Une famille explosant sous le rejet paternel

Un beau matin de printemps, l'air frais mais sec alors que le soleil peine malgré tout à réchauffer l'air.. Un matin idéal pour plonger un regard dans le passé et le parcours entrepris... Alors me voilà, assis sur un banc, quelques photos entre les mains que je regarde en prenant mon temps pour chacune. Je tente de me rappeler les souvenirs qui leurs sont liés. Quelques dessins complètent ce petit tableau imagé, des dessins de détails que je refuse d'oublier et que je sais être importants.

La première date un peu. Une femme visiblement fatiguée par l'effort, un petit être dans les bras, le père, sourire fier non pas à  sa femme, mais à l'enfant endormi paisiblement.. J'ignorais alors tout ce qui arriverait ensuite. Et n'en garde évidemment aucunement le souvenir.. Mais ce jour là fut celle de ma naissance.

C'était au printemps 1993. L'accouchement ne fut pas difficile, aux dires de ma mère, qui en était alors à sa seconde grossesse. J'avais une soeur de 3 ans mon aînée. Elle est là, sur la photo, de l'autre côté du lit. On aurait pu alors penser à une famille unie.. Mais c'était un peu plus compliqué que cela. Ce jour là, ils m'ont donné le prénom de mon arrière grand père "Keijo".. Un lourd héritage difficile à porter, mais pour la satisfaction de la famille, je faisais mon maximum en grandissant pour en être digne. Je fus bien aveugle, les années passant pour ne pas voir le traitement réservé à Reija ainsi qu'à notre jeune soeur, née quelques années après moi.. Reija était l'aînée, mais souvent silencieuse et discrète, serviable mais réservée. La seconde était au contraire bien plus animée, cherchant toujours plus l'attention de nos parents qui ne tarissaient pas d'éloges à mon égard uniquement, quand ils voyaient mes notations diverses. Au début, je tentais de leur dire que non, je n'étais pas le meilleur, la preuve, mes soeurs avaient alors de bien meilleures appréciations. Mais rien n'y faisait. Et l'on me demanda même de ne pas sans cesse me comparer à elles deux.. Non. Je ne voyais rien de tout cela. Quel idiot.

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Je passe à un dessin, cette fois. Reija que j'ai dessiné devant un miroir,  assise en tailleur. Dans son reflet, un porc-épic se tient sur ses genoux, confortablement installé.. Une scène imaginaire, mais que je voulais ainsi immortaliser... Seul indice de ce qui survint ce jour là..

Ce jour là, Reija était rentrée avec une amie. Je pensais qu'elles allaient réviser ensemble. Pourtant, la situation était tout autre. Je n'ai pas capté le problème, quand je la vis prendre la main de son amie dans la sienne, lui décochant un sourire... Mais le brusque départ de notre mère dans la cuisine, comme choquée, la véhémence de notre père contre un tel comportement contre nature.. Je commençais à saisir le hic.. Elles s'aimaient.. Hmm en effet, quand on était élevés dans un milieu où la religion était profondément ancrée.. Ca faisait diablement tâche qu'une jeune fille puisse en aimer une autre... Reija alla voir notre mère, je ne vis pas leur échange, mais au regard de notre génitrice, l'information ne passait pas. Et ce rejet catégorique, ce trop plein d'émotions.. Ma discrète soeur fut terrassée par une douleur visiblement inouïe. Tous s'écartèrent.. Pour voir dans le tas de vêtements une étrange bestiole au dos tout orné de piquants. J'ignorais ce qu'était cet animal et concevait avec peine qu'elle avait été ma soeur juste un instant avant... Ce jour là.. Elle se révéla être une Animorphe, une histoire que tous avaient oubliés, un secret emporté dans la tombe d'un aïeul n'ayant jamais rien partagé de sa nature, mais qui avait eu le temps d'avoir une descendance qui jusque là était uniquement humaine... Pourtant les gênes semblaient avoir bel et bien voyagés, dissimulés dans notre ADN pour se révéler en ce jour..

Terrorisée, elle alla se réfugier dans sa chambre, la demoiselle l'accompagnant, choquée et blessée par les piques qu'elle avait reçu malencontreusement fut amenée à l'hôpital pour qu'on la prenne en charge. On ne me dit rien, si ce n'est de regagner également ma chambre, et de ne surtout pas tenter d'aller voir Reija. Sans mot dire, je m'éclipsais donc et ce sans même hésiter devant la chambre de la grande soeur. Je savais qu'ils me surveillaient, pour je ne savais quelle raison.

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Le lendemain se passa comme tous les matins, je ne m'étonnais pas de l'absence au petit déjeuné de Reija. Elle était au lycée, ses horaires étaient largement différents des miens. Et la journée se passa sans incidents. Au soir, mon père était devant l'entrée du collège, m'attendant pour me ramener à la maison. Il en profita pour faire une rapide mise au point qui ne souffrait d'aucune velléité de discussion, même si je le tentais mollement. Il me dit que Reija était "morte", de ce ton qui ne trompait pas sur sa colère. Et que les serrures avaient été toutes changées. Un projet immobilier, changer de maison, dont aucun de mes parents n'avaient eu la bonne idée de partager avec nous. Alors je lui rendis les clefs inutilisables désormais.

Et quand j'eus l'audace de tenter d'en savoir plus sur ce qu'il s'était passé... Elle était bien en vie la veille non? Ses mains se serrèrent sur le volant. Je sentais comme de l'électricité dans l'habitacle de la voiture... Et son argument imparable "Le sujet est clos. C'est déjà assez difficile pour ta mère, tu veux vraiment remuer le couteau dans la plaie, qu'elle souffre davantage d'entendre ressasser tout ça? Ta soeur est morte. Et ne t'avise pas d'en reparler."

Quand il était aussi sec, ce n'était pas la peine d'insister non. Alors je sortis de la voiture lui promettant de me taire. Je tus aussi mon chagrin. Un garçon, ça ne pleure pas. Je n'avais pas envie qu'on me rabroue de laisser ma peine se voir. Mais je devins silencieux, un peu distant, le temps de digérer l'information. Et de voir que ladite maison dans laquelle on emménagea un peu plus tard.. Avait une pièce en moins. Quelque chose clochait... Mais si ça titillait mon instinct, cela fut vite relégué dans l'oubli. Je n'avais pas le temps de réfléchir, entre les cours, les devoirs. Les parties de jeu d'échecs ou l'apprentissage du violon et du solfège en passant par l'équitation. Des semaines bien remplies pour l'adolescent que j'étais. Mon père avait choisi l'activité accrue, pour ne pas me laisser aucun moment de répit à ruminer et à m'interroger. Il avait toujours été contre l'oisiveté. Mais je n'y songeais pas alors.

Mais une fois seul dans ma chambre, j'avais pris mon nécessaire à dessiner pour faire ce portrait que je voulais apaisé, joyeux. En classe, j'avais pu aller chercher dans des livres animaliers, et me renseigner sur cet animal. Il me semblait adéquat pour l'esprit acéré de ma soeur... Et passé le premier moment de surprise de cette découverte inattendue.. Ne manquait pas de charme à être admiré. Un souvenir joyeux, aux teintes grises et d'ombres des crayons graphites. J'avais aussi pu sauver quelques photos de Reija, quand mon père au soir même de m'avoir apprit la nouvelle, entreprit de tout brûler. Plus aucune trace de la soeur aînée n'était tolérée dans notre maison, dans leurs mémoires. Mais moi, je refusais d'oublier. Ca non.

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Nouvelles esquisses. Une chasse... Et une proie. Je ne voulais pas oublier..

Notre père était fin chasseur, comme la plupart des nôtres, sur je ne sais combien de générations. Et comme eux tous.. Il a fallu m'en montrer digne. Mon Père voulait m'éprouvait, après cette nuit étrange et brutale. Il voulait m'endurcir. Alors il m'amena avec lui.. Et ce fut à moi de choisir une cible, et de l'attraper... Un peu tremblant en visant, le souffle court.. Je fis feu.. Et mouche. Le chevreuil s'abattit lourdement. Et on put le ramener à la maison, pour le préparer à cuisiner. Ce jour là, je pris une part active aux étapes de préparation de notre proie. Mon père voulait que l'on sache s'y prendre, du début à l'assiette. Mais je n'oublierais pas avoir pris une vie, ce jour là.. Ca ne me plaisait pas. Mais je fis par la suite bonne figure, tâchant d'avoir la main sûre.

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Un autre dessin défile, cette fois, un cheval blanc, à la morphologie puissante. Un pur sang espagnol.. Fier, altier. Endurant et doux. Ma propre forme.

C'était en 2008. Du haut de mes 15 ans, j'étais parti faire un footing matinal. M'éloignant des routes fréquentées, je m'étais dirigé vers des zones plus désertes. Envie de respirer, courir sans voir personne. Le long du chemin se trouvaient des herbages occupés par des chevaux curieux qui se rapprochèrent des barrières, se mettant à bientôt galoper comme pour m'accompagner. C'était une sensation grisante, je fonçais, sprintant au maximum.

Mais brusquement je fus stoppé par une douleur insupportable. M'étais-je claqué un muscle dans ma folle course? Je tombe à terre sans avoir à penser à quoi que ce soit et un instant plus tard, c'est un fier étalon qui prend lieu et place du jeune homme écroulé au sol. Il m'arrive la même chose que ma soeur.. Très vite le processus s'inverse. Je ne le contrôle pas. Comme si ça ne faisait que s'éveiller, se révéler. Pourtant, j'ai pu me mirer à un abreuvoir non loin. Un beau destrier.. Une fois revenu moi, je m'empresse de remettre mes vêtements. J'ignore comment je me sens, en cet instant. Vu la véhémence de nos parents, je crains leur réaction s'ils venaient à le découvrir, alors je me tais. Je le garde pour moi et plonge d'autant plus dans la pratique de l'équitation.

Je faisais piteuse allure en rentrant. La transformation n'a pas été sans dommage pour mes vêtements. Je prétextais une rixe quelconque, si ma mémoire est bonne, et  je fus bon pour quelques remontrances et l'ordre de me rendre présentable, de me débarrasser de ces haillons. Soit. J'en avais été soulagé. Honteux de ne pas avoir le cran de leur dire la vérité. Lâche peut être, de préférer ainsi préserver tout le monde.. Mais je ne tenais pour rien au monde à les décevoir. Le souvenir de leur rejet de mon aîné ne me quittais alors pas, vivace et terrible en mon esprit, je ne vivrais pas cela. Je ne leur ferais pas cette affront. Eux me crurent.. Mais je sentais parfois le regard insistant de ma jeune soeur. Comme si elle doutait de mes allégations. Il me fallait être prudent. Que ne ferait-elle pas pour un peu de reconnaissance paternelle et ne plus être dans mon ombre? Quelque chose s'était brisé entre nous. Rien n'était plus comme avant.

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Une nouvelle photo remplace le dessin de l'étalon blanc. Un jeune homme présent à une cérémonie. Une remise de diplôme... La liberté approchant, et les  efforts récompensés.

Nous voilà rendu en 2012. Agé de 19 ans, je décrochais alors le Bac avec Mention Très Bien. Un sésame des plus précieux pour la suite. Certains de mes camarades s'arrêteraient là. Mais moi, j'avais l'envie de continuer. La passion d'apprendre. Je me dirigeais ainsi vers tout un cursus de Licences, de Masters. En langues, comme le Français, l'Anglais, un peu d'Allemand, aussi..) et Commerce International. Pour le besoin de bouger, mettre en avant mes compétences. Vivre intensément et avec passion un emploi qui me plaisait vraiment. Et qui miracle, convenait aussi à mon père. Je n'avais pas eu besoin de négocier quoi que ce soit et la pression était un peu moindre en me voyant si volontaire à ne jamais compter mon temps et mes efforts pour parvenir à mes fins. Il me faudra 5 ans pour me former et décrocher les différents diplômes et autres certifications qui m'ouvriraient de nombreuses portes. Etre souvent au loin, dans d'autres pays, cela m'apporta aussi une certaine sérénité. Je n'avais pas besoin de faire tant d'effort pour cacher ma nature et ne pas éveiller leurs possibles soupçons.

Durant ces études, je fis la connaissance d'un autre Animorphe qui devint une sorte de mentor. Nous devinrent amis proches. Avec lui, pas besoin de me cacher. Il m'apprit beaucoup dans l'acceptation de ma nature. Et comment l'apprivoiser, être en harmonie avec tout cela. J'étais heureux, et non plus seul avec mes doutes et mes expériences parfois foireuses.

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Je passe à la suivante. Le paquet est presque revenu à la première. Je n'en ai que quelques unes, pour résumer un parcours prenant, fait d'embûches, de silences, de réussites et de peines.. Celle là est assez récente, deux ans, bientôt trois, pas plus. La fin des études, le début de la vie active et professionnelle.. Que de chemin parcouru..

Une année intense, durant laquelle j'eus vraiment l'impression que 24h ne seraient jamais assez en une journée pour boucler ce parcours. Mais j'y parvins haut la main, parmi les premiers de ma promotion en prime. De quoi faire honneur à mon nom, de l'avis de mon père... Encore et toujours à me vouloir à la hauteur de notre aïeul.. Il s'évertuait à me nommer de ce prénom qu'il m'avait imposé "Keijo" quand tous mes amis, mes professeurs.. Me nommaient Ismael. J'avais tenté vainement un jour de lui faire voir mon point de vue, mais j'avais vite cessé. Sur ce point, je n'étais pas des plus courageux. Je pouvais le battre aux échecs. Mais lui tenir tête.. Non. Alors je postulais dans les entreprises dans lesquelles j'avais effectué mes stages. Une me prit rapidement, connaissant mon travail.

Mais depuis début 2022 je n'y suis ayant démissionné. Mes aspirations et objectifs évoluent. Je veux arpenter une nouvelle voie. Me découvrir et m'épanouir sans contraintes ni oeillères. Et puis... Comment mener pleinement les recherches sur mon aînée avec de tels horaires... Il m'a fallu faire des choix, qui m'amènent en d'autres voies jusqu'alors peu explorées.. Que vais-je découvrir?

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L'avant dernière photo, sobre et un chouilla réservée. Ma mère et moi, dans des atours sombres de rigueurs. Bien la première fois que l'on me verra ainsi, sans mes costumes clairs habituels. Mais le noir est quelque peu exigé dans de telles circonstances. Pour ma mère endeuillée, je fis cet effort sans mot dire...

Juillet 2020, un jour d'été où le soleil ignorant nous couvre de sa clarté et accompagne un ciel d'azur joyeux. Loin de l'austérité et du recueillement nécessaire à un enterrement... J'étais alors de retour chez mes parents, négociant de pouvoir me mettre en télétravail pour aller veiller sur eux. Je me charge des courses, de leur donner un coup de main. Mon père est malade, affaibli. Et déjà échappé à un AVC. Une partie d'échecs comme tant d'autres.. Et le voilà secoué d'un spasme de douleur, les pièces tombent et je me précipite, appelle les secours aussitôt. Lui se plaint d'une douleur dans la poitrine, le bras. Une attaque foudroyante. Ma mère et moi l'épaulons, nous sommes là. Les secours arrivent, mais ne peuvent rien faire, son état se dégrade malgré leur attention. Au moins est-il chez lui, entouré des siens et non seul dans un lit stérile d'hôpital... Je lui promet d'être fort, pour maman et ma petite soeur. Nous sommes là l'entourant.. Je serais toujours là pour elles deux. Autant que possible. Il peut aller tranquillement. Et je tiens parole. Les démarches, les papiers, je prend toutes les démarches en main. Que mère puisse se reposer, reprendre contenance en paix. Je ne suis pas seul dans ces démarches. Même si nous avons des différents.. Ma soeur et moi effectuons ces démarches à deux. Elle qui voulait briller aux yeux d'un père indifférent.. Peut prouver qu'elle est capable d'assumer une charge pas si aisée à porter. Mais le coup est dur, le vide de sa présence laisse une place étrange en notre maison. Certes j'ai de la peine, mais.. Il y a aussi comme un quelque chose de différent, sur lequel je ne sais mettre de mot pour l'instant.

Le jour des funérailles arrive. Nous sommes tous les trois de noir vêtus, comme de rigueur. Visage fermé, je ne pleure pas. Depuis le temps, j'ai appris à ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Pas en public, du moins. Mais mes mâchoires serrées prouvent que je ne suis pas pour autant insensible. J'écarte les curieux, tente de détourner l'attention des grands parents trop insistants sur leurs questions. Qu'ils laissent ma mère et ma soeur tranquilles un peu..

Ceux qui sont venus quittent le cimetière après un dernier mot de réconfort. Qu'ils désertent la place me fait du bien, cela devenait pénible de supporter leurs remarques. Et là, face à la pierre fraîchement gravée du nom de mon géniteur, une idée me vient, subitement. Remontant à la surface d'un souvenir trop longtemps refoulé... Alors je me détourne, allant voir le Prêtre officiant à l'Eglise où nous nous rendons depuis toujours, lui demandant s'il y a une autre tombe au nom de famille similaire, remontant à 14 ans plus tôt. La réponse fuse. Non. Personne, ça ne dit rien au Prêtre. Je le remercie et retourne auprès de mère, ne voulant le déranger plus, et nous rentrons ainsi chez nous.

Je.. J'avais l'esprit en ébullition. Depuis ce fameux soir, mon père m'avait dis qu'elle était décédée.. Mais n'avait jamais voulu s'appesantir sur les causes... Et si.. Si elle n'était morte qu'à ses yeux seulement, un père reniant toute existence de son aînée pour l'affront qu'elle lui avait fait? C'était faisable... Totalement plausible en  repensant. Mais le faire vivre, croire à toute la famille? Mais pourquoi?

Je ruminais ainsi quelques jours. Et mes doutes furent levés par ma mère qui m'appela à la rejoindre au salon. Ca, c'est parce qu'elle avait quelque chose à me dire d'important. Ma soeur n'était pas là, occupée en d'autres lieux pour la journée. Mère et moi n'étions que tous les deux. Alors m'asseyant à ses côtés pour l'écouter, elle me révéla enfin la vérité. Que mon père l'avait simplement bannie de notre vie. La rejetant totalement, disant ce mensonge aux grand parents qu'ils ne l'aident pas.. Ainsi elle le savait. Depuis le début.. Et n'avait rien fait? C'était trop, en cet instant. Mais cela me prouvait que je ne pouvais pas avoir totalement confiance. Qu'elle me dise Reija en vie d'accord. Mais si elle n'avait pas repris contact, c'est qu'elle ne le supportait pas plus qu'à l'époque. Alors je fis la seule chose qui me paraissait à faire, je me tus. Autant éviter de le lui dire, si elle ne voulait pas y croire... Et... N'étais-je donc le seul à ignorer la vérité? Etait-je le seul à le croire? Notre petite soeur savait-elle ce qu'il c'était passé? Un énorme doute me vint, que je ne pouvais taire.

La seule chose qui me vint en tête à cet instant.. C'était de tout envoyer valser. La famille rigide et ses principes... La religion.. Comment tout cela avait pu arrivé... Et retrouver Reija. C'était important que je la retrouve, la vois de mes yeux. Savoir qu'elle allait bien... Et m'excuser... Elle devait sans doute ignorer que notre père était mort... Mais en repensant aux années passées.. Ca lui ferait sans doute une belle jambe de l'apprendre.. Quels idiots..

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Un dessin rajouté récemment à mes archives, représentant mon âme lié.. Ce bel homme rencontré au détour d'un calepin à dessins égaré.. Qu'il doit toujours avoir, d'ailleurs

Si l'on m'avait dit un jour que ma chanson de coeur se compléterait de cette manière,  se retrouverait sur la peau d'un homme.. Je n'y aurais sans doute pas cru. Pourtant.. Il m'ouvre à de nouvelles perspectives. Que je n'aurais jamais soupçonnées. Je suis en général sûr de moi mais avec lui. Est-ce son attrait naturel, son aura de prédateur? Je l'ignore. Mais je veux arpenter cette voie. J'ai tant à découvrir. Sur lui, sur moi.. Sur nous deux.

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En dernier, une photo de nous deux, le frère et la soeur, durant les temps d'insouciances. Une promesse que je m'étais faite en apprenant la vérité. Je la retrouverais. C'était certain. Je refusais de penser à la perdre comme à nouveau..

Nous sommes maintenant au Printemps 2022, tout juste commencé. Depuis l'annonce improbable de ma mère, j'écume la ville, les annonces, les registres  divers. Toute piste est bonne à prendre pour remonter la trace de mon aînée. Montréal est immense.. J'espère l'y retrouver. Ces recherches, je les fais seul. Je tente de suivre les publications insolites sur les réseaux sociaux à la recherche d'un porc épic apparaissant, pourquoi pas, sur la toile. Mais ça, je le taisais. Dans mes mains, juste des photos de nous enfants. Rien que nous deux, sans la plus jeune. Un portrait d'elle que j'avais tenté de vieillir numériquement pour voir à quoi elle pouvait bien ressembler à 30 et quelques années également. Tant de temps.. Quel gâchis...

J'ai tant de choses à lui dire.. Si elle veut bien que l'on se retrouve.. J'espère plus que tout qu'elle va bien.