Depuis quelques semaines que je suis à Montréal, j'ai essayé de parcourir la ville dans tous les sens. J'aime découvrir, m'imprégner d'un lieu, repérer ce qui échapperait au touriste standart. C'est ainsi que j'ai eu un gros coup de cœur pour le quartier latin, tellement vivant. Et depuis que j'ai discuté avec Raphael, mon fils plus poli mais tout aussi impertinent que son frère, beaucoup de choses se bousculent dans ma tête, à commencer par un peu de culpabilité. Oh, je ne vais pas me mettre à pleurnicher que je suis une mère horrible, mais il est de fait que je pourrais peut-être témoigner un peu plus d'affection à mes enfants. Si je devais me prendre comme exemple, serais-je devenu ce que je suis si ma mère avait été comme moi aujourd'hui ? Probablement pas. J'ai certainement pu m'épanouir car je savais que mon foyer était un endroit sûr où je serais toujours en sécurité. Ne pas offrir ça à mes propres enfants, ce n'est pas juste.
On ne va pas commencer à aller faire des tours de manège ensemble, mais on pourrait déjà passer une soirée, juste eux et moi. En plus il faut bien qu'ils apprennent à se connaître ces deux nigauds, ils sont jumeaux mais c'est à peine s'ils sont conscients de l'existence l'un de l'autre. Alors j'ai eu une petite idée : un soir, un restaurant, seulement nous, et puis peut-être une promenade après, on verra bien.
Bon, par contre certaines choses n'ont pas vraiment changé chez moi, pour le moment. Du coup, j'ai bien pensé à chercher dans quel quartier on irait, j'ai regardé les restaurants, ce qu'il y a à faire, etc..... mais j'ai totalement oublié de prévenir mes fils de mes plans. Je sors donc mon portable rapidement et je leur envoie un message.
Maman a écrit:
Coucou mon chéri. Je t'attends dans le quartier latin de Montréal, on va se faire une soirée tous les trois, avec ton frère. Restaurant, tout ça, c'est moi qui vous invite. Désolé, je sais que je te préviens un peu tard, mais si tu peux être là dans une petite demi-heure ? Sinon je vais devoir attendre, et je n'aime pas. À tout à l'heure, merci !
Et voilà. Qu'on me dise après que je ne fais pas d'effort. Bon, faut que je trouve un coin où me poser pendant une demi-heure moi....
Pseudo : RyudjinnFaceclaim : Sigourney WeaverCrédits : MoiMulticompte(s) : Doug Chell, Frank D'Andrésy, Marc Hazan, Hector DiazDate de naissance : 08/10/1970 Age : 54Âme soeur :
Je ne la recherche pas
Statut civil : CélibataireMarque : Invisible pour le momentAnimal : chat American Shorthair roux
Here we go again
Hello Mother Let's do this !
Ouais, ma mère est là. Je ne sais pas trop comment dire cela sans la vexer, mais cela me fait très étrange, comme si elle voulait rattraper toutes ces années d'un coup. Pour ma part, je n'ai pas su lui dire que je vivais assez mal en ce moment. Je m'accroche à mon travail presque désespérément parce que c'est tout ce qu'il me reste. Mes collègues pensent que je vais bien, et c'est l'essentiel. Si elle sait à quel point je suis fucked up en ce moment ? J'en ai foutrement aucune idée.
J'ai juste la sensation d'être seul et depuis peu, je suis seul.
Du coup, quand j'ai senti mon portable vibrer, je me suis jeté dessus comme le mystère sur le pauvre moule, ou quelque chose comme ça. Ma mère, donc. Je ricane à son message et, même s'il me fait immensément plaisir, je lui réponds :
Jake a écrit:
Voui môman...
En réalité, je ne suis pas là dans une demi-heure. J'ai juste eu à sauter sur ma moto (qui n'est pas à moi) et en moins d'un quart d'heure, je l'ai rejointe dans le quartier Latin. Il n'est pas très étendu et il n'y a qu'elle pour avoir une signature férale aussi... Je me dirige vers elle, lui fais "bouh", mais elle ne sursaute même pas. Ce n'est pas marrant. Sans demander mon reste, je m'installe auprès d'elle.
"Que nous prévaut ce revirement de situation aussi soudain qu'inattendu ?"
Le quartier est assez calme, pas trop animé, même s'il y a toujours des gens qui s'agitent en ce début de soirée. Je me demande quel restaurant on va faire, mais je préfère me garder la surprise.
"J'crois qu'on va être en tête-à-tête pendant un moment. Raphael ne répond jamais à son portable."
Du moins, nous serons seuls jusqu'à l'heure de rendez-vous, au minimum.
Yakov arrive étonnamment vite. J'aurais juré qu'il prendrait le temps de traîner un peu, de venir quand il en a envie. Ce gamin a changé depuis qu'il a grandi. Et je n'aime pas beaucoup ça. Mon Yakov rentrait peut-être à pas d'heure en trimballant des objets et des animaux qu'il n'aurait pas dû ramener, mais c'était MON Yakov, avec son sourire de gosse. Celui que j'ai devant moi semble beaucoup trop sérieux, et chez lui ce n'est pas bon signe. Raphael a raison, je néglige trop mon fils.
"J'avais envie de passer un moment avec vous deux, comme une famille normale quoi. Mais je suis contente qu'on commence par un moment juste tous les deux, ça faisait longtemps."
Je commence un peu à marcher avec lui, sans but précis. La conversation s'engage sur des banalités, mais bon, avec la distance qui s'est installée entre nous, c'est déjà un bon début.
"Pas grand-chose tu sais, j'essaie de trouver un peu mes marques par ici. J'apprivoise la ville. C'est très sympa d'être là, ça me change de la Hongrie."
On se rapproche d'un petit stand qui vend de la nourriture et des boissons. Je prends deux sodas et j'en tends un à Yakov tout en me dirigeant vers un banc sous un arbre. Il fait plutôt bon ce soir. Je pensais que le Canada serait plus froid.
"Pour ne rien te cacher, je me disais que tu me manques un peu. Non, pas un peu. Bref, j'aimerais bien être près de toi. Et de ton frère aussi, bien sûr. Du coup je pensais à m'installer sur Montréal et à me concentrer plus sur des commerces ici, tout en important à Montréal les produits de Hongrie, qu'en penses-tu ?"
J'évite de le regarder. Je ne sais pas si je veux nous épargner un moment de gêne, ou si j'ai un peu honte, mais je préfère regarder droit devant moi.
"Yakov... J'imagine que tu es déjà bien occupé, mais si tu voulais qu'on travaille ensemble, j'aurais bien besoin de tes talents et de ton œil jeune pour pas mal de trucs, un studio d'enregistrement, un.... comment il a dit ? Un laser-game ? C'est ça ? Bref, si tu voulais bien travailler avec moi, j'aurais pas mal de choses à te proposer..."
J'essaie de rassembler mon courage avant de prononcer les mots les plus difficiles que j'ai jamais eu à dire.
"Je suis désolée, mon poussin. Je sais quelle mère j'ai été. Tu méritais mieux. J'espère juste que tu ne m'en veux pas trop."
J'ose enfin tourner le regard vers lui, avec un petit sourire.
"Tu veux mon soda ? J'aime pas, c'est dégueu je trouve, si t'en veux pas je le jette."