Alice était extrêmement nerveuse. Elle marchait sur les traces de son passé depuis un peu moins d'un an déjà, elle n'avait jamais été aussi près de la vérité. Elle avait une clé dans les mains, qui était celle d'une maison, qui avait été déterminée comme lui appartenant. Ses deux mères étaient portées disparues, et il y avait peu d'espoir qu'elles soient vivantes. Mais dans tous les cas, elle avait droit de retourner dans cette maison qui était la sienne depuis, apparemment, qu'elle était toute petite. C'était un grand moment d'émotion et la certitude que quelque chose d'extraordinaire était en train de se produire. D'extraordinaire pour elle seule peut-être, mais ça ne changeait rien.
Elle sera un peu plus fort la main de son père qui avait accepté de l'accompagner pour ce moment particulièrement important pour elle. Il y avait longtemps, elle avait envisagé cette possibilité et songé qu'elle n'avait pas envie de vivre ce moment toute seule. Elle avait alors demandé à Raphael s'il accepterait de le partager avec elle. Il avait accepté et il était là aujourd'hui, près d'elle, prêt à la soutenir pour découvrir le dernier bastion entre elle et son passé. La maison où elle avait vécu serait peut-être un déclencheur en ce qui concernait sa mémoire. En tout cas, les médecins avaient bon espoir sur ce sujet.
Et elle avait le trac, comme une débutante sur le point d'entrer en scène. Tout cela était pourtant la réalité et il n'y avait rien de plus ordinaire qu'une demeure. Pourtant, elle avait l'impression qu'il y avait un passage derrière cette porte comme un passage secret vers les mystères de son passé et elle savait qu'elle était la seule à en avoir la clé désormais au sens imagé comme au sens littéral. Elle croisa le regard de Raphaël, épuisant du courage pour affronter ce qu'il pouvait y avoir derrière la porte de la maison comme derrière la porte de sa mémoire, et elle plongea la clé dans le trou de la serrure.
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Argumentum ad novitatem
Si je ne peux pas dire que je suis mécontent qu'Alice ait eu envie de reprendre la trace de son passé, je dois admettre que je suis mitigé, pour ma part. Je m'étais habitué à une présence féminine dans mon entourage, la seule depuis mes mères. Après, je n'ai vécu qu'avec des hommes, dans un dortoir de frères moines, avec Ismael, ou encore avec Clyde avant qu'il ne doive partir. Si je me refuse à creuser un trop gros fossé entre hommes et femmes, je dois bien admettre que la présence d'Alice dans ma vie avait eu une saveur reposante, pleine de vie, une vie à construire vers l'avenir, pas le passé.
Non, il faut que je me résolve à l'accepter. Alice a un passé qu'elle doit rejoindre un jour ou l'autre, et ce jour est arrivé. Pour la suite, je dois admettre que je n'ai pas réussi à suivre toute l'histoire. Cela me paraît aberrant qu'une telle histoire de disparition ait pu arriver de nos jours et que ce soit seulement maintenant qu'on fait le lien avec une jeune fille retrouvée amnésique. Je ne sais même pas où ni comment elle a trouvé cette clé ou cette adresse...
Nous marchons dans la forêt, loin de tout. En moi, la Bête sourit, elle est dans son élément, sauvage et libre. Elle n'a qu'une envie : montrer le bout de ses cornes et caracoler entre ces deux arbres, grimper sur ce rocher, repartir en équilibre sur ce tronc. Quand nous entendons un coucou au loin, je ne peux pas m'empêcher de dresser mes oreilles caprines absentes vers lui, comme des membres fantômes.
Je réponds à sa main qui serre par un petit hochement de tête. Tout se passera bien. Sur le chemin, elle est restée silencieuse, et je respecte son silence. Elle met la clé dans la serrure, hésite. Je la regarde, un sourire encourageant sur mon visage.
"N'aies pas peur de ce que tu vas trouver, ce ne peut être que positif. Tous les souvenirs seront positifs."
Cependant, je reste derrière elle, assez tendu pour pouvoir réagir. De toute façon, il est fort à parier que la police est déjà venue fouiller les lieux ici.
La main de son père sur son épaule ne pouvait que la conforter dans le fait qu'elle était heureuse de partager ce moment avec lui. Quelle que serait la nature de ce qu'elle trouverait en ces lieux, il y avait une chose qui était certaine, c'était qu'il serait là pour apprécier le bon et la soutenir en ce qui concernait le mauvais. Il n'y avait donc aucune raison de se faire du souci à ce sujet. En revanche, elle se faisait du souci concernant ce qui se passait dans sa tête et ce qui en ressortirait, une fois qu'elle aurait repris contact avec un environnement familier. Elle n'avait aucune information sur le fait qu'il y aurait un déclic ou pas, mais elle avait peur de ce qui se passerait s'il y en avait un.
Elle sourit à son père. Elle ne savait pas s'il mentait pour la rassurer ou s'il croyait sincèrement en ce qu'il disait, mais elle était à peu près sûre qu'il se trompait. Pourtant, le simple fait qu'il s'efforce de la rassurer de son mieux lui démontrait quel père attentif il était, ainsi que la place qu'elle avait pris dans sa vie. Elle lui en était reconnaissante. Quand elle s'était retrouvée seule au monde, elle n'avait pas pensé qu'il était très bon de se raccrocher au policier qui l'avait secourue, car ce n'était qu'un instinct et non pas un lien véritable, même si quelque chose de solide s'était forgé par la suite. En tous les cas, ce qu'il y avait avec lui était incomparable.
« Merci d'être là », répondit-elle avec beaucoup de douceur.
Elle tourna la clé dans la serrure et poussa la porte. Les choses commencèrent doucement à s'installer. Ce fut d'abord une odeur, qui lui semblait tellement familière, féminine, un mélange de deux effluves, probablement ses deux mères. Puis elle ouvrit complètement la porte. La pièce à vivre devant elle était loin d'être anonyme. La décoration était pensée avec soin, un cadre était disposé sur le mur avec plusieurs photos d'elle en compagnie de deux femmes, à différents âges de sa vie. Un léger bruissement provenait d'une pièce voisine, ce qu'elle devina être le vent dans un arbre situé dans le jardin. C'était familier, c'était indéniablement familier.
Ce fut alors que le déclic tant redouté se produisit. Les souvenirs remontèrent d'un coup, et au départ, les choses ne manquaient pas de douceur, d'affection, d'une richesse familiale qu'elle ne pouvait dénier. Et puis, il y a eu le choc. Les souvenirs de ce à quoi elle avait assisté, la mort, la désolation. Le choc qui lui avait fait rejeter tout souvenir de sa vie revenait à elle avec toute une force et elle ne pouvait à nouveau se cacher. La terreur se faisait sentir et elle s'écroula sur le sol, recroquevillée sur elle-même sans pouvoir bouger, alors que les larmes commençaient à envahir son visage.
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Ma phrase ne semble pas la rassurer. Elle me regarde comme beaucoup d'autres m'ont regardé, avec ce rejet de la naïveté dont je peux faire preuve parfois. Cependant, oui, je crois sincèrement qu'il n'y a aucun souvenir à rejeter, ne serait-ce que pour éviter de refaire les mêmes erreurs du passé, ou pour se connaître soi-même. Enfin, peu importe.
J'hoche la tête. Pour moi, il est parfaitement normal que je sois là dans un tel évènement. Qu'Alice soit ma fille ou non, il m'est impensable de la laisser seule, elle l'a déjà été beaucoup trop dans sa courte existence dans le sens où elle n'a pas de souvenirs. Malheureusement, je doute qu'après tous ces mois, elle ne retrouve quoi que ce soit qui lui fasse brusquement retrouver toute sa vie d'avant... mais je ne connais pas assez la psyché humaine pour en juger.
Le bruit de la clé dans la serrure résonne comme l'ouverture vers le passé de sa propre vie. Les cliquetis clairs de métal se succèdent avec le son plus feutré de la porte qui se débarre enfin. Quand la porte s'ouvre, je réalise que j'ai retenu ma respiration. Pour ma part, je ne vois rien de spécial et tourne entièrement mon attention sur Alice qui semble entrer dans un tout nouveau monde que je suppose être à la fois inconnu et familier.
Au moins, à la vue des photos, nous étions bien dans la bonne maison. Je regarde elle, plus jeune, entre les deux femmes, puis elle enfant, et enfin elle bébé. J'ai un sourire mêlant regret et admiration. Oh oui, elle a eu une vie sans moi, une vie qu'elle aspire à retrouver à présent. J'entends alors un murmure, un cri étouffé. Je repose le cadre précautionneusement avant d'aller vers Alice. J'hésite un instant à mettre mes mains sur ses épaules. Finalement, je m'accroupis vers elle, ôte ma veste pour la recouvrir comme une couverture.
"Alice ? Est-ce que tout va bien ? Parle-moi, s'il te plaît !"
Je me demande un instant si je ne devrais pas appeler quelqu'un pour venir nous aider. Pour cette journée avec elle, je n'ai pas amené de portable, je n'en ai pas eu le réflexe.
"Reviens avec moi, tout va bien tu es en sécurité."
Mes bras autour d'elle, je la ramène contre moi pour la câliner. Je remarque, dans la panique, qu'une de mes jambes s'est changée en sabot. Je serre les dents, ce n'est vraiment pas le moment.
"Alice, inspire avec moi, et souffle en même temps que moi."
Je prends son rythme saccadé avant de le ralentir petit à petit. Je vois ses larmes. Elle est en panique. Je ne sais pas où elle est partie, mais je ferai tout pour la ramener.
Elle avait les larmes qui coulaient, qui mouillaient ses joues et qui lui faisaient ressentir la douleur de ce moment qu'elle avait refoulé où ses deux mères avaient été sauvagement tuées, pas par une bête sauvage ou par un monstre, mais par des humains. De mauvais humains qui avaient décidé que le monde devrait vivre sans ces femmes et ce n'était que parce qu'elle avait réussi à fuir. Qu'elle était encore en vie aujourd'hui. C’était effectivement très douloureux et elle avait l'impression que rien ne pouvait la ramener. Ni ce manteau sur ses épaules, ni ses odeurs et ses senteurs familières qui lui démontraient qu'elle était chez elle.
Pourtant, le destin lui donna une chance avec la voix de son père qui la rappelait à la réalité. Son esprit empli d'horreur s'accrocha à cette voix pour prendre le chemin qui menait au monde dans lequel elle était et qui permet de quitter celui dans lequel elle se perdait. Ses bras trouvèrent le cou de son père dans lequel elle se nicha comme dans un endroit douillet où il n'y avait plus le risque de se faire attaquer ou brutaliser par qui que ce soit. Elle était protégée, elle était en sécurité, elle l'entendait.
« Elles sont mortes, Papa. »
Une façon simple et sans aucun détour pour lui expliquer la situation d'une femme qu'il puisse la comprendre. Dans ces mots, elle exprimait clairement pour quelles raisons son cœur battait aussi vite et ses larmes coulaient autant. elle avait perdu ses mères et le fait qu'elle s'en souvienne lui rappelait aussi combien elle les aimait, ce qui donnait une ampleur supplémentaire au traumatisme. Ce n'était pas pour rien si son esprit avait figé dans le néant ses souvenirs perdus, mais désormais, il ne serait plus question de cela. Alice ne pouvait plus revenir en arrière. Elle leva les yeux et croisa son regard alors que les larmes coulaient encore.
« C’étaient des braconniers, j'ai tout vu, j'étais là. Je suis parvenue à m'enfuir et je me suis changée en lapin sous l'effet de la peur. C'est comme ça qu'ils ne m'ont pas trouvée où ils m'auraient tués aussi. C'était horrible ! Maman Laura voulait les obliger à arrêter pour protéger les animaux. Enfin, elle le voulait toutes les deux mais c'est elle qui parlait. Ils se sont jetés sur elle avec leur couteau. Elles se sont défendues mais ils étaient beaucoup plus forts. Elles n'ont rien pu faire. Je n'ai rien pu faire. Je ne pouvais rien faire, Papa. »
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Alice fond en larmes dans mes bras ce qui éveille immédiatement mon malaise. Je me sens inutile, impotent et tellement impuissant face à cette situation. Son père, son vrai père biologique, sautait comment l’aider, et même lui redonner le sourire, voire le rire. Moi ? Je suis seul, entouré par cette maison qui a connue la mort. Je ressens une vive ferveur religieuse pour ces deux femmes qui ont donné leur vie pour sauver des animaux, et une vive animosité pour les hommes qui ont tué au nom de leur soi-disant liberté. Ce qui m’étonne est que cet endroit ait été visiblement nettoyé, les corps ont été emmenés et probablement identifiés… En bref, il manquait une fille quelque part, et on en trouve une autre sans passé, et il a fallut tout ce temps pour faire le lien ?
Terriblement maladroit, je serre mes bras autour d’elle, essayant à nouveau de trouver les mots devant cette tragédie. Mais… Non, rien ne me vient. Je peux parler en public de la mort d’un homme, d’une femme ou d’un enfant dans le but d’apaiser les âmes, mais là, je me contente d’être là, présent, et rester silencieux avec mes questions pour ne surtout pas réveiller de mauvais souvenirs.
Ma culpabilité prend le dessus, aussi, celle d’avoir souhaité, quelque part, qu’elle ne retrouve pas ses parents. Si j’avais su, je me serais bien gardé d’avoir de telles pensées. Je le savais, que je ne pouvais en aucun cas remplacer qui que ce soit dans sa vie.
"Que dirais-tu de faire une cérémonie, pour elles ?" Elles ont été tuées et probablement enterrées quelque part. Mais personne n’a pensé à leur offrir des rituels. Pourtant, c’est tout ce à quoi je peux penser en cet instant. "Je ne parle pas de quelque chose de nécessairement religieux, ou catholique, je pensais à quelque chose de spirituel, qui te ferait du bien, pour leur dire que tu penses toujours à elles."
Elle pleura sans parler pendant quelques instants dans les bras de son père. Il ne disait rien, il ne trouvait rien à dire, mais elle ne trouvait pas ça pénible ou compliqué. Cela ne changeait rien à la situation. Elle était simplement heureuse et soulagée de savoir qu'elle n'était pas seule face à cette douleur. Elle avait eu raison de lui dire de venir parce que sans lui, elle se serait sûrement écroulée. Elle parvint à reprendre un peu de contenance, juste assez pour se redresser et il jeta à nouveau un œil au reste de la maison. Il y régnait le calme d'une famille qui était partie le matin et qui ne devait pas trop tarder à revenir, comme si cet endroit avait gardé l'empreinte de ce qu'elles étaient avant de quitter la maison.
Raphaël prononça alors quelques mots qui lui firent tourner la tête dans sa direction. Il s'agissait de proposer de faire une cérémonie en hommage à ses deux mamans. C'était une bonne idée. Il était temps de procéder officiellement à leur funérailles, même s'il n'y avait pas de corps à mettre dans un cercueil. En fait, leurs corps avaient déjà dû nourrir la terre du parc naturel et peut-être même certains charognards. Même si cela pouvait faire de la peine d'y penser, Alice songea que c'était probablement très précisément ce qu'elles auraient voulu.
« C'est une bonne idée. Je ne sais pas trop ce qu'il faudrait planifier et comment s'y prendre, mais c'est une bonne idée. Tu sais, je me dis qu’au moins, elles ont été laissées dans la forêt, là où elles auraient voulu être enterrées. Et ça n'aurait sûrement pas été possible. Quelque part, c'était probablement la meilleure façon de finir pour elles. Mais j'aurais bien aimé les avoir à moi un peu plus longtemps. »
Elle se dirigea vers la cuisine. Cela faisait près d'un an et rien n'avait bougé. Elle retrouva familièrement le contact de l'armoire où se trouvaient les verres, du placard où se trouvaient les bouteilles. Elle se servit un verre d'eau aussi naturellement qu'elle l'avait fait à l'époque. Aucun doute, tout était à sa place. Elle pouvait remonter voir sa chambre où il y avait son ordinateur. Elle irait avec lui. Elle avait envie de lui montrer qui elle était. Une pièce à la fois. Une habitude à la fois. Se réapproprier un endroit qui lui appartenait.
« Est-ce que tu veux… un peu d'eau ? Nous avons peut-être autre chose mais je ne sais pas s'il reste des choses qui n'ont pas périmé, en dehors des conserves évidemment. »
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Je ressens sa détresse au plus profond de moi et je me sens incapable de l'aider en rien. Mes mains se mettent même à trembler de frustration. Je ne savais pas qu'un esprit humain pouvait fonctionner ainsi, que la mémoire volontairement effacée pouvait revenir aussi soudainement. Elle subit toute la tristesse et le deuil qu'elle n'a pas ressenti au moment fatidique. Pourquoi son esprit l'accepte seulement maintenant, pourquoi elle ne tombe pas en torpeur ? Toutes ces questions qui m'assaillent, et... aucune réponses. L'impuissance me pousse à un silence méditatif assez peu agréable. Je lui propose donc quelque chose de sans doute affreusement ridicule, mais c'est ce qui moi, m'aurait fait du bien.
Elle me rassure en me disant qu'elle pense que c'est une bonne idée, même si je sens bien que c'est immensément insuffisant. J'évite de grimacer quand elle parle de "finir", parce que ce n'est pas là que je vont mes croyances. Cependant, ce sont ses mères, et c'est à elle de savoir ce qui serait le mieux.
"Tu n'auras rien à planifier à part me donner tes envies et tes volontés. Je m'occuperai de tout. C'est le moindre que je puisse faire."
Alice me laisse pour déambuler dans la maison et je la suis de quelques pas dans la cuisine. Je la regarde se servir un verre d'eau sans rien dire, n'osant pas la perturber dans ce geste si naturel. Je me demande si elle va vouloir vivre ici à présent, cet endroit est très calme, paradoxalement. J'ai un tique quand elle me propose à boire.
"De l'eau, ça sera plus que suffisant."
Son attitude a changé, sa voix également. Je me demande si j'aurais pu faire partie de sa vie s'il n'y avait pas eu cet accident. Peut-être pas, peut-être que ça aurait été plus facile, au contraire. J'attends patiemment qu'elle finisse de boire et repose mon propre verre sur la table avec l'eau que je n'ai pas bue à l'intérieur. Ma gorge est sèche, mais je ne saurai pas ne serait-ce que déglutir en cet instant. Toujours trop de questions, trop de rage, trop d'incompréhension et de frustration...
Il faut que je m'arme de patience et ne surtout pas la bousculer dans sa reconstruction.
Aller boire un verre, écouter ce qui se passait dans la maison, c'était une façon de se réapproprier son environnement. Avec le réveil de ses souvenirs, elle avait l'impression que quelque chose revenait à la vie sans qu'elle n'ait de véritables contrôles sur la possibilité de le rendre vraiment vivant. La seule chose qu'elle pouvait faire, c'était d'apprivoiser ses souvenirs. Elle avait au moins réussi à laisser de côté les plus sombres d'entre eux, ceux qui avaient causé son traumatisme et la volonté de tout son être de tirer un trait surtout ce qui la constituait. désormais, il était temps de redevenir elle-même.
Elle sentait bien que c'était compliqué pour son père de se forger sa place dans tout ça et de savoir quoi faire et comment réagir. Mais elle avait besoin de temps. Elle avait toujours besoin de lui, mais elle était incapable de lui dire de quelle façon pour le moment, encore que l'idée de la cérémonie ait été une idée brillante, digne du grand cœur de son père. Il tenait à tout organiser lui-même et elle ne lui laissait aucune pression, et elle lui en était reconnaissante. Elle avait conscience qu'il faisait simplement ce qui était le plus juste pour son cœur. Elle lui apporta son verre d'eau avec un sourire.
« Je suis heureuse de t'avoir à mes côtés. Ce ne sont pas des moments faciles. Mais j'irai mieux après. Je te promets que c'est la vérité. »
Même si elle avait une voix étrangement calme, probablement trop pour ce qu'il aurait fallu, la douleur était presque anesthésiée. Mais elle était vide. Elle allait devoir se remplir de nouvelles émotions, et cela viendrait. Mais dans l'immédiat, elle se sentait un peu vide. C'était toute une réappropriation. Elle allait d'ailleurs devoir s'occuper de tout gérer. Il allait falloir faire l'inventaire de tout ce qu'il y avait, de ce qui pouvait être conservé et de ce qui allait devoir être jeté. Il a dit falloir faire les démarches pour la transmission de biens. Mais rien que à penser à l'administratif, cela lui donnait mal à la tête et elle préféra y renoncer.
« Je sais que c'est un peu bizarre, comme situation. Ça fait drôle de se retrouver ici alors que tant de temps à passer et alors que tout ici semble avoir attendu que quelqu'un revienne dans l'état ou c'était au départ. Je ne sais pas trop comment réagir. Tout cela me semble tellement irréel… pourtant, je sais que cet endroit était celui où je me sentais chez moi. Est-ce que… est-ce que ça te dirait de voir comment j'avais arrangé ma chambre ici ? Je crois… je pourrais t'apprendre certaines choses à mon sujet. Si tu as envie bien sûr. »
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Alice semble reprendre ses marques d'une manière tout à fait unique. Ses larmes et ses angoisses se sont apaisées presque d'un coup, comme si elle arrivait à prendre du recul avec la situation. D'une situation de crise de larmes, elle en est venue à devenir quasiment... analytique. Je regarde ces changements, sans doute normaux pour une personne qui reprend possession de sa mémoire. Je délaisse le verre d'eau, n'ayant pas envie de me faire servir pour le moment, et n'étant pas certain que je pourrais avaler quoi que ce soit. Déjà, ma tête commence à me tourner... Non, pas maintenant... pas ici...
Je refoule donc mes émotions, une à une, et souris à ma fille.
"Je ne te demande absolument pas de me promettre quoi que ce soit, et encore moins ce genre de chose." D'autant qu'elle n'a aucun contrôle sur son état moral. Je suis la première personne à admettre qu'on est notre propre salut, mais je sais aussi que rien n'est évident dans le cas de la santé de l'esprit. "... et encore une fois, c'est normal que je sois là."
Cette place, là, tout de suite, à ses côtés, je ne l'aurais laissé à personne, pour rien au monde. Pourtant, si elle avait souhaité faire ce retour dans le passé avec quelqu'un d'autre, je n'aurais eu qu'à serrer les dents et à accepter. À moi de me rendre digne de l'honneur qu'elle me fait. Sa tirade suivante me laisse perplexe. J'admets que je n'attendais pas à entendre un "ça fait drôle" de la part d'une personne qui vient de se vider de ses larmes. Mais... Alice change, je le savais, depuis qu'elle m'a parlé de revenir ici, je savais ce qui allait advenir.
"Tu n'as pas à réagir d'une manière ou une autre, tu n'as personne à impressionner ici."
Après un hochement de tête, j'ajoute :
"Je serai ravi de voir ta chambre. Tu te souviens à quoi elle ressemble ?"
Cela me fait mal qu'elle puisse douter que je puisse avoir envie de la connaître mieux... Mais... je ne vais pas ajouter mes propres incertitudes à sa situation actuelle.
La bienveillance de son père, elle la ressentait de plus en plus et toujours plus fortement, au fur et à mesure des semaines durant lesquelles sa confiance en lui grandissait encore. Aujourd'hui, à un moment crucial de son évolution, là où sa présence était essentielle, ce soutien se faisait encore plus précieux et lui donnait encore plus de forces. Mais elle savait que le combat, elle était seule à pouvoir le mener et elle était persuadée que ça n'était pas à Raphaël de faire le choix juste, de trouver le chemin à prendre. Il n'était clairement pas dans sa zone de confort, mais il était là pour elle.
« Je sais. J'ai l'impression d'être dans un rêve. Enfin, je ne sais pas bien si c'est un rêve ou un cauchemar, mais c'est très irréel. Et en même temps, je sais que tout est réel. Je crois qu'il va y avoir des moments où ça va devenir évident. Et je vais… »
Les larmes remontèrent exactement comme elle s'attendait à ce qu'elles remonteraient encore et encore régulièrement, tout simplement parce qu'elle ne pouvait pas tout contrôler. Elle essayait pourtant très fort, parce que c'était sa nature de le faire, même si elle ne l'avait plus su. Maintenant, elle le savait. Et pourtant, elle savait que ce contrôle qu'elle essayait de s'imposer, elle ne pourrait pas se l'imposer très longtemps. mais ce n'était pas grave. L'essentiel, pour son père, c'était qu'elle fasse ce qu'elle avait besoin de faire et elle était consciente que c'était tout ce qu'il voulait.
« Ca, au moins, tu peux en être sûr », dit-elle en essayant de sourire à travers ses larmes, « Je n'essaie pas de t'impressionner. Mais j'ai l'impression de ne plus savoir où je suis, ça, c'est sûr. »
C’était peut-être pour ça qu'elle avait envie de repartir vers sa chambre, de retrouver son univers, cet endroit cosy qui n'appartenait qu'à elle et qu'elle avait modelé selon ses propres envies. C'était ce qui lui ressemblait encore plus que tout le reste dans cette maison et elle avait envie de le partager avec son père qui avait l'air d'être heureux à cette perspective.
« Oui, je me souviens. Je me souviens de ce que je suis. Et je voudrais que tu le voies. »
Cela étant établi, son accord lui valut un sourire jusqu'aux oreilles de la part de sa fille qui lui attrapa la main pour l'entraîner vers l'étage. Quand elle poussa la porte de sa chambre, elle était à la fois nerveuse et impatiente.
C'était la chambre d'une jeune fille, au papier peint dans les tons clairs et à la décoration élégante et simple. La partie la plus édulcorée était le bureau, où il y avait des étagères avec quelques livres mais où l'on pouvait voir que l'élément principal était un ordinateur dont il suffisait de le regarder d'un peu plus près pour savoir qu'il était vraiment dernier cri. Les mères d'Alice lui avaient procuré le matériel qui serait nécessaire pour pouvoir intégrer sa nouvelle école et y performer. C'était leur dernier cadeau et elle passa une main dessus avec un regard nostalgique. Le lit faisait moins adulte. Il y avait même quelques peluches dessus. Mais il restait relativement soft en termes de décoration. Il y avait des photos au mur, dont certaines avaient été prises à l'intérieur du parc et cela se voyait. Elle ressentait pleinement le bien-être caractéristique de sa chambre.
« Ici, c'est vraiment chez moi. Cet ordinateur, c'était le dernier cadeau que mes mamans m'ont fait. Je devais partir après notre voyage. Dans une école. Je suis douée en informatique, tu sais. Vraiment très douée. Je suis arrivée la première à leur examen. Je devrais peut-être les recontacter. Ce serait bien que je reprenne le chemin de mes études et de mes passions, tu ne crois pas ? J'avais prévu de me loger à côté de l'école, mais tu habites plus près toi. Je pourrais rester avec toi. Tu crois que c'est une bonne idée ? »
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Alice a l'air tout à la fois perdue et retrouvée, c'est une vision très étrange, comme si elle passait de l'un à l'autre sans parvenir à se décider. J'espère que sa mémoire ne lui fera pas encore défaut, qu'elle ne se heurtera pas à quelque chose d'encore trop lourd à avaler, à analyser, et qu'elle replongera en amnésie. J'aurais dû me renseigner sur cette affliction, mais je ne suis pas un homme de science, et aucun médecin n'aiment les gens qui posent trop de questions... Et moi et les médecins, en ce moment, il semblerait que nous n'arrivions pas à nous accorder.
Quand elle se met à sangloter de nouveau, je la prends dans mes bras en serrant un peu son corps contre le mien, comme je sais que cela se fait quand on va réellement mal. J'aimerais être son ancre, en cet instant, même si c'est sans doute très présomptueux de ma part. Je veux qu'elle se sente soutenue, qu'elle se sente accompagnée, qu'elle sait que je serai là pour elle quoi qu'il arrive.
"Un pas après l'autre, tout doucement. Si tu te sens défaillir, tu n'as qu'à le dire. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n'as qu'à demander aussi."
Je suis bien plus à l'aise à l'idée de haranguer une foule qu'au fait de consoler une personne qui m'échappe. Alice m'échappe, au moins un peu. Si je n'ai jamais été le centre de son univers, je sens plus que jamais qu'une tout autre vie l'attend. Je la suis dans sa chambre et découvre un environnement d'adolescente.
Oui, la voilà vraiment chez elle, à présent.
Je hoche la tête alors qu'elle me parle d'ordinateur, une chose qui m'échappe totalement. Sa vie lui est définitivement revenue. Elle veut reprendre ses études ? Je ne sais pas, je ne m'y connais pas assez en informatique. Cependant, il est une chose que je sais...
"Ce serait une excellente idée. Tu quitterais ton travail actuel ? Sache que je suis toujours là."
La suite, par contre, me fait hausser les sourcils. Je dois admettre que je ne comprends pas très bien, ou alors elle parle de cette maison et... non... je décide que ça n'a que peu d'importance. Je prends une voix calme pour la suite.
"Alice ? Je loge à côté de l'église, sur l'extrémité ouest de Montréal. Il n'y a aucune école d'informatique qui soit à proximité. Il faut prendre le bus, puis le métro. Tu te souviens ?"
C'est justement pour son aspect reculé de tout que j'ai choisi cet emplacement, pour y fonder le Sanctuaire. Certes, le projet s'est effondré sur lui-même, mais je ne vais pas l'abandonner pour autant.
"Que veux-tu faire, pour toi, en m'exemptant de ta décision. En cet instant, peu importe ce que je pourrais penser ou vouloir. S'il te plaît."
Bien sûr que j'aimerais qu'elle reste avec moi... Mais je suis trop loin de tout. Un endroit calme, certes, aussi paisible que celui-ci, mais un endroit reculé tout de même. Je ne veux pas qu'elle ait à choisir entre moi et ses études, et je veux encore moins qu'elle choisisse en fonction de moi. Elle a sa vie devant elle.