Oskari surprend le regard de Jake alors qu'il range son portable. Un semblant de sourire s'equisse.

Un peu fatigué, mais ça va.

Le premier reflexe d'Oskari, quand on lui demande si ça va est de dire que oui, de minimiser, de détourner l'attention de son état... Il n veut inquiéter personne.  Seulement, maintenant, Oskari, devant l'insistance de Jake n'arrive pas à se résoudre à enfouir ce qui en est vraiment.

Non...

Oskari va tout de même élaborer. Parler de ce qu'il ressent ne va pas empirer les choses, au contraire, si en parler et ne pas tout garder pour lui peut éviter que des situations banales ne deviennent source de non-dits et de souffrances, autant le faire...

J'ai eu peur, en voyant ton appel que, finalement tu avais une urgence de dernière minute et que tu ne pourrais pas venir ou que tu ne voulais plus venir. J'avais vraiment hâte de te voir.

Et c'est rien de le dire. Il marque une pause, le temps de formuler les choses d'une manière qui ne le mettra pas en PLS et qui ne fera pas peur à Jake...

Depuis que t'es parti, je suis totalement à côté de moi-même, comme si j'étais à peine dans mon propre corps, engourdi, mes émotions mélangées au point où je ne sais plus les différencier.... Tout ce que je fais n'est qu'automatisme. J'évite mon reflet.

Sa barbe a clairement plusieurs semaines de pousse, un peu plus grise qu'avant...

J'en suis à manger les céréales directement dans la boîte, à dormir dans la chambre d'amis. J'ai beau changer les draps, je peux pas dormir dans notre lit. L'incertitude me bouffe...

Inspiration, expiration. Il ferme les yeux, se masse les paupières inférieures un instant. Il a besoin de se calmer.

Ça va pas, mais je fais semblant que si. Je me noie dans le travail pour ne pas devenir dingue... C'est la seule chose qui fait encore sens. Bref... T'es là alors ça va mieux.

"feindre jusqu'à y arriver", conjurer toute sa résilience, dans un sourire rassurant. C'est promis, ça finira par aller mieux. Il faut qu'il croit que ça ira mieux sinon ils ne se sortiront pas de cet enfer où personne n'arrive à communiquer.

Il y a autre chose qu'il doit dire.  

Je suis désolé pour avant hier soir. J'ai pas été à la hauteur.

Ils n'auraient pas dû se quitter comme ça, la conversation n'aurai pas dû se passer ainsi. Il aurait pu sortir la tête de son cul et rejoindre Jake au milieu du chemin plutôt que de camper sur ses positions comme un crétin. Quand il a vu Jake ce soir là, il s'est transformé en cerf prit dans les phares d'une voiture. Démuni, prit au dépourvu, pétrifié, quelque part entre le bonheur intense et la douleur indicible... le tour de montagnes russes s'est transformé en passage au sèche linge.

J'aurai aussi dû t'appeler avant.

Depuis leur dispute et pas seulement leurs retrouvailles. Oskari s'est laissé aveugler par la douleur.  Ce n'aurai pas été la première fois qu'il se serait fait larguer comme ça. Juste la première fois où ça l'aura autant touché. Le seule fois où il en a eu quelque chose à foutre.

Tu mérites que je sois plus disponible pour toi. Autant sur le temps, que émotionnellement.

Il regarde Jake en détails. Il a l'air si fatigué que Oskari hésite à lui demander si il ne préfèrerai pas aller se poser quelque part dans un parc et juste s'allonger dans l'herbe. Il est amaigri. La chemise qu'il porte est facilement une taille et demie trop grande, Il se sent soudainement coupable de vouloir le faire monter sur des patins à glace...

Et toi, t'es sûr que ça va?

Son ton et son regard se sont teintés d'une inquiétude sincère.

Oskari remarque le petit éclair dans le regard de Jake jute avant qu'il ne se pince les lèvres, comme s'il s'empêchait de dire quelque chose. Oskari connait bien ce regard. Celui de la plaisanterie qui lui brûle les lèvres....

Ils commencent à marcher.

Juste toi et moi.

Il ne voulait pas partager Jake pour cette première sortie. Même si leur rencontre était pendant une activité de groupe, Oskari est aussi conscient que leur couple a souffert de la présence un peu envahissante des autres. Il voudrait qu'ils puissent se faire des souvenirs, se construire une histoire qui n'appartienne qu'à eux.

Si ça te va...

Après tout, il a bien le droit de vouloir ne pas être seul avec lui. La patinoire étant un endroit public, Oskari sera sage, c'est promis.

C'est étrange de marcher avec Jake en pleine rue sans qu'il n'entoure Oskari de ses bras ou ne le réclame aux yeux de tous en laissant une main dans l'une de ses poches arrière. Oskari ne sait pas trop quoi faire de ses mains. Est-ce qu'il à le droit de frôler celle de Jake, juste comme une invitation à lui tenir la main? Rien de plus?

Ca fait longtemps que je n'ai pas été sur la glace.

Oui, du small talk. Ne lui en voulez pas trop, il essaie d'alléger un peu l'atmosphère.

Oskari espère un peu de "bonne fatigue" et quelques courbatures qui se moqueront gentiment de son âge, mais surtout que ça les aide à reconnecter un peu.

Jake s'est arrêté brusquement. Oskari a continué à avancer d'un pas, surprit par la réaction de l'homme à côté de lui. Oskari se retourne, pour lui faire face. Jake l'écoute, lui laisse le temps de finir. Il l'encourage à poursuivre, silencieusement à deux reprises.

La première quand il dit ne pas avoir été à la hauteur.

Depuis notre dispute, je n'ai pas été à la hauteur, mais avant hier soir, encore plus. On aurait pas dû finir cette conversation comme ça. je ne sais pas comment on aurait dû la finir, mais on aurait dû la finir mieux que ça.

Et quand il dit qu'il aurait dû appeler avant.

J'ai reçu la photo.

Celle envoyée par Stella.

Et ça m'a achevé. Déjà que j'étais mal qu'on se dispute, mais qu'on se dispute et apprendre être quitté comme ça, même si c'est pas la première fois où quelqu'un aurait utilisé cette méthode... Je me suis totalement effondré de douleur. Ça a duré des jours. J'aurai dû t'appeler, juste entendre ta voix, regarder l'appli et te rejoindre. Je n'en ai pas été capable. J'ai même pas été capable de regarder le mouton en peluche sans... avoir envie de disparaître, avalé par le sol.

C'est au tour de Jake de parler. Oskari observe le même silence respectueux.... Jusqu'à ce que Jake ne lui balance qu'il est une responsabilité pour lui, qu'il ne sait pas si Oskari veut d'une relation amicale ou amoureuse. Oskari sent une bouffée de chaleur remonter en lui. Une chaleur sèche, violente, dévastatrice. Pour lui qui était encore au bord des larmes quelques minutes avant, le changement est rude.  

J'hallucine? Tu te fous de ma gueule?

Le ton d'Oskari n’a plus rien de doux, comme il pouvait l’être encore une minute plus tôt. Il est devenu froid, clinique. Son visage affiche un mélange entre douleur et colère contenues.

Une "responsabilité?" une responsabilité?... Je te dis que j'arrive pas à vivre sans toi et je suis une "responsabilité"? Juste ça? Je t'aime à en crever mais tu te sens juste "responsable". C'est parce que tu te sens responsable que tu t'es pointé à l'hôpital quand ton frère jumeau secret a eu un accident si grave qu'il a atterri dans mes urgences?  Sans cette "responsabilité" tu serais encore en train de faire le mort quelque part…

Oskari renverse la tête en arrière, fixe le ciel bleu pendant quelques secondes. Il est tellement blessé que le sang s'écoule à gros bouillon de cette plaie... Le sang est noir, marbré par le pus des secrets. Il est blessé et se rajoute par-dessus une colère intense. Il inspire profondément. Il sait mieux que ça. Il sait mieux que céder aveuglément à la colère.

T'es sérieux quand tu dis que tu sais pas si je veux une relation amoureuse avec toi? Vraiment? Tu crois que je dis à tous mes potes que je ne peux pas vivre sans eux? Quand au sexe, si c'est pas avec toi, ça ne m'intéresse pas. Pardon de ne pas avoir un petit badge qui dit "Jakesexuel" pour que ce soit clair autant pour toi que les autres. Je suis amoureux de toi depuis la seconde où je t'ai vu. Tu m'apporte le rire, de la chaleur, de la spontanéité, l'envie d'être un homme meilleur et pas seulement un fonction, plus de compassion, de la joie de vivre, l'envie de te rendre heureux, de la confiance en moi, j'ai moins peur de m'ouvrir aux autres quand t'es là... J'ai pas besoin de ma cuirasse, quand t'es là

Et puis une bombe est lâchée.

A quel moment je t'ai demandé de ne plus jamais me parler de ce que tu ressens? Tu n'es pas un objet de décoration dans un coin! T'as le droit de me dire ce que tu ressens quand tu le ressens! Merde, t'es pas là pour juste faire le beau! Tu es l'homme de ma vie, pas un tableau de maître accroché au mur. Ce que t'as à dire m'intéresse toujours. Que ce soit une blague ou que tu me racontes une journée de merde. C'en est à croire que t'as tellement pas confiance en moi et en mes capacités à te soutenir que tu ne me dis rien spontanément.

Le sujet de la jalousie arrive... Pour Oskari qui jusqu'à cet instant pensait qu'il maîtrisait bien la jalousie, qu'il savait vraiment bien la gérer et qu'il pouvait l'apaiser et la rationaliser, il se rend compte que c'était une erreur. Il ne maîtrise pas. Il est juste doué pour lui taper dessus à coup de pelle jusqu'à ce qu'elle rentre dans son placard. A croire qu'une valve a sauté quelque part et que maintenant qu'il s'est mit à parler, ça va être compliqué de l'arrêter.

T'es jaloux? Moi aussi! De tes collègues qui te voient plus que moi, tu passes plus de nuits dans le dortoir dans cette caserne de merde que dans mes bras alors que je me suis démerdé pour avoir moins de gardes ET être calé sur TES horaires!
De l'artiste ratée qui a abusé de ton amitié et de ma confiance envers toi. mais pourtant c'est elle qui avait les confidences, la complicité, ton attention...
De tes autres amis à qui tu ne me présentes pas tellement je te fais honte...
D'Anna, aussi.  Qui ne devait pas être si connasse que ça pour que tu rejettes tout le monde autour de toi...  
Même de Dag! Bordel! C'est celle qui prend systématiquement ta défense quand il y a la moindre contrariété entre nous et qu'elle le sait.  Tu VIS avec elle! Je t'ai demandé d'emménager avec moi... Depuis qu'on s'est disputé je ne lui ai pas parlé.  Pendant tout le temps où t'as décidé de ne pas donner de signe de vie, t'as été bien confortablement chez elle, non? Et c'est MOI qui préfère passer mon temps avec elle?

Il a à peine le temps de répondre à tout ça que Jake a l'audace d'enchaîner sur du small talk?
Non, Oskari ne joue plus au Hockey, il n’a pas été voir son frère et ne compte pas y aller. Même si c’est très inhabituel pour lui de ne pas visiter un patient, là en cet instant précis, Raphael, qu’il ne connait pas et qui est certainement de très bonne compagnie habituellement peut bien aller se faire voir ailleurs!  
Du small talk juste après lui avoir balancé au visage qu’il est amoureux de quelqu’un qui… “n’arrive pas à savoir si ce qu’on attend de lui c’est de l’amitié ou de l’amour”... Le sang d’Oskari ne fait qu’un tour, le tout accentué par une petite voix dans sa tête scande inlassablement “frappe le! frappe le! frappe le! FRAPPE LE!”, se fait de plus en plus forte, de plus en plus insistante au point où sans qu’il ne s’en rende compte, Oskari a bougé. Il a fait ce pas qui le ramène vers Jake, et il tient entre ses mains le col de la chemise de Jake. Il peut dire par leur proximité, à la tension dans sa mâchoire et la force avec laquelle il s’agrippe au tissu qu’il n’y a aucune tendresse dans ce geste.

Oskari a totalement oublié où ils sont: en pleine rue passante, avec plein de monde qui jusque présent vaquaient à leurs occupations... Enfin... usqu'à ce qu'un attrouvepent  ne se forme autour d'eux. Oskari s'en fou, d'eux. Ils n'existent pas. Au mieux, ce ne sont que des silhouettes qui leur font de l'ombre.

Les reproches arrivent. Tous justifiés. Oskari n'est pas l'homme le plus romantique qu'il existe et il n'a clairement pas été présent. Il regrette... S'il pouvait remonter le temps et changer sa manière de gérer ces derniers mois, même au risque de foutre en l'air l'avenir de l'humanité, il le ferait.

Chacune de mes tentatives de reprendre le contact a reçu une réponse plus que froide et distante! Je cite "OK", "c'est bien" et "cool"... Le message était clairement "dégage pauvre merde" pas "viens me chercher".

Il serait venu. Evidemment qu'il serait venu au moindre mot laissant penser à une ouverture dans ce sens... Oskari sachant reconnaitre quand on ne veut pas de lui, n'a pas insisté.  

L'échange? Ca m'a terrifié! Avant l'échange, j'avais peur d'être trop chiant à supporter et d'être pas assez pour te donner envie de rester... Après, J'ai eu peur d'avoir pu m'être forcé sur toi.  

C'est une chose d'être le "premier" mec de quelqu'un, mais c'en est une autre d'être celui qui s'impose à l'autre...

Pour Oskari, qui a toujours été parfaitement conscient de son attirance pour les hommes, ça ne le dérangeait pas le moins du monde que Jake n'ai jamais eu de relation homosexuelle avant et il s'est laissé embarquer dans le rôle du "premier homme" avec plaisir. A l'époque il était sur le spectre de l'Asexualité et il le vivait bien, alors il était un choix assez "safe"... Pas de risque de se voir brusqué ou que Oskari ne boude parce qu'il n'y avait pas assez d'action au lit et surtout, montrer qu'on peut être gay et faire mentir ce cliché sur la promiscuité sexuelles des homos ...

Mais imaginez un peu ce que ça aurait été pour Oskari, d'avoir Jake qui, quand il est avec lui se sent attiré par lui, mais après quelques heures/jours à ne pas se voir, quand les effets du lien d'âme soeur s'effacent un peu, se rend compte qu'il n'est pas attiré par Oskari, qu'il ne veut pas être avec Oskari comme ça, que ça le révulse et que Oskari ne voit pas que Jake a des mouvements de recul, de dégout...  

Je sais qu'on a pas fait grand chose avant qu'on se rende compte de l'échange... rien que l'idée d'avoir pu te faire subir ce type de violence...

Il n'arrive pas à dire à haute voix qu'il a cru, potentiellement, se retrouver un jour, à cause de l'échange de marque, coupable d'agression sexuelle voire de viol. Pendant cette séparation il a retourné chaque instant passé avec Jake... à tenter de se souvenir d'un détail qu'il n'aurai pas vu sur le coup.

Si je t'avais jeté, tes affaires se seraient retrouvées dans un carton sur le trottoir, et tu aurai eu un message te disant de venir les récupérer avant le passage des éboueurs!

Comme à chaque fois où un mec a laissé des trucs chez lui.
En parlant de déchets, l'engueulade revient sur Stella.

Mon ressenti, c'était qu'elle ne m'aimait pas. Je peux vivre avec tes amis qui ne m'aiment pas. Mais qu'elle était soit amoureuse de toi, ce n'était pas mon ressenti, c'était quelque chose que j'ai vu dans son comportement. Et c'était  pour ça que j'avais besoin de preuves.
Je sais à quel point se faire des amis quand on est adulte, qu'on est pas dans son pays est difficile. Tu en parlais comme de ta meilleure amie, c'était l'une de tes deux colocs ET accesoirement la cousine d'un de mes amis...  

Autrement dit, pas quelqu'un qu'il pouvait accuser d'avoir des sentiments pour son mec à la légère.
Jake avait deux colocs. les deux sont des femmes. La première, Dagmar, qui est une de ses collègues préférée et amie de longue date, et Stella, celle qui pose souci.
Si la première n'a jamais eu qu'un comportement irréprochable (autant qu'il le sache) avec Jake, ce n'est pas le cas de la seconde. Cependant, il n'avait pas été en présence de la deuxième pour être certain de ce qu'il avait vu.

Pourquoi je l'ai crue, la gamine en manque? Parce que tu la définissais comme ta meilleure amie? Parce que je ne sais pas ce tu fais avec moi! Parce que j'ai peur, qu'un jour, tu trouvera tellement mieux, et pas un mec à peine vivant à l'intérieur, quelqu'un qui saura être tout ce que tu veux et dont t'as besoin...

Quelqu'un que Jake ne voit pas comme une responsabilité. Quelqu'un qui ne soit pas au même niveau que remplir sa déclaration d'impôts, de vider la litière du chat, aller au contrôle technique de la bagnole... Oui, ça va faire mal un moment...

Et si tu m'avais parlé de ton amitié avec elle plus en détails... je t'aurai dit que c'était pas une bonne amie, parce qu'une amie te traiterai jamais de débile et surtout ne s'intéresserait pas qu'à toi uniquement quand elle a quelque chose à prendre de toi, qu'une meilleure amie, ça ne se comporte pas comme ça... Et en plus je l'aurai pas crue! Jamais!

S'il avait su que "la meilleure amie" de Jake était une connasse qui le prenait pour un bouche-trou (dans tous les sens du terme en plus) il n''aurai jamais eu de raison de croire quoique ce soit. Pas que ce soit rassurant en soi que Jake qualifie de "meilleure amie" une personne avec un tel comportement, au contraire, au putain de contraire...  

L'anniversaire, maintenant...

Parce que tu crois que j'étais content qu'elle organise tout ça dans mon dos? d'être balancé dans un group chat qui m'a obligé à renoncer à ce que j'avais prévu de base?

Est-ce que c'était une soirée costumée avec beaucoup trop de monde? Non. Est-ce qu'il avait prévu une soirée juste à eux deux, pas de téléphones, les animaux à la garderie, un dîner dans un des meilleurs restaurants de la ville qui avait en résidence exceptionnelle un grand chef vegan? Oui. Et une réservation qu'il avait mit deux mois à obtenir et impossible à déplacer? Aussi putain.
On pourrait se dire que c'est pas très imaginatif comme soirée et Oskari en est parfaitement conscient, mais depuis qu'il est devenu Vegan, Jake cuisine beaucoup, s'intéresse à plein de recettes, en crée de nouvelles chaque semaine et Il s'est dit qu'ils pourraient faire de jolies découvertes inspirantes pendant cette soirée (et que si par malheur c''était beaucoup de chichis ou pas bon, ils pourraient en rire ensemble)

Oskari perd toute connection entre son aire de broca et le reste de son cerveau à l'istant où les lèvres de Jake s’emparent des siennes.
Quand est-ce qu'ils ont commencé à lutter l'un contre l'autre au lieu de se soutenir? Il faut qu'ils arrêtent ce genre de conneries. Ils ont basculés, et Oskari ignore comment il ne s'est pas éclaté l'arrière du crâne sur le sol, ou alors c'est son cerveau qui lui fait voir ce qu'il veut voir pendant qu'il se vide de son sang sur un bout de trottoir. Si c'est le cas, il peut au moins mourir en sachant que Jake l'aime. Que ce soit la réalité ou non, il ressent un véritable tourbillon d'émotions qu'il n'avait pas ressenti depuis trop longtemps. Il n'est plus rongé par la colère, la souffrance et la culpabilité. Il n'est plus que bonheur, amour et désir. Il rend le baiser avec autant de passion qu'il le reçoit. Il sent ses doigts se détendre, lâcher le col de Jake, ses mains glisser tendrement dans le cou de l'autre moitié de son âme, sent son bassin se soulever, collant son corps contre celui du plus sexy des hommes qui ait jamais existé et qui ne foulera jamais le sol de cette planète.

L’attroupement autour d'eux semble bouger, des mains les saisissent, les séparent.
Uniformes bleus et pas ceux que Oskari aime voir.
Merde.

A présent, il en est certain, tout ça n'est pas l'imagination d'un cerveau morribond: Son coeur va exploser à force de battre aussi fort. Ils prennent à peine le temps de respirer, dans l'urgence du baiser. Les mains de Jake retrouvent le chemin de sa peau. Oskari est brûlant, sent l'électricité suvre le parcours des paumes avides de Jake sur lui. Oskari laisse une de ses mains derrière la nuque de Jake, et l'autre s'affaire à défaire les boutons de sa chemise aussi vite qu'il peut. Oskari lasse échapper un rire contre les lèvres de Jake alors que le pompier s'emparre de ses cuisses. Il aime quand ses jambes servent de ceinture à Jake. Jake agripe le tissu de son haut, prêt à le déchirer... Vas y, ça se rachète! En cet instant, Oskari se fout bien de devoir rentrer à poil.

Jake est attrapé par derrière par deux paires de mains, son cri de protestation a figé Oskari pendant une seconde, le temps nécessaire pour qu'il soit prit par le dessous des bras. par deux paires de mains. A cause de la différence de taille entre lui et les deux flics qui le maintiennent, Oskari est plus trainé que relevé. Ils le balancent contre une voiture proche pour l'éloigner de Jake.

Dans son dos, alors qu'il se redresse, il entend Jake qui se débat, et les coups aussi... Alarmé, Oskari tourne la tête autant qu'il peut pour voir dans quel état est Jake, dont les appels lui déchirent les entrailles. Oskari amorce un geste pour se retourner et aller vers Jake et s'assurer qu'il aille bien (autant que possible dans cette situation), le rassurer, mais il est arrêté net par le flic qui lui colle un coup dans le diaphragme et le repousse plus sèchement que nécessaire contre la voiture. Le souffle coupé, il est menotté et installé dans une voiture.

"Qu'est-ce qui s'est passé?"

Silence. Oskari est déterminé à ne pas deserrer les dents du trajet. Si ce flic pense que les menottes qu'il lui a mit vont le faire parler, il se trompe totalement. la seule personne a qui il a envie de parler vient d'être jetée dans une autre voiture de patrouille.

"Je vois..."

Continues de voir, Officier Ducon. Son collègue regarde Oskari et se retourne pour lui demander s'ils ne se sont pas déjà croisés quelque part.  Sans les menottes, Oskari aurait été très tenté de répondre par un doigt d'honneur. Là encore la seule réponse qu'il obtient, c'est du silence.

Celui qui pose des questions idiotes reprend. Il lui signale le motif de son arrestation: Attentat à la pudeur.
Merci putain, les années de médecine pour cette poker face inébranlable.
Il poursuit en disant qu'à la base l'appel, c'était pour bagarre...
Oskari ne lâche rien de sa poker face.
Il regrette d'avoir attrapé Jake comme ça. Il n'aurai jamais dû le faire. Il sait qu'après ça, le chemin pour retrouver la confiance de Jake va être long et difficile. Il est prêt à faire le travail pour que ce comportement ne se reproduise jamais. Oskari se demande encore il aa pu en arriver là, à céder à ce genre de pulsion? S'il y a bien une ligne qu'il ne peut pas s'imaginer franchir consciemment et volontairement, c'est bien celle de la violence sous toutes ses formes. C'est pas à eux qu'il doit dire ça.

Il n'a pas le temps de s'engluer un peu plus dans ses pensées que le véhicule de police s'arrête  devant un des postes de la ville.

Jake est déjà à l'intérieur du poste quand il arrive et Jake est déjà en trian de l'appeler à la manière d'une des plus grandes dramaqueen du millénaire et Oskari se sent d'un coup beaucoup plus léger.
Il ne peut retenir un sourire et profite d'un moment de silence pour répondre à Jake qu'il l'aime aussi.

Les flics qui l'encadrent l'emmène pour se faire enregistrer.  Bien que Oskari commence à sentir une tension dans ses côtes, il refuse la visite médicale. Il ne veut pas rester pllus de temps que nécessaire dans cet endroit.

Bordel, plus d'un quart d'heure pour prendre les infos basiques. Il les a vus galérer, googler comment faire un "ä" et un "ö" alors qu'il n'y en a pas dans son prénom ou nom de famille...  Entendre "Hausse-cas-riz  Marre-côt Tare-veau-naine né à Elle-saint-qui " a été douloureux.
Il a envie que ça se termine. Il sait qu'il devrait avoir peur, Il devrait commencer à se demander si  la ville porte plainte contre eux, s'ils vont perdre leurs visa de travail, leurs travails, Ils pourraient être reconduits à la frontière, Oskari pourrait perdre son autrisation d'exercer la médecine au Canada...  A la place, il a hâte de se retrouver en salle d'interrogatoire pour voir Jake, s'assurer qu'il va bien et qu'il n'a pas été trop violenté par les abrutis en uniforme.

Ils terminent leur formulaire, donnent un bac en plastique pour ll'inventaire de ses effets personnels. Clés, portefeuille qui contient ses papiers d'identité, permi de conduire, carte de crédit, 60 dollars en liquide, son téléphone. Ils replissent  le font signer à Oskari. et l'emmènent enfin en salle d'interrogatoire. Ils ne lui ont pas encore enlevé les menotes. A ce stade, Oskari commence à se demander si ils ne vont pas les lui laisser en souvenir.
Oskari est installé sur la chaise la plus éloignée de l'entrée. Il est vraiment pressé de retrouver Jake, Au bout d'un moment qui lui a paru atrocement long, la porte s'ouvre et l'attente prend fin. Il observe longuement Jake, analyse son visage, a manière de bouger, s'il doit s'inquiéter d'autres blessures qu'à l'égo...

Raclements de chaise de l'autre côté de la table, les policiers s'installent. Oskari leur accorde un coup d'oeil avant de reporter son attention sur Jake.

"Tu vas bien?"

"On va pouvoir commencer..."

L'un des deux flics, celui qui va très probablement conduire l'interrogatoire, parcourt du regard la paperasse remplie par ses collègues.

Un enregistrement démarre, ils donnent leurs noms, l'heure et le motif de l'arrestation: Atteinte à la pudeur".

Poker face Oskari, Le Retour.

"On nous a appelés pour une dispute qui dégénérait en bagarre, lees collègues ont dit être arrivés juste avant que vous ne commenciez à faire voler vos fringues partout..."

Gloire à la Poker face. Oskari regarde Jake... Dès qu'il pose sur les yeux sur lui, son agacement envers la volaille s'estompe et une boule de culpabilité de pose confortablement dans son estomac. Il regrette de s'être emporté, d'avoir choppé Jake comme ça, mais plus encore d'avoir baissé les bras si lâchement lors du départ de Jake...

On fait comment pour remonter le temps?

Jake a bien souffert pendant l'arrestation... mais pourtant ça ne l'empêche pas d'être totalement en train de le dévorer des yeux... C'est l'effet du tour en voiture de police? Il suit son regard. AH! Les menottes... Le point positif à cette visite d'un poste de police lui a permis d'apprendre que son âme sœur ne plaisante pas, en fait, quand il fait des allusions au BDSM. On va pas se mentir, être regardé comme ça lui donne chaud. menottes ou pas, c'est normal d'avoir aussi chaud devant un mouton clairement carnivore vient de mettre du chat rubigineux au menu?  Là c'est plus vraiment une douleur naissante dans les côtes qui le dérange. Plus une sensation d’être trop serré, dans un pantalon trop petit... Oh. C'pas le moment...

Mieux qu'on pourrait le penser...

Il regarde les flics devant eux, place ses mains menottées bien en évidence sur la table, faisant au passage un peu trop de bruit avec la chaine centrale.

Vous me détachez? Si j'ai le droit de les garder en souvenir, j'aimerai beaucoup avoir la clé.

Même si son ton reste léger et confiant, sa manière présenter les choses est sans doute trop insolente voire arrogante.

C'est au tour de Jake de remplir le formulaire et pour lui, les choses ne se présentent pas mieux que pour Oskari. Ah bah ça... aucun des deux ne s'appelle " Raymond-Louis Kevin LeMieux" alors c'est compliqué de taper correctement du premier coup. Et puis une révélation de taille arrive...

Il a fallu qu'on se fasse arrêter pour que je découvre tes deuxièmes prénoms?

Oskari fait cette remarque avec un sourire taquin d'une oreille à l'autre et un regard tout plein d'une tendresse amusée pour son chéri.  
Vous trouvez pas qu'il y a une série de costume de halloween à faire? Elisabeth I, Elisabeth Swan, Elisabeth Bennet, Elisabeth de Russie, Elisabeth Bathory,  Elisabeth Taylor, Elsabeth Frankenstein, Elisabeth II... Oskari,a une vision e Jake en chacun des costumes cités. Oui. Il lui proposera l'idée plus tard. Cette information est tellement surprenante qu'Oskari en oublie où ils se trouvent.

Le flic leur pose une question et la réalité lui revient en pleine tronche.

Jake prend la parole en premier pour répondre à la question du policier. Il commence vraiment par le commencement, ce qui n'est pas vraiment au goût du monsieur en uniforme et il précise sa question. Là encore c'est Jake qui répond. Le flic tourne son regard vers Oskari.

J'aurai pas résumé mieux moi-même. Ya moyen d'avoir de la glace pour son œil?  

Le flic le regarde avec un air bizarre? Franchement, pourquoi ça le perturbe? il vient d'écrire "chirurgien urgentiste" sur son putain de fichier. Ou alors il ne s'attendait pas à ce qu'il montre de la compassion pour l'homme avec qui il a été arrêté?

Mais pourquoi vous en êtes venus à vous battre?

Les coups, c'est vos collègues qui s'en sont chargé.

Le flic n'est pas amusé. Oskari n'est pas amusé non plus. L'arrestation a été gérée avec le cul. Leurs droits ne leur ont même pas été lues correctement. Dans le cas d'Oskari, il n'a pas été informé de ses droits, il a été menotté et traité comme hostile alors qu'il n'a pas résisté à l'arrestation (ni même été en position de pouvoir le faire)....

"On s'engueulait. je l'ai attrapé par le col, il a tenté de me repousser mais je le tenais trop fort alors on est tombés l''un sur l'autre et vous êtes intervenus au, selon le point de vue, meilleur ou pire moment..."

Le flic ouvre la bouche pour répondre, mais Oskari se tourne vers Jake et reprend.

Jake, je suis profondément désolé de t'avoir agrippé comme ça. C'était totalement déplacé de ma part. Je n'aurai jamais dû perdre mon sang froid de cette manière. Ça ne se reproduira plus.  

Oskari regarde Jake amusé.

Oh bah oui, alors! des erreurs administratives!

Oskari rit ouvertement en se demandant quel genre d'erreur aurait bien pû être comise pour qu'il doive rétablir ses deuxièmes et troisèmes prénoms... Rien qu'avec le deuxième, ya pas vraiment d'erreurs possibles...

Je ne t'imagines jamais dans des tenues où tu n'es pas à ton avantage. Si tu portes les robes aussi bien que les toges, aucune des tenues dans lesquelles on pourrait t'imaginer ne serait pas scandaleusement à ton avantage

Oskari laisse trainer un regard appréciateur le long du corps de Jake. Même amaigri il reste sexy. Comme quoi, c'est l'attitude de Jake qui le rend sexy à en crever et pas juste son physique. Il choppe le regard du flic qui est un peu (beaucoup) mal à l'aise...

Nah mais le lâcher prise, ça veut pas dire "m'en prendre à toi".... Bien sûr que je m'en veux.

Il n'aurai jamais dû empoigner Jake comme ça. Le "bousculer un peu", ça aurait pu être fait de bien des manières... mais pas comme ça. La violence gratuite ou non n'est pas dans sa nature.

Sexy?

Va vraiment falloir qu'ils aient cette conversation sur le...

Jake interrompt ses pensées en enchainant les blagues aux dépends du flic devant eux. Ce dernier ne le prend pas mal et en arrive à taper un bon vieux fou-rire.
Il est trop entant de ne pas participer :

Sachez que si jamais un de nos produits reste bloqué, une assistance médicale vous est fournie gratuitement en échange d'un petit portrait de vous à côté du jouet, afin d'alimenter notre musée personnel

Son chéri se penche vers lui, fier de sa réussite critique.

Yep, mais j'aurai préféré de la glace pour ton oeil.

C'est au tour d'Oskari de bien rire devant la mine déconfite du flic qui vient d'entrer avec la clé des menottes... Quelque chose lui dit qu'ils ne repartiront pas avec leur jouet du "happy meal" alors passer la nuit en cellule... insonorisée en plus... Nope...

Oh, dommage...

dit il, faussement déçu.

Une fois détachés, on se tourne vers lui pour qu'il appelle quelqu'un. Appeler quelqu'un? Pourquoi faire? Venir les chercher... Oskari voudrait en rire mais vu la gueule sérieuse du mec, c'est pas une blague.

Non mais vous vous foutez de moi? Ya même pas *besoin* qu'on vienne nous chercher. On a pas été inculpés, aucun juge n'a demandé notre libération sous caution, personne ne porte plainte contre l'un d'entre nous et nous, on porte pas plaine contre vous pour arrestation abusive et brutalité policière. Rendez-nous nos affaires et laissez-nous partir.


Faut vraiment déranger quelqu'un pour leur faire faire les aller, dix minutes de marche jusque la voiture de Oskari? Quelle connerie putain...

Le policier insiste, Oska refuse toujours. Le flic lui explique que c'est la loi et qu'il faut vraiment appeler quelqu'un... Une rapide recherche apprend au flic que Oskari a une sœur qui vit à Montréal et lui demande s'il faut l'appeler. Oskari blêmi. Plutôt crever. Les choses ne vont pas bien entre lui et Suvi, au point où lui demander ce service ne ferait que les éloigner encore plus et rendrait leur relation déjà bien malmenée carrément irréparable. Il ne veut pas l'entendre rire, et ensuite venir pour l'unique plaisir d'utiliser, dans le futur, cette arrestation contre lui, contre Jake...  
Depuis qu'il est à Montréal, Oskari ne va pas vraiment vers les autres et met de très claires limites aux collègues qui se sentent un peu trop à l'aise avec lui: Il n'est pas leur ami, il est leur collègue de travail. Il ne veut pas passer du temps avec eux en dehors de l'hôpital. Les personnes qui ont réussi à passer d'une sphère à l'autre sont rares. Les personnes de sa vie privée à qui il fait assez confiance pour que ça ne parte pas en ragots le sont encore plus.
Il doit se résigner.

Oskari, qui n'a pas regagné de couleurs, regarde à nouveau Jake, une lourde boule dans le ventre. Il demande son portable. Il n'a pas retenu un seul numéro de téléphone en dehors du sien depuis 2002, Il met Dagmar sur haut parleur. lui expliquer le pourquoi du comment est difficile. Le court silence précédent son "j'arrive." est lourd de déception.

Oskari aurai vraiment préféré éviter ça. L'attente, finalement très brève pour que Dagmar arrive lui a parue interminable. Quand elle est arrivée dans la salle d'interrogatoire, son regard est passé du visage de Jake à celui d'Oskari, puis aux mains de ce dernier qu'elle a scruté intensément, sur le visage d'Oskari, puis sur Jake puis sur les flics présents.
Elle les a ramené jusque la voiture d'Oskari et a laissé le choix à Jake de rentrer avec elle ou Oska.


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Vous savez, ce moment où vous voulez profiter d'un long week-end, partir un peu de la ville où vous habitez, sans vraiment savoir où vous voulez aller, ni quoi faire... Ce moment où vous voulez du changement sans savoir vraiment quel changement... Parce que "tellement d'idées et pas assez de temps?"  C'est ce que vivent Jake et Oskari présentement, alors ils décident de s'en remettre au hasard: Enfin... Le hasard, c'est de faire un sac à dos avec de quoi tenir trois jours de fringues et de se pointer à la gare de Montréal à la première heure d'ouverture des guichets, de ne surtout pas regarder le panneau d'affichage avec les destinations et de prendre des billets pour le premier train venu, peu importe la destination.

Avant de partir de la maison, encore à moitié endormi, Oskari leur a fait des thermos de leurs boissons chaudes préférées. Chocolat pour Jake et café bien fort pour lui. Sans café, il serait totalement au radar. D'ailleurs, ce matin, il fait plus attention à ne pas être fauché par les valises à roulettes des voyageurs qu'à faire attention au panneau des départs et arrivées. Il serait bien resté un peu plus longtemps au lit. Rien qu'un petit dix minutes de plus, bien au chaud. Ce chat n'est pas un chat matinal. Dans la file d'attente pour le guichet, Oskari sent la caféine commencer à faire son office et à lever le brouillard qui embrume son cerveau.

Leur tour arrive et la jeune femme derrière le guichet est souriante et énergique. Comment elle fait?

"Alors, messieurs, où est-ce que vous allez?"

Oskari regarde Jake, hausse les épaules.

Aucune idée. Surprenez-nous.

En fin de phrase, il lutte contre un bâillement. Il sort sa carte bleue

"Québec? Le prochain train part dans 30 minutes."

Nouveau regard vers Jake. Ils ont encore le temps de se dégonfler et de demander le deuxième train qui part...