L’équinoxe de printemps. Qu’elle belle journée !
Le jour et la nuit sont en parfait équilibre, l’un aussi long que l’autre. La nature se réveille, on sème les graines, on plante nos fleurs dans l’espoir de les voir fleurir. C’est la période des décisions, des projets qu’on lance, de l’activité qui reviens.
J’inspire grandement, ma tasse de thé fumante dans mes mains. Dehors la journée est douce. Les rayons de soleils éclairent la nature qui verdoie doucement. Je tourne la tête vers le double berceau à côté de moi. Ils sont encore endormis mais bientôt ils se réveilleront. Mon regard se reporte à nouveau sur le jardin, sur la forêt au fond, la remise changée en atelier pour Baltazar. La piscine qu’il faudra faire entretenir. La terrasse que je me réjouis de nettoyer et décorer. Je baisse mon regard. Je suis assise sur la banquette de la fenêtre, en indien. Devant moi un carnet est ouvert et la page lignée me nargue.
Le printemps, la saison des projets.
Je bois une tasse de thé tout en continuant de fixer ma page. J’avais pris cette grossesse une étape à la fois. La préparation de l’arrivée des bébés oui, mais pour me ménager je n’avais pas prévu trop à l’avance. Je n’avais pas prévu comment se passerais le retour au travail par exemple. J’avais été plusieurs fois à la librairie depuis l’accouchement : uniquement pour allez prendre des livres ou récupérer quelque chose d’oublié comme mon marque page favoris ou quelques papiers administratifs pour la gestion de la boutique. Chaque fois j’avais comme retrouvé une vielle amie. Sauf il y a deux semaines. Il y a deux semaines j’avais… j’avais ressentis un poids.
Accoucher fin novembre, j’étais censé reprendre le travail en mars. Vu mon âge et ma fatigue je m’étais dit qu’au lieu de reprendre le travail en mars, j’allais commencer à préparer la reprise du travail en mars. Aménager un mis temps peut-être… Chercher quelqu’un pour la vente et peut-être s’occuper plus de la paperasse depuis la maison… Mais mon regard s’était baladé sur les étagères où une fine couche de poussière s’était installée. Il faudra nettoyer avant d’ouvrir. Trier les livres, se remettre à jour des dernières parutions, relancer la machine des commandes, faire un point sur les stocks, en plus nous étions en pleins milieux de l’années scolaire, mais en même temps si proche de la fin il faudra aussi voir pour les cahiers de cours etc…
J’y était retournée plusieurs fois. Mais à chaque fois ce même poids me hantait. Et j’éprouvait comme une sorte de déconnection. J’avais quitté un train en marche et je m’époumonais, deux bébés en plus avec bientôt 50 bougies, à courir après ce train. Mais est-ce que je voulais reprendre ce train ? Cette librairie ça avait été ma vie, mon premier bébé, ma bouée de sauvetage, un diamant que j’avais polis et fait briller… Etais-je prête à le laisser s’en aller ? Et puis il y avait la question des finances. Mon regard se porta à nouveau sur les bébés.
J’avais des économies, le terrain et la maison m’appartenaient mais… et leur avenir ? Ils auront besoin de sous pour cela… Est-ce que je pouvais me permettre de ne pas avoir de travail ? Je serre ma tasse un peu plus fort. Et puis il y avait Baltazar… je voyais ses cernes, son regard fatigué et … en souffrance. Il était comme enfermé ici et je ne supportais pas cette idée. J’avais si peur que la fatigue, le stress ou d’autres choses se mettent entre nous… On passait moins de moments complices aussi, normal avec des bébés qui ne font pas encore leur nuit entièrement ou qui hurlent pour s’exprimer. Mais même des simples étreintes ou câlins dans le canapé commençaient à résonner … vide. Et ça je ne le permettrais pas.
J’inspirais grandement en fermant les yeux. Puis je les rouvre déterminée et je m’empare de mon bic. La page se remplis. Des projets, des choses que je voudrais réaliser ou semer cette année. Et des choses que je ne sèmerais pas. Ma gorge se serre un peu quand j’écris mon intention, mais je ne le regrette pas.
« Bonjour ! On peut parler pendant qu’on nourrit les deux monstres ? »
Le jour et la nuit sont en parfait équilibre, l’un aussi long que l’autre. La nature se réveille, on sème les graines, on plante nos fleurs dans l’espoir de les voir fleurir. C’est la période des décisions, des projets qu’on lance, de l’activité qui reviens.
J’inspire grandement, ma tasse de thé fumante dans mes mains. Dehors la journée est douce. Les rayons de soleils éclairent la nature qui verdoie doucement. Je tourne la tête vers le double berceau à côté de moi. Ils sont encore endormis mais bientôt ils se réveilleront. Mon regard se reporte à nouveau sur le jardin, sur la forêt au fond, la remise changée en atelier pour Baltazar. La piscine qu’il faudra faire entretenir. La terrasse que je me réjouis de nettoyer et décorer. Je baisse mon regard. Je suis assise sur la banquette de la fenêtre, en indien. Devant moi un carnet est ouvert et la page lignée me nargue.
Le printemps, la saison des projets.
Je bois une tasse de thé tout en continuant de fixer ma page. J’avais pris cette grossesse une étape à la fois. La préparation de l’arrivée des bébés oui, mais pour me ménager je n’avais pas prévu trop à l’avance. Je n’avais pas prévu comment se passerais le retour au travail par exemple. J’avais été plusieurs fois à la librairie depuis l’accouchement : uniquement pour allez prendre des livres ou récupérer quelque chose d’oublié comme mon marque page favoris ou quelques papiers administratifs pour la gestion de la boutique. Chaque fois j’avais comme retrouvé une vielle amie. Sauf il y a deux semaines. Il y a deux semaines j’avais… j’avais ressentis un poids.
Accoucher fin novembre, j’étais censé reprendre le travail en mars. Vu mon âge et ma fatigue je m’étais dit qu’au lieu de reprendre le travail en mars, j’allais commencer à préparer la reprise du travail en mars. Aménager un mis temps peut-être… Chercher quelqu’un pour la vente et peut-être s’occuper plus de la paperasse depuis la maison… Mais mon regard s’était baladé sur les étagères où une fine couche de poussière s’était installée. Il faudra nettoyer avant d’ouvrir. Trier les livres, se remettre à jour des dernières parutions, relancer la machine des commandes, faire un point sur les stocks, en plus nous étions en pleins milieux de l’années scolaire, mais en même temps si proche de la fin il faudra aussi voir pour les cahiers de cours etc…
J’y était retournée plusieurs fois. Mais à chaque fois ce même poids me hantait. Et j’éprouvait comme une sorte de déconnection. J’avais quitté un train en marche et je m’époumonais, deux bébés en plus avec bientôt 50 bougies, à courir après ce train. Mais est-ce que je voulais reprendre ce train ? Cette librairie ça avait été ma vie, mon premier bébé, ma bouée de sauvetage, un diamant que j’avais polis et fait briller… Etais-je prête à le laisser s’en aller ? Et puis il y avait la question des finances. Mon regard se porta à nouveau sur les bébés.
J’avais des économies, le terrain et la maison m’appartenaient mais… et leur avenir ? Ils auront besoin de sous pour cela… Est-ce que je pouvais me permettre de ne pas avoir de travail ? Je serre ma tasse un peu plus fort. Et puis il y avait Baltazar… je voyais ses cernes, son regard fatigué et … en souffrance. Il était comme enfermé ici et je ne supportais pas cette idée. J’avais si peur que la fatigue, le stress ou d’autres choses se mettent entre nous… On passait moins de moments complices aussi, normal avec des bébés qui ne font pas encore leur nuit entièrement ou qui hurlent pour s’exprimer. Mais même des simples étreintes ou câlins dans le canapé commençaient à résonner … vide. Et ça je ne le permettrais pas.
J’inspirais grandement en fermant les yeux. Puis je les rouvre déterminée et je m’empare de mon bic. La page se remplis. Des projets, des choses que je voudrais réaliser ou semer cette année. Et des choses que je ne sèmerais pas. Ma gorge se serre un peu quand j’écris mon intention, mais je ne le regrette pas.
« Je ne reprends pas la librairie. »
J’entend des pas descendre les escaliers et les petits bougent déjà un peu. Le papa est en synchronisation parfaite. Mais en est-il heureux ? Je pose ma tasse et me penche sur mes amours pour leur faire un bisou esquimau en douceur. Les pas se rapproche et je me redresse pour regarder mon homme. Fatigué, en pyjama, décoiffé, hagard… éteint. Je lui souris doucement. « Bonjour ! On peut parler pendant qu’on nourrit les deux monstres ? »