Il s'était perdu dans les rues comme d'autres se perdent dans leurs souvenirs. Ici, tout était nouveau. Tout était différent. Du français coloré que parlaient les natifs avec un accent pire encore que celui de la côte d'azur jusqu'à l'émotion qui le saisissait sans cesse, tordait son estomac, lui mettait des étoiles dans les yeux et le faisaient sourire. Enfin, il était libre. Enfin, il était lui. Ils étaient deux. Même quand il était seul, il avait cette marque. Cette marque qui lui rappelait sans cesse que les années de deuil étaient terminées. Qu'il pouvait vivre à nouveau.
Et l'appel de l'alcool, derrière, qui ne le quittait pas. Pour fêter les retrouvailles. Pour passer le temps pendant qu'elle n'était pas là. Pour gouter les spécialité régionales. Avait-il seulement besoin de se justifier, à son âge. Lorsque le démon frappait, il tentait de son mieux de lutter. Ses mains tremblaient. Son coeur s'accélérait. Il lui fallait accélérer le pas, pincer les lèvres, penser à autre chose.
C'était ainsi qu'il avait découvert le Gugusse et Guenilles. Un petit antiquaire posté non loin d'une cave à fin qui lui avait fait de l'oeil. Rien que le son de la cloche lorsqu'il poussa la porte était différent des autres. C'était une clochette argentée. Peut-être en argent réel. Son son cristallin fit à l'oreille exercée d'Arkadiy le même effet qu'un saut d'eau sur la tête. Il se détendit. La vague de manque recula, prête à fondre sur lui à une nouvelle occasion.
"Bonjour, je peux vous aider ?" Le vieil homme qui tenait le magasin avait la tête que l'on imaginait pour tous les tenanciers de pareils établissements. Doucement, le musicien sourit, ses doigts gantés de soie frôlant machinalement un service à thé en porcelaine de Limoges. Les dessins fleuris lui rappelèrent l'Izba où il avait passé tant de temps, plus jeune.
"Je regarde." répondit-il tranquillement, sa voix chaude se perdant dans la poussière du mur. "Comment vont les affaires ?"
"Pas très bien j'en ai peur. La seconde main passe maintenant par des sites internets et des grandes enseignes. Personne n'a d'intérêt pour la vieillerie d'art. J'ai bien peur de devoir fermer quand je prendrais ma retraite. Avant peut-être même si l'épidémie s'en mêle."
"Dieu nous en préserve." reprit doucement Arkadiy. Il attrapa une lampe recyclée à partir d'une lanterne de train en cuivre. La reposa précautionneusement. C'est alors qu'il vit la pépite de l'endroit. Un violon. Tzigane visiblement. Usé bien sûr. D'un siècle au moins. Que faisait-il ici. Pourquoi ? Si ce n'était pour qu'il le trouve ? Sonnait-il bien seulement ? "Vous avez beaucoup d'instruments de musique ?" Il désigna son trésor.
"Parfois. Des héritages ou bien des jeunes qui reçoivent l'instrument à un anniversaire, s'en lassent et le revendent contre une console de jeu."
"Je vois..."
Et l'appel de l'alcool, derrière, qui ne le quittait pas. Pour fêter les retrouvailles. Pour passer le temps pendant qu'elle n'était pas là. Pour gouter les spécialité régionales. Avait-il seulement besoin de se justifier, à son âge. Lorsque le démon frappait, il tentait de son mieux de lutter. Ses mains tremblaient. Son coeur s'accélérait. Il lui fallait accélérer le pas, pincer les lèvres, penser à autre chose.
C'était ainsi qu'il avait découvert le Gugusse et Guenilles. Un petit antiquaire posté non loin d'une cave à fin qui lui avait fait de l'oeil. Rien que le son de la cloche lorsqu'il poussa la porte était différent des autres. C'était une clochette argentée. Peut-être en argent réel. Son son cristallin fit à l'oreille exercée d'Arkadiy le même effet qu'un saut d'eau sur la tête. Il se détendit. La vague de manque recula, prête à fondre sur lui à une nouvelle occasion.
"Bonjour, je peux vous aider ?" Le vieil homme qui tenait le magasin avait la tête que l'on imaginait pour tous les tenanciers de pareils établissements. Doucement, le musicien sourit, ses doigts gantés de soie frôlant machinalement un service à thé en porcelaine de Limoges. Les dessins fleuris lui rappelèrent l'Izba où il avait passé tant de temps, plus jeune.
"Je regarde." répondit-il tranquillement, sa voix chaude se perdant dans la poussière du mur. "Comment vont les affaires ?"
"Pas très bien j'en ai peur. La seconde main passe maintenant par des sites internets et des grandes enseignes. Personne n'a d'intérêt pour la vieillerie d'art. J'ai bien peur de devoir fermer quand je prendrais ma retraite. Avant peut-être même si l'épidémie s'en mêle."
"Dieu nous en préserve." reprit doucement Arkadiy. Il attrapa une lampe recyclée à partir d'une lanterne de train en cuivre. La reposa précautionneusement. C'est alors qu'il vit la pépite de l'endroit. Un violon. Tzigane visiblement. Usé bien sûr. D'un siècle au moins. Que faisait-il ici. Pourquoi ? Si ce n'était pour qu'il le trouve ? Sonnait-il bien seulement ? "Vous avez beaucoup d'instruments de musique ?" Il désigna son trésor.
"Parfois. Des héritages ou bien des jeunes qui reçoivent l'instrument à un anniversaire, s'en lassent et le revendent contre une console de jeu."
"Je vois..."