C'était ces années un peu folles où les Papas n'était plus à la mode.
16 mars ⇿ Début d'après midi ⇿ Downtown ⇿ Ensoleillé et froids
C'est l'hiver. La neige est toujours là . Parait il qu'elle va commencer à fondre bientôt. Sorcha espère en tout cas. Le sel et le sable, ça abime les talons , à son grand dam. Lorsqu'elle est à la fac, elle les garde dans son sac à dos pour changer de chaussure une fois les quatre murs chauffés et puis accessoirement, elle a une réputation à tenir là bas. Sorcha, sans ses semelles rouges , ce n'est pas Sorcha et surtout elle a l'impressionne qu'elle fait beaucoup moins d'effet quand elle pique une crise ou qu'elle s'énerve. Pff. Comme quoi l'habit fait carrément le moine, quoi qu'en dise le proverbe. Elle aurait pu les prendre ses semelles rouges. Sauf que c'était pas trop le programme en fait . Ezra s'est pointé. Eh. Faut garder Elaine. Encore. Par contre, il prévient de moins en moins à l'avance. Elle va finir par lui monter dans les rideaux s'il continu , parce que techniquement la môme, c'est la sienne. Alors, elle veut bien dépanner parce que Môssieur à des obligations universitaire mais faut pas abuser non plus. Et puis, il fera comment l'année prochaine ... enfin même pas l'année prochaine. Dans six mois. Dans six mois, Elaine , elle a 6 ans et donc obligation de rejoindre les bancs d'une école primaire que ce soit aux Etats Unis ou au Canada avec genre de horaires et des jours où elle pourra pas être au quatre coins du pays parce qu'elle est censée être à 8h sur sa chaise devant son pupitre. Elle pourra pas suivre ça en dilettante comme actuellement, parce que le jardin d'enfant de luxe où elle va actuellement , qu'elle vienne ou pas, il facture donc ils s'en fichent un peu. Est-ce que Sorcha sent gros comme une maison que la garde temporaire chez son père à elle à Montréal ou chez les grands parents (en Irlande) va se pérenniser sur le temps scolaire ? Ouh, Maman va pas aimer DU TOUT. Et Papa sera incapable de dire non. C'est pas Barman qu'il aurait du être, Papa, c'est animateur de centre aéré, professeur de primaire ou jardinier d'enfant, voir assistant maternel. Là, au moins, elle est à peu près sure qu'il n'aurait jamais , au grand jamais manqué de se faire virer.
En attendant, elle est là, Elaine , elle est debout depuis 8h ce matin (y'a du progrès, c'était 7h quand elle avait 4 ans et 6h quand elle en avait 3 et ce même quand on la couche , oh cris d’orfraies des pédagogues de tout poil, à 21h30). Elle ne va pas passer sa journée devant la tablette, elle a déjà fait une heure studieuse de coloriage, une autre heure à faire prendre le thé à ses petites figurines quatre fois (Même que la quatrième fois, celle en forme de pingouin a pas pu venir parce qu'elle avait, elle cite, "aquaponey", ce qui n'avait pas pu empêcher Sorcha d’échapper un pouffement de rire devant son écran d'ordinateur.) Sorcha avait donc décidé que ce midi, c'était restaurant (en même temps, c'est pas elle qui va faire la cuisine) et qu'après, on irait faire un tour du côté du biodome, parce que, primo , c'est abrité, deuzio, y'a des capybaras ("oui chaton, comme ma maman à moi") , tertio, c'était le carte joker de Papa quand il savait pas trop quoi faire les samedi après midi l'hiver. Cela fait donc trois raisons suffisantes pour être la solution idéale pour crever occuper une Elaine pile électrique.
Et c'est pour ça qu'elles sont là, l'une et l'autre, à déambuler emmitouflée dans une doudoune bleu à capuche en fausse fourrure pour la tête blonde et une parka blanche avec la même capuche en fausse fourrure, les mains dans les poches, à observer tout autour d'elle, à tout compter parce que c'est le dernier trip d'Elain. Jusqu'à ce que la petite fasse ...
" — Et là y'a une poussette avec deux bébés !
— Effectivement ... Y'a surtout le mari de la libraire ... Vous êtes perdu ? C'est les bébés de qui ?"
Quoi ? "Bonjour ?" . Ok oui, elle aurait pu commencer par les salutations d'usage, mais bon elle n'avait pensé le voir là et surtout armé d'une poussette avec deux petits.
S'occuper d'enfants en bas âge est... à la fois facile, et éprouvant. Si j'en crois les manuels et autre magasines, il faut absolument éviter de les laisser dans leur berceau et leur faire découvrir un maximum de choses tant qu'ils sont petits. Le petit problème étant naturellement que je n'ai pas la sensation que quoi que ce soit les intéressent. En fait, ils s'occupent très bien l'un l'autre et je finis par m'ennuyer. Je ne peux rien prévoir, penser à rien, et je me sens dépourvu de toute liberté. Je commence à comprendre pourquoi environ 30% des couples se séparent à la première année d'un enfant.
La suite arrive très vite : je me mets à m'ennuyer lourdement. Je ne peux plus ni sortir faire des balades, ni m'envoler cinq minutes, de peur qu'un de mes deux enfants ne s'éveille. C'est alors que je reçois un message de l'une de mes consultantes m'enjoignant de sortir avec la poussette et d'embarquer les enfants. Je lis le message, dubitatif, jusqu'à un détail qui me fait avoir un sourire.
Dans le pire des cas, ils feront mieux leur sieste.
Il ne m'en faut pas plus pour tout embarquer et prendre le premier bus jusqu'à la toute première attraction possible : le biodôme. Ce sera parfait. Normalement, ils devraient commencer à avoir faim d'ici à deux heures. Je prends donc ce qu'il faut. L'avantage est que quand ils ont faim, ils sont plus vifs et plus attentifs. Je me dis que tant qu'ils ne réclament pas, je ne leur donne pas. L'avantage d'aller sur un lieu touristique est qu'il est très facile d'accès. Je suis ravi de voir que mon plan marche à la perfection. Je devine même une lueur d'intérêt dans leurs yeux quand nous passons de forêt tropicale en ambiance nocturne. Ils luttent contre leurs besoins naturels pour essayer d'en capter la moindre parcelle de ce qui est en train de se passer, ils décideront plus tard s'il faut en avoir peur ou en être attiré. Naturellement, je ne prends absolument aucune photo, n'ayant toujours pas ce genre de réflexe.
J'en suis à me demander vers quelle partie du monde nous allons aller quand je me fais interpeller par une fillette et... la cliente de Camélia. Au moins, les deux me parlent directement.
"Je ne pense pas qu'il soit possible de se perdre, de nos jours. Non, cet endroit était bel et bien ma destination initiale."
Est-ce ironique ? Je n'en sais strictement rien.
"Ce sont mes enfants, et ceux de Camélia."
Je ne comprends pas l'intérêt de la question, il est évident que je n'allais pas avouer les avoir kidnappés si tel devait être le cas. Devrais-je lui retourner la question ? Puis, je regarde la fillette qui l'accompagne.
"Vous êtes aussi accompagné d'un enfant."
Quelque part, je compatis réellement. L'avantage est que cette jeune fille peut marcher toute seule et n'est pas une bombe à retardement après chaque repas. Finalement, je m'adresse à cette jeune fille.
"Tu aimes les bébés ? Tu peux les approcher et leur parler, si tu veux."
Statut civil : EprisMarque : Sous la plante des pieds, "Believe in the dreams you got"Animal : Gypaète barbuGif : Occupation(s) : Osteopathe
C'était ces années un peu folles où les Papas n'était plus à la mode.
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Ah si si, je vous jure qu'il est absolument possible de se perdre avec un GPS"
Sorcha répond du tac au tac à la remarque. Elle a au moins une quinzaine d'exemples familiaux et élargies de gens se perdant malgré un GPS et cela donnait souvent lieu à de croustillantes anecdotes pour les victimes de la mésaventure eux même ou encore mieux de la part des spectateurs, alors que la victime se planquait derrière un coussin bouffie de honte devant son incompétence mise à nue. Sorcha n'avait pas suffisamment fait usage de la dite fonction hors Montréal ou Toronto mais se souvenait que la localisation de son téléphone galérait toujours à l'approche des terres de ses grands parents et ce bien que Grand Père, sous l’œil avisé de Grand Mère, jurait n'avoir installer aucun brouilleur ou autre technologies destinés à empêcher les téléphones cellulaires et autres talkiewalkies de fonctionner dans son domaine, même s'il avait très longtemps considérer la question. A croire que les GPS étaient surtout destinés dans des endroits où ils étaient bien souvent inutiles, c'est à dire les grandes villes.
Un petit "Ooooh" s'échappe de la bouche de Sorcha quand Baltazar annonce que ces bébés, bah, c'est les siens, comme si c'était évident. D'accord, cela faisait un petit moment que la jeune femme n'avait pas eu l'occasion de fréquenter la librairie récemment mais elle ne se souvenait pas d'avoir remarqué le ventre de Camélia. Après, la grossesse et les enfants lui paraissaient être un sujet flou et vague, pour elle qui n'avait jamais eu de relation suffisamment sérieuse pour avoir un jour émis l'idée d'avoir une progéniture, et depuis un bon moment pas de relation du tout. Tenir de rang des études sérieuses et une sociabilité épanouie ou presque, ça prend beaucoup, beaucoup de temps, temps qu'elle ne consacre pas au flirt ou autres jeux amoureux. Et comme il n'y a toujours que vingt quatre heures dans une journée ... En tout cas, Baltazar ressemble définitivement à Grand Père que Sorcha imagine très bien avec un landau dans les années ... Soixante , soixante dix, au milieu de dames, parce que le rôle du père investi était bien moins normalisé que maintenant quand il n'était pas en tournée, un œil méfiant sur un être imaginaire qui souhaiterait empoisonner sa précieuse progéniture.
Elain s'approche de la poussette une fois la permission donnée et observe avec grande attention. Elle juge quand même bon de répondre à la remarque sur sa présence .
" Papa est allé parler avec Lawrence des gens en bleu et gris qui se bagarrent alors qu'ils habitent le même pays."
Notons qu'elle s'en sort pas trop mal pour les explications de la Guerre de Sécession, en quelques mots. La bouche de Sorcha se tord un peu, réfléchit un peu avant de raccrocher les wagons.
"Alors non . "Papa", il est allé parle DE Joshua Chamberlain, Lawrence de son deuxième prénom à un parterre de gens très sérieux. Mon Oncle est spécialiste de la Guerre de Sécession et travaille aux États Unis. Il a du remplacer un de ses collègues au pied levé en colloque / conférence / je sais plus dans quel cadre et surtout je sais plus exactement où et je garde sa fille en attendant qu'il termine et qu'il revienne du "je sais plus exactement où" en question. Elain est ma cousine."
C'est un peu décousu comme explication, mais ça devrait aller. Elain conclut d'ailleurs tout cela en faisant un "V" avec ses doigts à Baltazar dès qu'elle entend son prénom, retournant à son observation très attentives des deux bébés. D'ailleurs ...
"Pourquoi y'en a deux ?"
Un silence de la part de Sorcha, mi embêté , mi amusée. Il semblerait que Baltazar doive passer à la moulinette à questions
"Elle est où la maman des bébés ? Pourquoi t'as l'air fatigué ? Tu fais quoi comme travail ? Tu préfère quelle bataille de la Guerre bleu et grise ? Tu aimes les capybaras ? Et le chocolat ? Et les bébés ? Tu sais jouer à quoi ? Tu sais jouer du piano ? Grand Père il joue très très très bien du piano. C'était son métier avant. Tu connais l'Irlande ? ..."
Se perdre avec un GPS ? Remarque, j'avais lu quelque part que les gens développaient de moins en moins un sens de l'orientation à force de se servir de GPS. Pour ma part, je ne pensais pas tant à l'appareil permettant de se diriger qu'au nombre de personnes qui nous entoure. Il suffit de demander son chemin à n'importe qui, et, théoriquement, les panneaux sont là pour aider. Cependant, je garde le silence, sachant pertinemment que je ne pourrais pas développer toute ma théorie avant d'agacer mon interlocuteur. Je pense qu'elle sait de quoi elle parle, après tout, qui suis-je pour juger ?
Un instant, je me demande si elle laisse parfois tomber cette espèce de froide armure qu'elle semble porter en permanence. Le problème est qu'avec une personne comme moi, cela ne fonctionne pas. Camélia m'a expliqué tout cela, ou du moins a essayé de me l'expliquer, mais cela demeure encore un mystère. En tout cas, son attention est déjà happée par les deux bébés dans le berceau. Ceux-ci ne dorment pas, naturellement, et je pense qu'ils ne vont pas tarder à avoir faim. Cependant, pour une fois que je les ai éveillés et attentifs, je temporise. Aucun livre ne m'a jamais appris que les enfants sont plus interactifs pendant ce court moment où ils ont le ventre libre, mais qu'ils ne ressentent pas encore la faim. Toujours est-il que l'enfant attire immédiatement l'attention des jumeaux. Elle me dit quelque chose que j'ai du mal à décrypter.
"...Je vois."
... Pas du tout, mais il est grand temps de faire semblant que si. Sorcha fini de m'expliquer d'une manière plus claire. Donc les deux sont cousines. Je vois. Cette fois, je ne sais pas si je dois souhaiter d'en profiter, ou au contraire, souhaiter bon courage.
"Vous devez la garder pour longtemps ?"
Voilà une information qui m'aidera à trancher.
La petite me pose une question à laquelle je peux tout à fait répondre.
"Parce que la maman des bébés a donné deux ovules au lieu d'un seul. Cela arrive fréquemment quand la femme prend de l'âge. La nature met toutes les chances de son côté pour permettre à la procréation. Cela arrive d'autant plus quand les deux partenaires ont longtemps attendu avant d'être ensemble. Ce sont de faux jumeaux, un garçon et une fille."
Mince, est-ce que je suis supposé parler de cela à une fille de cet âge ? La suite des questions arrive. Patiemment, je réponds à chacune d'entre elles.
"Alors : la maman des bébés est actuellement en train de travailler à la librairie. Je suis fatigué parce que j'ai pris sur moi de m'occuper des enfants pendant qu'elle reprenait sa vie professionnelle. Pour le moment, mon travail est d'être père, mais je suis ostéopathe, je m'occupe de replacer et réparer les os. Je n'aime pas réellement les batailles, je préfère les histoires des guerres qui n'ont jamais eu lieu quand on a pu intelligemment les éviter. J'aime beaucoup les capybaras et leur capacité à se tenir devant leur terrier pour en boucher l'entrée. J'aime beaucoup le chocolat..." Est-ce que j'aime les bébés ? Non. Mais je crois qu'il vaut mieux ne pas le dire. J'aime les miens, comme je suis supposé les aimer, j'imagine. "J'aime les bébés comme tout le monde, je pense. Je sais jouer au jeu de go qui est un de mes jeux préféré. Je sais un peu jouer du piano. Je suis content que ton grand-père sache jouer du piano, tu devrais apprendre à jouer avec lui. Je ne connais pas l'Irlande, j'ai fait mes études en Asie, et au Japon notamment."
C'est alors que je m'apprête à continuer mon chemin qu'un très vieux rappel à l'ordre me vient. Je ne suis pas supposé partir ainsi et il faut au minimum que je retourne certaines questions. Le problème étant que c'est de la discussion légère et que cela ne m'intéresse pas plus que cela. Je préfère les conversations profondes, poignantes, de celles qui nourrissent le cerveau. J'en aurais bien besoin actuellement.
"Euh... quel l'animal que tu as préféré observer, ici ?"
Malheureusement, Aurore et Adrien ont passé le cap et commencent déjà à ouvrir et à fermer leurs lèvres. C'est le premier signe de la faim imminente et je n'ai pas du tout envie d'attendre qu'ils passent au stade de la réclamation bruyante. M'adressant à Sorcha, je force un air embêté pour lui demander :
"Est-ce que cela vous ennuie si nous allons nous asseoir ? Il faut que je les nourrisse. Il y a même un jeu pour enfant juste là."
Statut civil : EprisMarque : Sous la plante des pieds, "Believe in the dreams you got"Animal : Gypaète barbuGif : Occupation(s) : Osteopathe
C'était ces années un peu folles où les Papas n'était plus à la mode.
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C'est une impression. Une simple impression. Mais elle sent Balthazar encore plus perdu qu'à l'accoutumée. Il n'y a bien qu'Elain pour être dupe (normal, elle a cinq ans). Elain qui d'ailleurs n'est plus déstabilisée que ça par les réponses données, au contraire. D'habitude, les adultes répondent assez rapidement "parce que c'est comme ça" pour se débarrasser un peu d'elle mais celui là, visiblement, on ne l'a pas encore usé donc elle va pouvoir lui demander pleeiiiiins de trucs et en premier lieu.
"C'est quoi un ovule ?"
Là, Sorcha fronce les sourcils et fixant Balty, tentant de lui faire comprendre que s'il pouvait éluder la question ou alors répondre de manière très très imagées, cela l'arrangerait BEAUCOUP, parce qu'elle est un peu petite pour cette partie là de la science et qu'elle est à peu près sûre que si Elain ressort ça de but en blanc au prochain repas de famille, elle se fait crucifié direct . Ou alors on se moque d'elle. Ou alors les deux. Bref, rien de bien réjouissant. Par chance, Elain passe du coq à l'âne donc elle va oublier ce joyeux passage ... temporairement.
"Elle vend des livres de Tata alors ?"
Sorcha souffle un "oui" de la tête. Cela aussi devrait fermer avec un peu de chance cette branche de questionnement là alors. Elain continue de chercher un fil à dérouler dans sa petite tête de petite fille de cinq ans sauf que l'environnement fait que son attention dévie de manière régulière, parce que les bébés bougent, parce que les animaux bougent, parce que les gens bougent, parlent , hausse la voix, la baisse. Donc elle n'écoute qu'à moitié. Si ce n'est que la partie piano
"Papa dit que Papi c'est le pire prof du monde."
Sorcha étouffe un rire. En même temps, la vérité sort de la bouche des enfants. Aucun des enfants d'Anshel n'a fait de musique dans sa tendre enfance et c'était pas faute d'avoir essayer de les y mettre. Bon, il s'est rattrapé sur la deuxième génération mais quand même. Elle a noté l'hésitation sur le passage bébé. Peut être que c'est normal, peut être que ça ne l'est pas . De toute façon, Elain a lâché le truc, elle est allée regarder des animaux dans un aquarium, collant son petit nez contre la vitre et s'amusant à faire de la buée dessus .
"Pour vous répondre, je la garde tout le long du colloque de mon oncle sauf que je le connais assez bien pour savoir que la date et l'heure de fin officieuse sont souvent à géométrie variable. Je prêterai la petite à mon père ou à ma sœur quand ils seront disponibles. Pas que je n'apprécie pas sa compagnie, mais c'est un véritable trou noir pour l'énergie, ces petites bêtes là. Enfin, vous avez l'air de le découvrir."
Elle fixe le bébé quand il lui parle de se déplacer. Elle hoche la tête encore
"Elain ! -- Wui ? -- On va voir d'autres animaux et jeux, tu viens ? - Wui ! "
Naturellement la petite vient prendre la main de Sorcha pour se laisser guider.
" Vous avez besoin d'aide au fait ? Pas que je suis une spécialiste ou quoi mais disons que j'ai eu l'occasion de m'occuper un peu d'Elain dès ses six mois lors des réunions de famille. Donc je dois me souvenir de comment on fait un biberon. Ou alors vous préférez qu'on vous laisse, ce qui serait compréhensible. Comme je disais , vous avez déjà vos deux aspirateurs à énergie, vous n'avez pas forcément besoin d'un troisième"
Prête à le suivre ou à repartir selon sa décision.
La jeune fille me pose des questions en retour, preuve qu'elle a plus ou moins bien écouté ce que je lui explique. Sorcha, pour sa part, si elle essaie de me faire passer un message avec son expression faciale, c'est peine perdue.
"C'est un œuf, en gros, mais qui reste à l'intérieur du corps. Les oiseaux pondent des œufs, tu le sais, ça. D'autres animaux, dont les humains, garde leurs œufs à l'intérieur, c'est ce qu'on appelle les ovules."
Malheureusement, cette enfant ne reste pas très longtemps concentrée. Elle prend un nouveau sujet de conversation en même temps que la parole, et j'essaie de la suivre, mais si la plupart des sujets ne m'intéressent pas, le peu qu'il y a est rapidement balayé.
"Le pire professeur du monde ? Permets-moi d'en douter. Pour le savoir, il aurait fallut essayer d'être enseigné par tous les professeurs, ce qui est impossible, et encore, si on ne comprend que la ligne espace, et non temps, ce qui devient encore plus impossible."
Un jour, Camélia m'a dit que les gens exagéraient pour appuyer leur propos... Mais aujourd'hui, je suis si fatigué que je n'ai plus aucun filtre à mettre entre ce qu'on me dit, et ce que je devrais en comprendre réellement. Sorcha, pour sa part, me parle avec une précision bienvenue, sans exagération... ou du moins je l'espère. Si j'en comprends bien, elle est embêtée par le fait qu'elle ne sache pas très exactement quand elle pourra rendre la fillette à son propriétaire légitime. Je suis tenté d'appeler Camélia pour lui demander si j'ai bien cerné la situation, mais je n'ai pas envie de la déranger avec cela. Il faut que j'apprenne aussi à me faire confiance. Un trou noir pour l'énergie ? Cela est une exagération, mais je sens bien que je suis d'accord. Depuis que je m'occupe seul des jumeaux, je dois admettre que je me sens épuisé en permanence. Même quand ils dorment, mon esprit se remplit de choses à faire et à penser.
"Est-ce que ça vous ennuie de nourrir l'un pendant que je nourris l'autre ? Prenez votre préféré."
Cela non plus, ça ne se dit pas. Cependant, dans la poussette, on peut très clairement voir Adrien encore apaisé, et Aurore très vive. D'un côté, l'un sera plus calme, mais l'autre sera plus à même de manger rapidement. C'est le choix de Sorcha.
Statut civil : EprisMarque : Sous la plante des pieds, "Believe in the dreams you got"Animal : Gypaète barbuGif : Occupation(s) : Osteopathe
C'était ces années un peu folles où les Papas n'était plus à la mode.
16 mars ⇿ Début d'après midi ⇿ Downtown ⇿ Ensoleillé et froids
Par chance, les histoires d’œuf, Elain y porte l’intérêt qu'elle porterait à ses premières tresses, c'est à dire parfaitement aucune. Sorcha, elle, accentue les regards et les mouvements à l'attention de ce cher Baltazar pour que les histoires d’œuf ou tout autres sujets approchant de "Comment on fait les bébés" disparaissent promptement de la conversation genre maintenant, vraiment, vraiment maintenant. Elle est censée occuper Boutchou, pas répondre à toutes les questions gênantes que peuvent avoir les enfants de cinq ans. Par chance, comme elle a cinq ans (oui, faut bien que ça ait un avantage à un moment cette histoire), elle ne reste pas longtemps concentrer sur un sujet et passe du coq à l’âne, avec risque ultérieur que cela revienne dans la conversation avec quelqu'un d'autre au pif son père à elle, Sorcha, Ea, Mamie, Ezra qui va s'évanouir.... tant de possibilités de catastrophe en prévision et tout autant de fou rire familial. De toute façon, rien que le recit de ce morceau d'après midi sera un moment épique à raconter à la prochaine réunion de famille, avec dans les rôles principaux Elain-je-pose-pleins-de-questions-sans-rapport-les-unes-aux-autres et Baltazar-j'essaie-de-raisonner-une-gamine-de-cinq-ans. Qu'est ce que ça va être quand ça va être les siens qu'il tentera de raisonner de la même manière et que ça marche pas beaucoup mieux ? Sorcha a une petite pensée pour Camélia et se demande si elle sait ce à quoi elle va s'attaquer. Bon par contre, l'histoire du pire professeur du monde, Elain laisse pas passer
"C'est papa qu'a dit et tout ce que dit papa est vrai, d'abord ! "
Et Elain est absolument in-trai-table à ce sujet, se gonflant comme un gros chat avant de se reconcentrer sur tout le reste, à voir si Balty tente une nouvelle salve d'argument qui se feront toujours rabrouer par le même et si ça ne suffit pas par des larmes de crocodiles dont la petite a le secret.
Sorcha fixe quant à elle le berceau. Elle regrette présentement de ne pas avoir de dés. Comment choisir quand on vient de les rencontrer, que c'est tout petit et que vraiment, rien ne ressemble plus à un bébé qu'un autre bébé, surtout des jumeaux. Sorcha piétine un peu avant de chantonner. <
"Eeny, meeny, miny, moe, catch a tiger by the toe. If he hollers, let him go, Eeny, meeny, miny, moe."
Son doigt pointe les deux poupons à chaque mot et termine par se poser sur ce qui lui semble être la petite fille, gardant un oeil sur Elain partie baguenauder un peu plus loin dans l'air de jeu. Sorcha la prend avec grande délicatesse, soutenant sa nuque correctement, concentrée avant avant d'assoir à côté de Baltazar, berçant un peu.
"Et voilà . J'ai choisi qui du coup ? Vous me passez le biberon ? Non parce qu'on m'a l'air tout à fait actif pour un petit bébé. Ca, c'est une futur Elain, moi je vous le dit . - Sorcha ! 'Gad ! - Je regarde Elain ! - Monsieur tu regardes aussi ! " Un coup d’œil vers la petite en haut du toboggan toute gonflée d’orgueil.
Je... ne comprends pas ce que la jeune femme essaie de me signifier. Il y a bien un message sous-jacent, visiblement assez urgent, mais cela ne me fait que me faire paniquer, de plus en plus. Qu'est-ce que je suis supposé dire, ou faire ? Finalement, une logique étrange l'emporte et je m'en tiens au silence avec la jeune fille. Je me tasse un peu plus, rentrant ma tête dans mes épaules quand elle se met à me crier dessus pour faire valoir sa parole. Oui, c'est une technique qui marche très bien sur moi : je ne dis absolument plus rien une fois que quelqu'un a crié. Je déglutis, plusieurs fois, et me renfrogne, essayant d'échapper à la conversation. Je ne suis réellement pas adapté à la vie en communauté, c'était stupide de ma part d'essayer. Là, tout de suite, j'ai juste envie de me replier en boule sur moi-même, de me frapper la tête contre un mur, et de m'éveiller dans mon lit en me jurant en moi-même de ne plus jamais sortir. Je sens même les prémices d'une crise venir quand une femme non loin s'exclame pour être prise en photo... Malheureusement, je ne peux pas me laisser aller totalement, j'ai mes enfants avec moi, et il faut que je fasse bonne figure et que je me retienne de les abandonner pour aller m'isoler.
La jeune femme commence à choisir au hasard l'un des enfants pour le nourrir avant de choisir Aurore. Je prends donc Adrien avec des mains tremblantes.
"Vous avez choisi Aurore, ma fille. Elle est plus vivre qu'Adrien, mais aussi plus facilement distraite."
Nous regardons la jeune fille faire une simple descente de toboggan. Je continue à la regarder, attendant la révélation, ou le moment fort, et cachant ma déception derrière un simple hochement de tête. Est-ce que cela va être cela ma vie, à présent ? Regarder mes enfants faire des trucs d'enfants et ne surtout pas avoir une vie à moi ?
Je donne le biberon d'Aurore à la jeune femme.
"Merci beaucoup de m'aider."
J'attrape celui d'Adrien et commence à le nourrir. Très focalisé sur ce qu'il doit faire, il ne perds pas une seule petite goutte de lait.
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