La terreur s'était emparée d'Alice au moment où elle avait compris qu'un étranger était dans la pièce, principalement à cause des réminiscences de son réveil juste après avoir perdu tous ses souvenirs. La sensation de danger était omniprésente à ce moment-là et si elle avait été secourue par la police, ça ne lui avait pas enlevé cet instinct qui poussait à la faire paniquer dès lors qu'elle se retrouvait en présence de quelque chose de menaçant et elle le sentait, la personne avec qui elle était avec quelque chose de menaçant. Elle ne pouvait pas deviner que c'était la partie animorphe en elle qui lui faisait ressentir ça et que l'homme n'avait aucune mauvaise intention en réalité.

Malgré tout, lorsqu'il affirma ne pas être un voleur, sa respiration ce stabilisa un peu et Alice sentit la peur diminuer un rien. Ce n'était pas flagrant, mais elle le croyait lorsqu'il disait qu'il n'avait pas de mauvaise intention. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander s'il était prudent de relâcher le chien jusqu'au moment où il se remit à aboyer de plus belle parce que l'inconnu avait essayé de se rapprocher. Alice savait bien que c'était pour la protéger mais elle n'avait pas envie que son chien réagisse brutalement et elle ne pouvait pas être certaine à cent pour cent que ça n'arriverait pas. Elle préférait donc le garder contre elle.

Il serait beaucoup plus simple de parler avec la lumière allumée et avec un certain calme mais avant qu'elle puisse faire quoi que ce soit, quelqu'un entra dans la pièce et se jeta sur l'inconnu pour la protéger. Son père. Elle allait lui crier que ce n'était pas un voleur et qu'il n'était pas malintentionné mais elle n'en eut pas le temps car elle entendit son père prononcer le prénom de l'homme qui venait d'entrer. Apparemment, ils se connaissaient et cela devait expliquer pour quelle raison l'inconnu s'était introduit dans cette pièce en toute bonne foi. Lorsque son père lui présenta la personne, Alice aux enfin se relever et sans lâcher Happy, elle alluma et grimaça, ses yeux s'étant habitué à la pénombre. Elle entendit cet homme, Clyde, s'excuser et elle sourit avec un peu de nervosité tout de même encore.

« Ce n'est pas grave. Je… Excusez-moi un instant. »

Elle se précipita dans la salle de bain et referma la porte derrière elle. Elle en profita pour se mettre un peu d'eau sur le visage. Elle avait été sotte de réagir aussi brusquement, mais elle ne contrôlait pas ce genre de choses à cause de ce qui s'était passé dans le parc naturel où elle avait été retrouvée. Et pourtant, elle ne savait même pas exactement ce qui s'était précisément passé. Elle s'accroupit pour regarder son chien dans les yeux. Elle savait que ça n'allait pas être facile pour lui, mais elle n'était pas sûre qu'il puisse résister à réagir agressivement avec cet homme pour l'instant. Alice pourrait lui présenter quand elle aurait moins peur et qu'elle saurait rasséréner le chiot.

« Tu vas rester là un moment, d'accord ? Tu as ton panier et de l'eau, tu seras bien. Je vais aller faire connaissance avec notre invité. On vous présentera plus tard, d'accord ? Pour le moment, je pense que tu as un peu trop peur. Allez, je ne serai pas longue, promis. »

Elle accentua son sourire et le chiot la rassura sur le fait qu'il allait être sage en lui léchant le nez. Alice éclata d'un rire clair qui la soulagea grandement et qui dut s'entendre dans la pièce voisine. Une fois le chiot bien installé avec sa couette et son panier, elle retourna dans la chambre en refermant soigneusement la porte. Quand elle revint, il lui expliqua son passé de militaire et cette habitude qu'il avait de s'introduire dans la maison sans passer par la porte d'entrée. Ça devait être une habitude entre son père et lui et elle n'allait certainement pas lui en vouloir pour ça.

« Ca ne fait rien vous savez, je comprends. Happy est très protecteur avec moi et vu qu'il va avoir du mal à redescendre pour le moment, j'aime mieux le laisser tranquillement faire sa sieste dans son panier. Je vous présenterai plus tard quand la tension sera redescendue. Du moins, si vous en avez envie. »

Elle ne voulait surtout pas le forcer à fréquenter son chien s'il était trop mal à l'aise avec ça ou s'il pensait que ça ne pourrait pas se passer mieux de toute façon. Alice ne maîtrisait pas assez la question pour savoir exactement ce qu'elle pouvait se permettre ou pas. L’homme semblait craindre que cette première impression ne les empêche de mieux se connaître, mais ce n'était pas le genre d'Alice. Maintenant qu'elle savait qu'il n'était pas dangereux et même qu'il était le petit ami de son père, elle ne voyait aucun inconvénient à faire sa connaissance et il ne lui faisait plus peur.

« Ne vous inquiétez pas pour ça. Nous pouvons tout simplement reprendre à zéro », suggéra-t-elle en lui tendant la main. « Alice Miller. Je ne suis pas vraiment la fille de Raphael, évidemment, mais nous nous considérons comme tels. Biologiquement parlant, disons pour simplifier que je suis sa nièce. C'est une assez longue histoire et je ne la connais même pas encore dans son entier. Mais entre cette histoire et votre passé, et j'ai comme l'impression que nous ne manquerons pas de sujets en ce qui concerne les choses à se raconter. »

Elle sourit doucement et avec bienveillance. Il n'était pas question qu'il pense qu'elle lui en voulait de quoi que ce soit. Elle ressentait toujours un petit frisson dont elle ne savait pas qu'il était en rapport avec son statut de proie et celui de prédateur de Clyde, mais elle arrivait à passer outre grâce à la confiance qu’elle avait dans le jugement de Raphaël sur qui elle se reposerait sans souci pour évaluer une situation de danger.