Leila inspire lentement puis expire avec la même lenteur. Elle tente de faire passer un mal de crâne qui la tenaille depuis une bonne heure. C'est toujours comme ça, le mercredi à partir de 15h30.  Elle se dirige vers son meuble à goûters, celui qui est le plus éloigné possible de son bureau sinon elle passerait la journée à grignoter. Elle se prend  deux pâtisseries, lance une tournée 'eau chaude et se choisi un sachet de thé.

Il faut qu'elle se reconcentre sur les éléments que les enquêteurs du cabinet ont trouvé pour son affaire en cours. L'affaire est plutôt simple, et là encore, le rôle de Leila va être de simplement limiter les dégâts au maximum. Elle a déjà réussi à faire plaider coupable à sn client, le reste ne devrait pas être bien compliqué.

Son assistante arrive avec un post it dans les mains.

"Désolée de te déranger, mais la police vient d'appeler et ils ont besoin de documents sur Bruno Morales..."

"Sérieusement? Il est déjà en prison, qu'est-ce qu'il leur faut de plus?"

"En fait, il semblerait qu'il soit récemment sorti et qu'il s'est déjà fait choppé..."

Leila soupire, regarde son agrafeuse en forme d'hippopotame d'un air las. Elle trouve un peu de réconfort dans le placement des jambes de l’agrafe au niveau des canines de l'animal et en se rappelant que quand elle "mord" le papier, ses oreilles se couchent en arrière. C'est jusque présent l'un des meilleurs usages qu'elle a fait de son salaire. Trois dollars de bien dépensés.  Elle se lève, va prendre un de ses thermos, vide son mug de thé dedans et prend le dossier de B. Morales.

Bon... Quel poste de police?

Heureusement, son assistante lui indique un poste qui n''est pas très loin du cabinet, ce qui est parfait pour elle qui déteste les transports en commun mais adore marcher. Après tout, une bonne petite balade ne lui fera pas de mal. Elle a du temps avant le début du procès de son client actuel. Prendre l'air calmera sans doute sa migraine et la rendra plus productive quand elle se remettra au travail. (très certainement le lendemain, vu l'heure.)


Leila arrive, et d'un coup, à peine la porte du poste poussée, sent la colère qui était montée tout le chemin jusqu'au poste s'évanouir. Hmmm... Sa mamie disait souvent que l'indifférence est pire que la colère et oui. Même si son ancien client est un abruti, s'en foutre de ce qui peut lui arriver maintenant semble une punition plus adaptée. "Joues à des jeux de cons, gagne des prix de cons" comme on dit. Elle trouve ça dommage que ce cher Mr Morales n'ait pas su tenir un peu plus longtemps avant de replonger.

Dans l’ascenseur, elle croise le très flippant Lieutenant Sharp (ça va mieux avec lui depuis qu'elle sait qu'il est plus gentil qu'il n'en a l'air) et le salue. Plusieurs personnes la regardent un peu trop fixement alors qu'elle traverse l'open space vers de bureau de l'agent d'accueil et Leila commence à se demander si elle 'a pas une tâche sur son tailleur ou si elle a perdu une boucle d'oreille. Vu qu'elle ne se sent pas plus légère d'un côté ou d'un autre de sa tête, non. ça n'est pas ça...

"Bonjour, je suis attendue par l'Inspecteur Kane. Maitre Leila Singh."

l'homme de l'accueil se lève, lu ouvre et la guide au travers des openspaces. Il y a quelque chose d'électrique dans l'air qu'elle n'avait jamais ressenti en venant ici. Elle est tellement distraite qu'elle ne remarque pas que le policier qui l'a guidée s'est brusquement arrêtée et elle se cogne dans son dos. Elle lâchée un "désolée" accompagné d'un sourire maladroit.

"Vous devez être l'inspecteur Kane? Maitre Singh. Vous avez appelé mon bureau pour me demander de passer par rapport à votre suspect, Bruno Morales"

Et Leila est bien contente d'avoir réussi à dire ça sans avoir l'air trop potiche