Bon, on y est. La maison devant moi est vachement grande quand même ! Je n'avais pas fait attention pendant son déménagement, mais y en a de la place là-dedans. Je suis sûr qu'il peut péter dans toutes les pièces l'une après l'autre et que l'odeur a déjà disparue quand il revient dans la première. Mais pourquoi je pense à ça moi ? Enfin bref !

Ma main serrée sur les feuilles de papier, je sonne à la porte. Elle s'ouvre presque tout de suite, et c'est mon copain Baltou qui est là. Il a l'air surpris de me voir, mais en même temps peut-être que j'aurais dû l'appeler avant de venir. Paraît que ça se fait. Alors qu'il commence à ouvrir la bouche, je lui explique la raison de ma présence.

"Ah, Baltou, t'es là ! Merci, c'est sympa de me recevoir, même si t'étais pas au courant ! J'ai besoin de ton aide ! Voilà, je t'explique : j'ai reçu un script pour un casting là, c'est un gars qui a des trucs à dire à son père, et j'y arrive pas, j'y arrive pas ! D'habitude je suis à l'aise hein, tu me connais, mais là impossible de me glisser dans le personnage ! J'ai jamais parlé à mon père moi, d'ailleurs je sais même pas s'il est encore en vie, du coup c'est pas naturel quand je récite ! Je le sais, je me suis filmé pour voir, tu sais les caméras en exposition dans les supermarchés où on se voit sur les télés en même temps. C'est pratique hein ? Enfin bref, je me suis filmé, et ça fait pas naturel ! Tu peux m'aider à travailler le rôle s'il te plaît vieux, s'il te plaît ? Je sais que t'as sûrement mieux à faire, mais tu m'enlèverais une sacrée épine du pied ! T'as vu, j'ai dit "épine", j'ai pas oublié le "é". Merci vieux, t'es super, je te revaudrai ça !"

J'entre alors dans la maison, alors que Baltou n'a toujours rien prononcé. La pudeur de cet homme est admirable.

"Tu veux venir t'installer au salon ? On sera sûrement mieux. Je te prépare un petit truc, un thé, quelque chose, pendant que tu te mets à l'aise ?"