. Son chef de service devait la forcer à rentrer chez elle parce qu'il n'en pouvait plus de la retrouver roulée en boule sur un coin de canapé de la salle de pause.

Sans compter que quand elle est revenue dans le civil, elle revenait quasiment de quatre ans dans les coins les plus sensibles d'Afghanistan. C'est pendant son très bref retour en Norvège où son sommeil s'est troublé, où tout ce qu'elle avait vécu là-bas s'est véritablement manifesté. Les bombardements, les attentats, l'état indescriptible des corps qui arrivaient entre ses mains, le manque de tout: d'eau, de lumière, de matériel, de mains, de sommeil...

Et pourtant, elle y est retournée, sous ces bombes.
   
   Dagmar a fait partie de la deuxième compagnie du Sanitetsbataljon de la Brigade Nord, en tant que chirurgienne traumatologue. Elle a été déployée trois fois sur des opérations de soutient à l'armée américaine. Son unité étant autant une unité de soins que de combat, leurs missions ne consistaient pas exactement à enfiler des perles et mettre des pansements Batman sur des bobos. Elle s'est portée volontaire pour trois déploiements et quand elle a été blessée au ventre au court du dernier, elle a insisté pour repartir directement au front une fois que sa période de convalescence a été terminée. Période de convalescence qu'elle a passé à rédiger un rapport sur une nouvelle méthode pour limiter les amputations. Quand la possibilité d'y retourner pour une campagne Médecins Sans Frontières s'est présentée, Dagmar a tout fait pour être du voyage. Elle a tout fait: Elle a mit en avant sa connaissance du terrain, de la langue, des coutumes locales... Tout argument était bon à avancer tant que ça l'emmenait loin de la Norvège.
   
   Alors vous allez rire, mais sous les bombes afghanes, Dagmar dormait bien, aucun cauchemar ne venait troubler ses nuits. Elle respirait bien, n'avait pas mal dans les côtes. Peut importe les attentats et autres attaques. Cette campagne, c'était se tenir dans l'oeil d'un cyclone. On a vécu tout un tas de merde, on sait que la merde ne va pas tarder à se rappeler à son bon souvenir. On sait que ça arrive. Il y a une étrange sécurité à savoir que tout va se barrer en couille au pire moment.
   
   En revenant de cette campagne, Dagmar n'est pas rentrée en Norvège. A la place, elle a rejoint en Inde le photographe qui avait été son ombre pendant quatre des douze mois de cette année à MSF. Au vu de l'amitié solide qui s'était installée entre eux, et du grand besoin de vacances de Dagmar, elle n'a pas hésité une seule seconde quand il lui a proposé de venir, l'accompagner lui "et un pote". Au final elle est rentrée d'Inde avec un bronzage magnifique, en ayant retrouvé son poids de forme, la certitude qu'elle ne reviendrait jamais en Norvège, et un deuxième italien préféré.

Je porte le pseudo de Celestial Thunder, j'ai un âge qui n'est pas avouable quand on est une lady, j'habite enFrance. Je suis une lady! , mes pronoms sont "Elle". J'ai connu le forum via...>Ses fondateurs. Je serais disponible pour m'éclater avec vous quasiment tous les jours..
Un mot de la fin? J'vous kiffe tous fort.